Séminaire automne 2024 : La géopolitique du numérique en question - extraits de l'intervention de Jean-Michel Valantin

La géopolitique du numérique en question 

Avec :

Jean-Michel Valantin, Docteur en études stratégiques et sociologie de la défense

Thierry Taboy, Référent fédéral Intelligence Artificielle CFE-CGC

Sébastien Crozier, Président de la CFE-CGC Orange

Une intervention et une analyse très pointue de l'état actuel de la géopolitique numérique et de la montée en puissance des technologies de l'Intelligence Artificielle dans le cadre des tensions internationales.

Quelques points à retenir : 

  1. Les États-Unis et la Chine : une domination technologique et géopolitique
    Les États-Unis ont investi massivement dans la cybersécurité et les infrastructures numériques (comme le data center dans l'Utah) depuis deux décennies, intégrant ainsi le numérique et le spatial dans leur appareil de sécurité nationale. Il souligne également l’émergence de la Chine comme acteur stratégique, qui emploie des méthodes distinctes, notamment via la cybersécurité et des "systèmes miroirs" d'infrastructures.
  2. L'influence américaine par le biais du "lawfare"
    Les lois extraterritoriales américaines jouent un rôle majeur et permettent aux États-Unis de maintenir leur influence mondiale via des contraintes juridiques sur des entreprises ou technologies américaines. Cet "hypersiège" place les entreprises et pays européens dans une position de dépendance vis-à-vis de la technologie et des lois américaines, limitant leur autonomie numérique.
  3. La montée en puissance de la guerre cognitive
    Avec des plateformes comme TikTok, des outils numériques influencent directement l’opinion publique. Ce phénomène de polarisation est utilisé pour manipuler et diviser les sociétés occidentales, notamment en Europe, via une "guerre cognitive." Des technologies comme le deepfake permettent également d'influencer les résultats électoraux en propageant de fausses informations, comme l’a illustré l’épisode en Slovaquie.
  4. La bataille des ressources matérielles et les enjeux de l’IA
    Les technologies numériques, en particulier l’IA, nécessitent des matériaux spécifiques (terres rares, cobalt, etc.) souvent traités par la Chine, ce qui rend l'Europe dépendante dans sa quête de souveraineté technologique. L'Europe se retrouve au milieu d’un conflit d’intérêts entre les États-Unis et la Chine concernant l’approvisionnement en matières premières.
  5. Perte d'influence de l'Europe dans les domaines stratégiques
    L'Europe a pris du retard sur des domaines stratégiques comme l'IA, la cybersécurité, et même les infrastructures de données. Ce retard pourrait mener à une perte totale de souveraineté numérique, laissant l’Europe à la merci des géants technologiques étrangers.
  6. Le rôle des villes intelligentes et l’influence de la culture américaine
    La montée des "Smart Cities" et des technologies américaines risque d’avoir un impact culturel sur les pensées européennes. Les données sont massivement traitées par des entreprises américaines, ce qui pourrait affecter la manière de penser des citoyens et entreprises européennes.

En conclusion, il y a urgence pour l'Europe de se "réarmer" technologiquement et de se protéger contre les menaces d’influence étrangère. Sans une réponse rapide et structurée, l'Europe risque de devenir un champ de bataille dans cette nouvelle ère de la guerre numérique.

 

Pour en savoir plus, visionnez l'intervention ci-dessus.

Retrouvez le dernier ouvrage de Jean-Michel Valantin dans les librairies : "Hyperguerre - Comment l'IA révolutionne la guerre"

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