Time to move, Monsieur Lombard !
Rédigé par Fatima Hamadi le . Publié dans Economie et Réglementation des Télécoms.
Le 11 septembre 2009, l’acte désespéré d’une de nos collègues déclenchait une véritable tempête médiatique, et mettait douloureusement en lumière une crise sociale sans précédent dans l’histoire des entreprises françaises. S’enfermant dans un déni complet, Didier Lombard accuse alors les Organisations Syndicales d’avoir lancé la « mode des suicides ». Accusations relayées en interne par de nombreux dirigeants de l’entreprise, y compris l’ACSED.
Mises en cause des cadres et de la culture d’administration ou polémiques sur les statistiques sont autant de procédés indignes que la Direction utilise pour justifier la crise.
Les magazines Challenges et Marianne racontent ainsi comment Didier Lombard, à la veille des élections des représentants du personnel au Conseil d’Administration, fait appel aux services de l’officine Vae Solis, pour déstabiliser la CFE-CGC/UNSA et SUD, mettant en cause la probité de ses dirigeants, pour l’une, et accusant l’autre d’avoir trafiqué les lettres de suicidés.
La CFE-CGC/UNSA a porté plainte pour délit d’entrave et abus de bien social contre X, et demandé l’annulation des élections.
Un temps, Didier Lombard réussit à faire croire aux autorités gouvernementales qu’il a la situation en main, notamment grâce à la signature de l’accord senior par la CGT fin novembre. Il faut attendre le rapport accablant de Technologia le 14 décembre (rapport qui confirme les travaux de l’Observatoire du stress et des mobilités forcées) pour que les pouvoirs publics prennent conscience de l’ampleur du désastre social.
Un bilan industriel et social calamiteux...
En cinq ans France Télécom est passé de la 3ème à la 7ème place dans le classement mondial des opérateurs de télécommunications. La part de marché sur les nouveaux clients est au plus bas.
L’action a baissé de plus de 30%. Les emplois ont été massivement détruits : 30 000 en 5 ans. Au-delà de France Télécom, c’est toute la filière qui est en berne. Alcatel, Sagem, Thomson... (dont France Télécom est pourtant l’un des principaux clients), sont au plus mal. Quel camouflet pour celui qui a fait sa carrière de fonctionnaire au Ministère de l’Industrie!
...et une politique financière obscène
Quelques privilégiés échappent à ce désastre industriel et social. Si la distribution de 25 millions de stocks options aux plus hauts cadres apparaît aujourd’hui, effondrement du cours oblige, comme un attrape gogo, il leur reste quand même 6 ans pour en tirer profit. Les écarts entre les plus bas salaires et les plus hauts ont augmenté de plus de 15% ! Les bas salaires ayant été mis à la retraite, l’enrichissement de ceux qui perçoivent les rémunérations les plus élevées est d’autant plus indécent ; en 2009, le salaire de Monsieur Lombard est de 1,6751 million d’euros (+59% par rapport à celui de 2004)! Enfin, le dividende versé au titre de 2009 (1,40 % par action) est près de trois fois celui de 2004 (0,48%), et surtout... supérieur aux bénéfices de l’entreprise (1,13 % par action) !
Une nouvelle direction qui ne suscite pas l’enthousiasme
Conserver Didier Lombard à la Présidence de France Télécom est préjudiciable financièrement à l’image de notre entreprise. Et le maintien des principaux responsables de la crise sociale ne va pas faciliter la reconstruction avec les personnels de l’entreprise. Au-delà des propos engageants de Stéphane Richard, il reviendra à la « nouvelle » équipe dirigeante de mettre en oeuvre le « droit d’inventaire » que ce dernier réclame. La crise est loin d’être terminée. Certes, la justice va se saisir de la violence sociale qui s’est manifestée pendant 5 ans, mais les dégâts causés au personnel ne pourront être réparés que plusieurs mois après le changement effectif de leur quotidien.
La CFE-CGC/UNSA milite pour un véritable projet où la stratégie industrielle prenne le pas sur les stratégies financières de court terme, permettant à la fois de mobiliser les équipes pour dépasser la crise sociale, de garantir la pérennité de l’entreprise... et, enfin, de partager équitablement les bénéfices entre les personnels et les actionnaires.
Élections à NRS (Orange Business Services).
Les 2 000 salariés ont choisi : la CFE-CGC/UNSA réalise 42% des voix tous collèges confondus.
Elle devient la première organisation, et conforte sa première place sur l’activité « Entreprise » de France Télécom-Orange.