Résultats Orange T3 2024 : sans surprise ! (par rapport aux trimestres précédents)

« Nos résultats du T3 2024 démontrent solidité et équilibre entre volume et valeurs » … voilà le résumé affiché par Orange.

Pour la CFE-CGC Orange, au contraire, ces résultats « en ligne avec les attentes des Marchés » cachent une évolution du malaise et du mal-être au travail, un marché saturé, et une grande inconnue quant à la stratégie de croissance du Groupe.

Le 24 octobre dernier, Orange a publié les résultats du 3ème trimestre 2024, affichant une augmentation du Chiffre d’Affaires de +1,6% par rapport à la même période en 2023 (dont : +1,3% pour la France et -2,6% pour Orange Business, compensés par les +10,5% sur la Zone Afrique Moyen Orient). Le Groupe confirme être ligne avec ses objectifs « Lead the Future » … mais les investisseurs sont-ils, pour autant, rassurés ?  

Nous analysons ci-dessous quelques éléments saillants qui expliquent la demi-teinte des résultats des trois premiers trimestres 2024.

Houra sur les jeux Olympiques, mais …

Si la direction d'Orange a peu communiqué avant les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 (JOP), craignant une « mauvaise publicité en cas problème technique » (discours de Christel Heydemann du 18 septembre 2024), elle se félicite aujourd’hui du très bon déroulé, et souligne l’implication de plus de 1 000 experts techniques.

Mais qu’en est-il des retombées économiques de cette prouesse technologique ? Car les résultats financiers ne laissent rien percevoir.

Et comment ont été récompensés les personnels impliqués qui n’ont pas ménagé leur peine ?

La CFE-CGC Orange a d’ores et déjà exigé de l’entreprise :

  • Qu’elle présente un bilan complet de la période relative aux JOP 2024, aussi bien qualitatif que quantitatif
  • Qu’elle applique VRAIMENT les modalités de l’Accord sur les Jeux Olympiques et Paralympiques Paris 2024 (*)

(*) pour rappel, c’est par voie de référendum que la CFE-CGC Orange a exigé de l’entreprise l’application légale de l’Accord sur les jeux Olympiques et Paralympiques Paris 2024, en lieu et place d’une décision unilatérale, moins-disante.

Des résultats « en ligne avec la stratégie » … mais pour quel avenir ?

A l’issue de ce 3e trimestre 2024, le groupe Orange confirme sa stratégie de recentrage sur ses seules activités « cœur de métier », avec, pour objectif :

  • D’accroître le revenu moyen par offre (ARPO) via une hausse des tarifs, une maîtrise des coûts et de la qualité du réseau générant ainsi un EBITDAal en croissance
  • De discipliner ses CAPEX, en privilégiant la croissance externe, et d’améliorer le ratio dette nette/EBITDAal (2 fois en dessous. Pour rappel, le produit encaissé pour la création de MASORANGE au S1 2024 y contribue largement)
  • De recentrer ses activités autour du Core Business : les réseaux
  • D’augmenter le cash-flow organique des activités télécoms, pour atteindre au moins 3,3 milliards à fin 2024
  • De distribuer en 2025 un dividende à 0,75 €, avec un acompte de 0,30 € en décembre 2024 (contre 0,72 € en 2024) … dilapidant ainsi le cash-flow du groupe au détriment d’investissements d’innovation ou d’acquisitions pertinentes …

En revanche, la politique d’investissement du Groupe est en nette diminution, avec une baisse de 2,5% constatée sur 1 an (au T3 2024), alors que c’est aujourd’hui qu’il faut investir pour l’avenir du Groupe.

La CFE-CGC Orange, tout comme les personnels, s’interroge toujours sur la stratégie de croissance envisagée par le Groupe : Quels sont les nouveaux leviers de croissance ? Quelle est la stratégie d’investissement ? Quels sont les impacts sociaux ?

Zoom sur la France

Des réorganisations pour mieux maîtriser les coûts ?

Depuis le début 2024, le Groupe a décidé plusieurs transformations. Citons par exemple la réorganisation de la Direction Technique et du Système d’Information, ou celle des fonctions Ressources Humaines et Services de Santé au Travail. Mais pour quel résultat ?

La maîtrise des coûts n’apparaît pas dans les résultats trimestriels. Il semble en revanche que la réduction des personnels soit, elle recherchée, au détriment des conditions de travail.

La CFE-CGC Orange s’inquiète de l’ambition cachée de ces projets, visant potentiellement à réduire et/ou externaliser les effectifs dans ce que la direction qualifie de « centres de coûts ».

La CFE-CGC Orange rappelle que la dernière opération de réduction massive des effectifs (PDV chez Orange Business) n’a pour l’instant pas démontré son efficacité.

Croissance externe : au ralenti

La politique de remontée du dividende diminue les capacités d’investissement et obère la capacité du Groupe à se mettre sur les rangs pour saisir des opportunités permettant de consolider ses positions.

Ainsi, c’est Bouygues Telecom qui rachète La Poste Mobile, et l’Etat qui entre au capital d’Alcatel Submarine Networks, alors que l’activité de navires câbliers aurait pu renforcer Orange Marine, comme l’ont souligné la CFE-CGC Orange et l’ADEAS dès 2018.

Sur le marché entreprise, nous ne procédons plus à aucune acquisition dans la Cybersécurité. La cession d’une partie de nos activités d’IA, alors qu’Orange vient de lancer de nouvelles offres, est même envisagée !

Croissance interne : plus que limitée en France

Pour la France, le chiffre d'affaires France à la fin du 3ème trimestre 2024 s’élève à 13,2 milliards €, affichant une croissance de +1,3% sur un an… soit quasiment le taux d’inflation des prix à la consommation pour la période, que l’INSEE établit à +1,1% Cette croissance quasi-nulle reflète une baisse limitée des services aux opérateurs, compensée par la hausse des tarifs du dégroupage, appliquée depuis le 1er janvier 2024.

Marché Grand Public

Le chiffre d’affaires des services résidentiels (Retail) croît de 2,8% sur un an : au S2 2024 l’augmentation de 3 € des forfaits « Mobile subventionnés » et « OPEN » booste cette croissance mais la pression sur les prix est permanente et l’ARPU continue de baisser (-0,5 € vers fin T3 2024).

Seul l’ARPU très haut débit augmente de 1,4 €.

Orange, tout comme les autres opérateurs doit faire face au même enjeu : reconstituer ses marges, sans augmenter démesurément ses tarifs … le « quoiqu’il en coûte » sur les tarifs est derrière nous.

Les boutiques : depuis plusieurs années, Orange déroule sa stratégie sur les boutiques, en remplaçant les boutiques de centres-villes par de grandes boutiques dans les centres commerciaux, trop souvent éloignées des clients et des accès en transports publics.

Zoom commercial opérationnel 

Les ventes nettes du 3ème trimestre 2024 sur le Mobile s'élèvent à +83 000 et le taux de résiliation reste modéré à 13,8 % malgré le challenge omniprésent de Free ; le parc de clients Mobile au 30/09/24 s’élève à 21 millions dont 10,7 millions Mobile seul.

La perte d’abonnés au Haut Débit Fixe est jugulée à fin T3 2024 avec une hausse du parc de 39 K clients versus fin T3 2023 grâce aux ventes nettes ADSL du trimestre : +6 000 et ventes nettes Fibre +259 000.  (à noter qu’à la fin du T3 2024 39,5 millions de foyers sont raccordables à la Fibre Orange ; et que le parc Orange est de 12,3 millions de clients résidentiels) ; de nouvelles offres dont l’offre TV subventionnée devraient permettre de contribuer à la stabilisation de notre parc.

Marché Entreprises

Les ambitions du marché Entreprises, hors Cybersécurité, sont limitées à un plan de redressement pour réduire la diminution de l’EBITDAal.

Pour autant, Orange met en œuvre des programmes d’amélioration. Citons par exemple :

  • Amélioration des délais de production pour le raccordement fibre
  • Amélioration de la visibilité du process commande-livraison bout-en-bout, grâce à l’arrivée prochaine d’un nouveau SI

A ce jour, les efforts ne sont pas suivis d’effet : les ventes enregistrées pour l’activité « fixe » continuent de baisser.

La CFE-CGC Orange s’inquiète sur la possible pression sur les personnels (en front et back), alors que le PDV (plan de départs volontaires) a durablement plombé les équipes.

  • La CFE-CGC Orange interpelle la direction sur la pression imposée aux personnels, et sur les réorganisations qui se succèdent depuis 2 ans et font perdre le sens au travail

  • La CFE-CGC Orange et l’ADEAS plaident pour un dividende modéré à 0,5 € maximum par action, pour que l’entreprise privilégie l’investissement et l’amélioration du pouvoir d’achat des personnels

Orange est-elle réellement audacieuse sur sa stratégie de croissance, attentionnée vis-à-vis de ses personnels et respectueuse de leur travail ?

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