Nouvel Environnement Travail
Rédigé par Francis HAMY le . Publié dans Conditions de Travail et Santé.
La direction du groupe Orange a lancé début 2017, sans concerter les organisations syndicales, le projet NEO, un projet d’envergure qui vise la mise en place d’un nouvel environnement de travail à Orange. L’initiative devrait concerner différents sites dont entre autres un grand projet de déménagement sur la région de Lyon. Celui-ci devrait impacter les conditions de travail de 3000 personnes et portera sur la création de nouveaux sites sur le territoire lyonnais (Lyon 2020).
Ce projet, piloté par la direction des bâtiments du groupe, a comme principal objectif la rationalisation des m2 (*) et la diminution drastique des charges tant locatives que du personnel.
Surfant sur les concepts californiens googolisants, Orange avec NEO nous promet des espaces partagés, « lieux remarquables », mutualisés, conviviaux, ouverts et dynamiques, des services de conciergerie… Pour une « expérience salariée » unique digitale et humaine (en miroir d’une « expérience client » unique digitale et humaine à laquelle nous contribuons tous en partie). Le plaisir et le bonheur au travail dans un environnement « enchanté », style club MED.
Un environnement de travail « ludique et de rêve » pour tous. En est-on si sûr ? Dans les faits, l’entreprise estime que tous les salariés ne seront pas au même moment dans les locaux, aussi il est prévu moins de positions de travail que de salariés. Nombre de collègues ne sauront pas le matin en venant au bureau s’ils auront une place pour travailler dans de bonnes conditions. Commencer la journée par un jeu de chaise musical c’est « ludique », on peut y voir aussi une mise en compétition des salariés et un encouragement à privilégier « la loi de la jungle », premier arrivé, premier servi. Par ailleurs on peut imaginer que ces situations vont contraindre des salariés à télétravailler, par force plus que par choix, ce qui les éloignera physiquement de leurs collectifs de travail, contribuera à leur isolement et à leur fragilisation.
La CFE-CGC a été la première organisation syndicale à identifier et à alerter jusqu’au Comité Central de Orange (CCUES), sur les risques liés à ce type d’organisation. Nous avons été les premiers, en mai dernier, à demander une négociation sur le sujet. Si le projet devait se concrétiser, le mieux étant encore de demander à mimima un accompagnement pour les salariés impactés.
La direction vient enfin de répondre à notre requête. Il y aura prochainement une journée de concertation NEO au cours de laquelle la décision sera prise de mener (ou non) une négociation collective d’entreprise – négociation que nous exigeons.
Le retour d’expériences concernant cette conception des environnements de travail, déjà mis en œuvre dans d’autres grands groupes du CAC 40 est alarmant. Il révèle une déstabilisation des salariés, une perte de repères et une plus grande fatigue des personnels. Dans ces univers, chaque journée de travail peut devenir une épreuve et on y observe un accroissement des arrêts maladie. L’inspection du travail dès 2014 associait à ces lieux une « charge mentale additionnelle conséquente ».
La CFE-CGC ne peut pas participer, dans ces conditions, à la co-construction d’un modèle source potentielle de souffrance.
(*) La norme toujours en vigueur, qui n’est pas respectée par Orange, est la NF X 35-102, elle recommande de façon précise les dimensions des espaces de travail en bureau et un espace minimum de :
- 10 m² pour 1 personne seule ;
- 11 m² par personne dans un bureau collectif (soit 22 m² pour 2 personnes ou 33 m² pour 3, etc.) ;
- 15 m² par personne dans un espace collectif bruyant (si les tâches nécessitent des communications téléphoniques par exemple).