Poursuite du désengagement européen: Orange enfonce le clou. Mais jusqu'où ?
Rédigé par Thierry Meurgues le . Publié dans Europe et International.
Ce 5 février 2015 sonnera désormais comme un pas significatif d'Orange vers le désengagement de ses activités en Europe. Au travers d'un laconique communiqué de presse, l'entreprise annonce avoir conclu un accord, conjointement avec Deutsche Telekom, visant à céder l'intégralité des parts détenues dans la co-entreprise Everything Everywhere à British Telecom, l'opérateur historique britannique de télécommunications. Certes, le Groupe nous a habitués ces derniers mois aux cessions d'actifs dans le monde, principalement en Europe, d'Orange Suisse fin 2011 à Orange Dominicana fin 2013, en passant par Orange Autriche en 2012 et des participations dans Sonaecom au Portugal en 2013. Mais cette nouvelle vente par Orange de l'un de ses actifs majeurs en Europe interpelle pour plusieurs raisons.
Au premier chef, le départ du territoire de naissance d'Orange, acheté 50 milliards d'euros en 2000 par France Telecom... et revendu aujourd'hui 16.7 milliards d'euros à British Telecom. Certes, la valeur de la marque demeure un actif du Groupe autour duquel il a construit au fil du temps une cohérence globale de ses produits et services, tous segments de marchés confonfus. Mais tout de même: tout ça pour ça, serait-on tenté de penser...
Ensuite, les activités dont Orange se sépare aujourd'hui représentent plus de 30 millions de clients mobiles, 6.5 milliards d'euros de chiffre d'affaire annuel, 580 boutiques et 13 000 salariés. Sur ce dernier élément chiffré du dossier, la CFE-CGC exprime sa plus vive inquiétude quant aux conséquences prévisibles sur l'emploi et s'interroge s'agissant de l'existence d'un volet soclal lié à la transaction, fort de l'expérience vécue en 2010 lors de la constitution d'Everything Everywhere où 1200 postes avaient été supprimés, motivant un courrier à l'intention de la Commission Européenne afin de dénoncer le vide juridique permettant les constitutions de co-entreprises (joint-venture) à 50/50 sans procédure formelle d'information/consultation des instances représentatives du personnel des parties prenantes.
Force est de constater que l'Exécutif européen, bien que récemment renouvelé, continue de faire preuve d'un laxisme incompréhensible, à l'heure où les Etats membres de l'Union Européenne déclarent à qui veut les entendre leur préoccupation s'agissant de la croissance économique et de l'emploi, s'évertuant à tout mettre en oeuvre pour relancer le Vieux Continent sur le chemin de la prospérité.
La CFE-CGC interpelle donc à nouveau les Commissaires européens au moyen d'un courrier adressé le 6 février 2015, élargi à MM. Macron et Rebsamen, respectivement Ministres français de l'Economie et du Travail, et dans lequel elle les exhorte à mettre un terme à ce déni de dialogue social, écartant les membres des Comités d'Entreprise Européens de tout processus d'information/consultation dans le cadre de telles opérations de constitution ou de cession de co-entreprises à 50/50.