La direction annonce 380 embauches et prévoit 14 000 départs sur 3 ans !
Rédigé par Hélène Marcy le . Publié dans Communiqués de Presse.
La Direction de France Télécom a choisi la stratégie de l'enlisement dans les négociations en tronçonnant les négociations en 5 ou 6 chantiers sans pour autant ouvrir les discussions sur les sujets de fond.
Les « mesures » annoncées sont stupéfiantes : 380 embauches de CDI d'ici la fin de l'année alors que Didier Lombard annonçait dans le Figaro du 17 octobre 14 000 départs sur 3 ans.
Quant aux autres mesures, elles avaient déjà été annoncées auparavant. Elles sont imposées par l'Inspection du Travail ou la Loi :
- le remplacement des objectifs individuels par des objectifs plus collectifs avaient déjà été annoncés,
- les restructurations étaient déjà gelées jusqu'au 31 décembre. Dans un courrier, envoyé le 2 octobre à M. Lombard, l'inspectrice du travail chargée d'une enquête, au niveau national, sur les 24 suicides en moins de deux ans, indique qu'il "semblerait raisonnable de suspendre les réorganisations, restructurations (...) jusqu'à la restitution par le Cabinet Technologia de ses conclusions".
- les pauses de 10 minutes toutes les deux heures correspondent aux obligations légales du travail sur écran (art L4542-4 et decret 91-541)
Une nouvelle fois la CFE-CGC/UNSA réclame une négociation sur les véritables sujets à l'origine de la crise sociale que traverse France Télécom-Orange : les perspectives d'emploi et le projet industriel. Elle milite pour un « Grenelle Social » à France Télécom.
La CFE-CGC/UNSA constate que les mobilités forcées et les réorganisations continuent sans que la Direction soit en mesure de les arrêter. Le sentiment d'inutilité sociale n'a pas disparu.
Ainsi ces derniers jours, il a été annoncé que le site de Marmande consacré au 118712 va être fermé et les salariés transférés au 1014 d'Agen. Dans le même temps France Télécom se prépare à ouvrir un Centre d'Appels à Dakar pour la même activité.
La CFE-CGC/UNSA demande à la Direction de France Télécom de prendre la pleine mesure de ses responsabilités.
Les salariés attendent des gestes forts, qui permettent de tourner le dos à une logique de court terme, au profit d'un vrai projet industriel et collectif. Elle demande trois mesures fortes
Pour les salariés :
- Une mesure d'âge qui permette à ceux qui ont plus de 57 ans de partir dans des conditions honorables. La Direction n'est plus capable d'offrir des conditions de travail décentes à des milliers de salariés, qu'elle en tire toute les conséquences ;
- Le respect du statut des fonctionnaires d'État, dont les droits doivent être préservés et les carrières garanties.
- L'arrêt définitif des mobilités forcées pour ceux qui ont plus de 50 ans. La Direction doit prendre la mesure des situations sociales individuelles.
- Une véritable politique de recrutement (et non des contrat d'apprentissage) qui permette de remplacer les partants et rééquilibrer la pyramides des âges.
Pour l'entreprise :
- L'arrêt d'une politique uniquement basée sur la réduction des coûts, où les personnels ne sont plus considérés que comme une charge, et qui abîme l'image de notre entreprise. Il faut au contraire permettre aux équipes de mettre en œuvre une offre de qualité, au bénéfice du service rendu à la clientèle.
- La reprise de l'investissement dans les réseaux du futur, tels la fibre, afin que l'entreprise reste au top niveau de la technologie et puisse préparer les services de demain qui assureront sa pérennité.
La CFE-CGC/UNSA demande aux actionnaires
- La baisse immédiate du niveau des dividendes (à 0,5 euros au lieu de 1,40 actuellement), qui saignent actuellement l'entreprise, au détriment de l'investissement et du désendettement. Cette baisse permettra une réduction des frais financiers de 150 millions d'euros par an. 150 millions c'est le coût de 3 000 emplois de sauver par an en maintenant le même niveau de bénéfice.
- L'arrêt de la distribution de stock-options, qui a dévoyé le management de l'entreprise : les yeux rivés sur les cours de bourse, les plus hauts dirigeants en sont devenus incapables de piloter l'entreprise en tenant compte du facteur humain.
La CFE-CGC/UNSA demande également à l'État de prendre toutes ses responsabilités dans l'organisation d'un marché des télécommunications qui profite à l'intérêt national, et notamment de légiférer sans attendre pour :
- Interdire les délocalisations à tous les opérateurs exploitant des ressources appartenant au patrimoine national, telles que les fréquences radios mises en concession au travers des licences 3G. Si une telle mesure s'applique à l'ensemble des opérateurs, il n'y aura pas distorsion de concurrence. Cela permettra en revanche de retrouver 15 à 20 000 emplois en France, particulièrement nécessaires en période de crise.
- Mettre en place un cadre réglementaire stable et réaliste pour le déploiement de la fibre, assurant aux entreprises qui prennent le risque d'investir qu'elles ne seront pas pénalisées.
Il faut permettre à France Télécom de faire ce qu'il a fait pour le déploiement de l'ADSL, et calquer l'organisation du marché de la fibre optique sur un modèle similaire. Ce nouveau réseau doit se mettre en place pour plusieurs décennies, il sera une infrastructure essentielle pour l'économie française : il ne doit donc pas être considéré comme le terrain d'expérimentation de modèles hasardeux.
La CFE-CGC/UNSA milite pour véritable projet
- où la stratégie industrielle garantissant la pérennité de l'entreprise prend le pas sur les stratégies financières de court terme
- où les bénéfices sont véritablement partagés entre les salariés et les actionnaires.