"Time to Move" ou "Bouge de là"
Au-delà du simple changement de poste, il est souvent question d’un changement géographique dont les conséquences humaines et familiales sont lourdes.
La réussite de ce processus est dans la cassure du lien social. La rotation des managers les empêche d’établir un lien social avec leurs subordonnés, créant ainsi une meilleure capacité pour la Direction à faire exécuter ses directives les plus violentes. Transfert d’un service, fermeture de site, ou diminution des effectifs s’effectuent ainsi sans que le manager se joigne à la contestation des personnels impactés.
L'utilisation de l'anglais est propice à l'élaboration de slogans lapidaires. L’injonction "time to move" est lancée à tout cadre occupant son poste depuis au moins trois ans. Elle lui signifie qu'il est temps de changer de poste. Au nom de quoi, et pour quoi faire ? Les réponses ne sont pas fournies avec le slogan.
Ce mot d'ordre dogmatique fait table rase des mérites, des compétences, des efforts accomplis et pire encore de l'utilité et du sens du travail des salariés.
Bien faire son travail, avec constance, devient même un défaut, vu qu’il est alors plus compliqué de vous faire « bouger de là ». Le plus simple est donc de ne pas fournir d'explications.
Pour être conforme au modèle érigé par France Télécom-Orange et être jugé performant, il faut accepter d'être un pion que l'Entreprise-Reine déplace, déracine, délocalise, démet où elle veut et quand elle le veut selon son bon plaisir. C'est la mobilité forcée.
Aimer son travail et continuer à le faire bien est donc devenu un acte de résistance ! Pour une entreprise obsédée par la réduction du nombre de salariés, qu’elle considère uniquement comme une charge, c’est inadmissible.
Résister, c'est contribuer à la lutte contre le rôle de destructeur d’emplois que s’est donné la Direction !
