Faut-il une loi contre la souffrance au travail - L'Humanité
Rédigé par Arnaud Chancerelle le . Publié dans Dans les médias.
http://www.humanite.fr/Faut-il-une-loi-contre-la-souffrance-au-travail
Face à l’explosion des souffrances au travail, et devant le déni du patronat, les élus du personnel misent sur l’intervention du législateur, comme l’a montré un débat au Salon des CE.
« On est les esclaves des temps modernes. On travaille dans des zones de non-droit. Tous les jours, le droit du travail est bafoué », lance Cyril, délégué du personnel et responsable du comité d’entreprise dans une société de services informatiques (SSII), évoquant les humiliations subies au quotidien, les licenciements qui tombent sur les salariés « restés trop longtemps en arrêt de travail », la médecine du travail qui « n’existe pas »....
« Les suicides dans les SSII, on n’en parle pas », lâche-t-il, ému. Á France Télécom, les suicides, « ça continue. Onze depuis le début de l’année », enchaîne un autre intervenant. C’était il y a quelques jours, lors d’un débat sur les risques psychosociaux, organisé par le Salon des CE à Paris. ...
....Dans la salle, des élus de CE et de comités d’hygiène et de sécurité (CHSCT). Á la tribune, un expert, du cabinet Secafi, deux dirigeants syndicaux, Bernard Van Craeynest, de la CGC, Jean-François Naton, de la CGT, une députée, Marisol Touraine (PS). Deux heures d’échanges, qui confirment d’abord que la crise du travail continue ses ravages. ....
....Mais, plus que sur les causes du mal, facilement identifiées (au premier rang : des organisations du travail déshumanisantes), la discussion porte sur les moyens de l’endiguer.
Le législateur doit « nous aider à ce que l’ensemble du monde du travail ait les mêmes droits », souligne Jean-François Naton, après avoir rappelé que trois salariés sur quatre (PME, TPE) ne disposent d’aucun lieu de dialogue social — ni CE, ni CHSCT — pour exprimer ces problèmes. L’idée est avancée de mettre en place une nouvelle instance, des commissions à l’échelle de bassins d’emploi, pour ces petites entreprises....
Enfin, Jean-François Naton souligne la responsabilité propre du syndicalisme, appelé, dit-il, à se « transformer en profondeur » pour « en revenir à ses fondamentaux », en l’occurrence « la transformation des situations de travail ».