Examen rétrospectif sur les finalités du Projet « Gardens Future »

L'analyse porte sur 7 grands points :

  • Sur l’application concrète des normes en vigueur dans l’élaboration des grands projets immobiliers
  • Sur le contenu du bilan économique global du projet
  • Sur le bilan RSE et l’impact environnemental du projet.
  • Sur le bilan Densité-Productivité du projet.
  • Sur le bilan Dimensionnement et nuisance sonore du projet.
  • Sur le bilan lié aux risques sanitaires du projet.
  • Sur le bilan lié aux impacts potentiels des risques psychosociaux et musculosquelettiques :

Le projet Gardens Future dans ses grandes lignes, pourrait se résumer comme suit :

  • Continuer à en faire un lieu de vie, un point de rassemblement qui donne envie de se retrouver,
  • Accentuer notre ambition en matière de Responsabilité Sociale Environnementale (RSE),
  • Offrir une nouvelle expérience salariés tournée vers une meilleure qualité de vie au travail, en tenant compte des activités quotidiennes,
  • Favoriser un nouvel équilibre entre le travail individuel et le travail collaboratif, tout en intégrant les nouveaux besoins entre présentiel et distanciel,
  • Renforcer le collectif au service de la performance en facilitant les interactions entre les équipes sur site et à distance.

A la lecture des conclusions formulées dans le bilan présenté ce jour, Il en ressort 7 lignes de préoccupation qui nous interpellent :

Sur l’application concrète des normes en vigueur dans l’élaboration des grands projets immobiliers

  • La Direction s’est attachée à ne pas dépasser les limites homologuées par la norme (NFX35-102) de décembre 1998, malgré son caractère obsolète et les propositions de mise à jour actuelles menées par L’AFNOR et la Commission de Normalisation.
  • Le bilan présente un projet qui se met en limite des capacités offertes par le site, en ne gardant aucune marge de manœuvre.
  • Le bilan conforte les hypothèses optimistes sur lesquelles la Direction s’est reposée pour construire le projet Gardens Future. Hypothèses résolument axées sur la pratique du télétravail et sur l’adoption des principes du Flex-Office.
  • Sur la base de ces hypothèses, ce bilan présente un contenu dans lequel les surfaces mises à disposition des salariés du site semblent fortement réduites, conduisant à des aménagements très denses de nature à dégrader leurs conditions de travail.
  • Les sujets de l’espace individuel disponible au poste de travail, du bruit sur des espaces fortement densifiés et de la sécurisation des procédures d’évacuation d’urgence n’ont nullement fait l’objet d’investigations approfondies dans ce Bilan.
  • En ce qui concerne l’usage des questionnaires GABO (Gêne Acoustique dans les Bureaux Ouverts), un premier questionnaire a été réalisé avant tout mouvement pour étalonner la situation. Seulement 30% des salariés ont été interrogées. Un deuxième GABO devrait être lancé systématiquement après l’emménagement des premières vagues de salariés, puis un dernier sondage GABO était annoncé 6 mois après l’installation définitive des salariés, pour analyser les problématiques de gênes acoustiques qui apparaitraient avec le temps.

Nous sommes encore dans l’attente du deuxième et troisième questionnaire GABO.

  • Ce projet intègre la quasi-totalité des besoins matériel qui ont été recensés, mais il oblige les équipes à évoluer dans leur organisation courante notamment en renonçant à la conservation de certains documents nécessaires à l’exercice quotidien de leur métier (archives, matériel sensible…) et il ne précise pas , à date, les modalités de stockage sécurisé des documents de travail (livrables clés, livres…), ni du matériel pouvant servir pour des tests (serveurs, plates formes de qualification, de production..).
  • Le Bilan, dans son état actuel, ne préconise aucune évolution sur ces problématiques matériels.

Sur le contenu du bilan économique global du projet

  • La relation coûts engendrés dans la mise en œuvre globale du projet et les gains escomptés, puis réellement obtenus à l’issu de cette mise en œuvre, devrait être le sujet majeur abordé dans cette rubrique.

Le document présenté par la Direction occulte totalement cette problématique. Il serait donc nécessaire, voire urgent de faire apparaitre ces éléments complémentaires, avec, a minima :

  • Une évaluation des coûts des différents mouvements de salariés Domicile-Travail, y compris les indemnisations pour allongement de temps de trajet.
  • Le détail des frais de remise en état des locaux libérés en fin de bail et après la libération des zones temporaires
  • Les pénalités éventuelles de dénonciation de bail par anticipation
  • Les économies réalisées sur les loyers notamment sur les montants annuels des loyers actuels, comparativement aux montants des loyers précédents sur l’ensemble du site de Châtillon.

Sur le bilan RSE et l’impact environnemental du projet.

  • Les sujets d’éclairement naturel et de RSE liés au site n’ont pas clairement été abordés dans le projet et encore moins dans les préconisations faites dans ce Bilan
  • Quant aux critères RSE proposés à titre d’exemple, la CFE-CGC rappelle que la Responsabilité Sociale et Environnementale ne se limite pas aux émissions de CO2, ni à la réduction du taux de présence sur site, ou à la réutilisation du mobilier existant, mais plutôt à favoriser l’instruction d’une véritable étude environnementale dédiée à ce type de projet. Ce qui a fait défaut. lors de la présentation de la phase de micro-zoning
  • Ne serait-il pas intéressant par exemple, d’introduire pour l’attribution d’actions de nos cadres dirigeants, l’atteinte d’objectifs d’amélioration d’indicateurs de qualité de vie au travail issus de l’enquête paritaire « Conditions de travail et Stress » conduite par le CNPS et SECAFI.

Sur le bilan Densité-Productivité du projet.

  • Dans l’hypothèse où le projet Gardens Future est sensé favoriser à la cible, les conditions de travail des salariés, il n’en demeure pas moins que :
  • La forte densité, allant jusqu’à moins de 5m2 par position de travail, démontre aujourd’hui, un impact direct sur la possibilité de se concentrer, en raison du volume sonore ambiant important qu’elle génère, due à l’absence de séparateurs latéraux, d’une circulation plus proche des positions de travail.
  • Des pics de densité < 5 m²/poste sont rapidement atteints dans les espaces avec des Benchs à 6 postes (calcul excluant les espaces d’accompagnement).
  • La forte diminution du nombre de cloisons a fini par augmenter la taille des open-spaces, les cas de cohabitation entre les équipes plus bruyantes (échanges téléphoniques, vocaux…) et les équipes plus silencieuses, sont fréquents et induisent des situations purement désagréables.

Gardens Future décline incontestablement une vision assez tranchée de la répartition du travail :

  • Les tâches de production nécessitant de la concentration et du calme sont réalisées principalement hors site, en télétravail par exemple.
  • Les tâches d’échanges et de convivialité se font sur site, dans les créneaux planifiés à cet effet.

On peut s’interroger sur la déclinaison systématique de cette vision, dès lors que les conséquences qui en découlent, ne semblent pas avoir été prises en compte dans ce Bilan :

Il est probable que la densification ciblée fasse fortement diminuer le ressenti sur les conditions de travail dans ces locaux, pour des raisons de nuisance sonore et de promiscuité.

  • La CFE-CGC regrette que ces informations légitimes, permettant d’établir des analyses d’adéquation entre besoins spécifiés et besoins réalisés sur le périmètre des métiers de la Division Orange INNOV, ne figurent pas clairement dans le dossier de présentation du bilan.

La logique de l’accord aurait voulu que le contenu du dossier Bilan de Gardens Future, intègre la quasi-totalité des exigences de l’ensemble des métiers de la division Orange INNOV.

Sur le bilan Dimensionnement et Nuisance Sonore du projet.

  • L’intégration en Flex-Office plus grands et plus dense est manifestement la crainte la plus importante recensée chez les salariés. Les nuisances sonores quant à elles, découlent de la multiplication des réunions en ligne et de la forte densification des espaces.
  • La journée de travail type en contexte d’environnement dynamique chez nous, se résume aujourd’hui par des migrations fréquentes entre les zones dédiées aux différents usages.
  • Les nuisances générées par ces flux de mouvement devraient être portées systématiquement dans les pages du Bilan. Or il n’en est rien de tout cela.
  • Sur l’ensemble des plans fournis lors du micro-zoning, les cotes entre postes dos à dos étaient égales ou supérieures à 1,90 m et donc conformes à la Norme NFx35-102. Or la brochure ED 950, éditée par l’assurance maladie et l’INRS (octobre 2021), préfigurant les nouvelles normes, préconise une distance de 2,30m. Préconisation non appliquée dans nombre de cas et non évoquée dans le Bilan du projet.
  • Le Bilan ne fait pas état d’équipements acoustiques particuliers issus des recommandations de l’étude acoustique.
  • L’acousticien a fait un état des lieux de l’acoustique avant travaux, en utilisant une technique de modélisation de l’impact des aménagements en 3D. Il en est ressorti les éléments suivants :
  • Les valeurs d’amplification et de niveau de bruit ambiant sont conformes hormis sur le plateau Sud 1C3.
  • Les résultats concernant les propagations sonores dans les paysagers et entre postes de travail sont en dessous des normes prescrites. La notice acoustique recommandait la mise en œuvre d’écrans absorbants.
  • Les cloisonnettes de hauteur 65 cm sont efficaces en atténuation des voix entre postes (et propagation de virus). Elles devraient être généralisées sur 3 côtés pour les postes VISIO.

Où en est-on aujourd’hui ? la CFE-CGC s’interroge sur le statut actuel des recommandations de l’acousticien et attend des réponses de la direction de projet sur cette problématique.

Sur le bilan lié aux risques sanitaires du projet.

Le flex-office implique une densification des espaces de travail. Les salariés en craignent donc une proximité́ physique plus importante entre eux dans les nouveaux espaces de travail.

Des craintes face au respect des règles sanitaires, principalement à la distanciation sociale ont été exprimées. Les salariés ont peur de se retrouver " les uns sur les autres" et de ne pas pouvoir respecter la distanciation sociale pour éviter la contamination et la propagation du virus Covid-19 qui rebondit actuellement, puis des maladies saisonnières de manière générale (grippe, rhume...).

Où en est-on aujourd’hui ?
La CFE-CGC s’interroge sur le statut actuel des recommandations de l’expert SECAFI et attend des réponses de la direction de projet sur cette problématique.

Sur le bilan lié aux impacts potentiels des risques psychosociaux et musculosquelettiques :

Il a été rappelé lors de la phase de micro-zoning que plusieurs éléments du projet pourraient favoriser l'apparition de risques psychosociaux, et des troubles qui en découlent :

  • Exigences de travail ressenties comme plus importantes liées à un environnement de travail qui complique la réalisation des activités/tâches,
  • Délitement des collectifs de travail du fait du télétravail accru,
  • Sentiment de manque de reconnaissance du fait d'une dégradation des conditions de travail
  • Apparitions possibles de tensions et de fatigues
  • Crainte de l’avenir.

Il en va de même des éléments du projet qui pourraient favoriser l'apparition de troubles musculosquelettiques :

  • Recours accru au télétravail : quid des équipements de travail ergonomique aux domiciles des salariés ?
  • Recours à des espaces collaboratifs plus importants,
  • Port des équipements de travail pour passer d'une position de travail à une autre,
  • Le stress peut également favoriser l'apparition de troubles musculosquelettiques.

Le bilan en l’état actuel, semble occulter ces problématiques tant sur les aspects des impacts potentiels que sur l’analyse des risques psychosociaux et des troubles musculosquelettiques.

Pour mémoire, le rapport fourni en CSEE TGI en octobre dernier, avait insisté dans ses conclusions sur le macro-zoning du projet sur le desserrement de la contrainte :

  • Allouer un ou deux plateaux supplémentaires dans le projet aux équipes d’Innovation pour leur permettre de travailler sur l’objectif d’un taux de Flex plus élevé et sur des surfaces moins occupées.

Le projet de micro-zoning sur lequel nous avons travaillé fait preuve d’une attention réelle sur toutes les modalités d’aménagement exprimées par les équipes, mais sans envisager cette demande essentielle de desserrement.

Les surfaces individuelles au poste de travail et les espaces de dégagement en général restent petites, créant une impression d’entassement et une ambiance sonore désagréable.

Nous avons été particulièrement sensibles aux observations formulées par les équipes de recherche Orange INNOV, qui s’émeuttent du peu de considération pour leurs besoins spécifiques de conservation de la documentation confidentielle, de la possibilité de laisser des équations sur les murs pendant plusieurs jours, de discuter d’hypothèses ouvertes…

La CFE CGC regrette, en conclusion, que la souplesse d’aménagement qui s’appuie sur un dialogue de qualité ne puisse s’exprimer que dans un périmètre contraint. Trop contraint pour que les solutions proposées dans ce bilan, garantissent le maintien des conditions de travail actuelles des équipes.

Les élus ont donc voté la résolution suivante :
Eu égard
• aux dégradations constantes des conditions de travail des salariés d’Orange Gardens suite
aux aménagements en flex, notamment dues aux nuisances sonores et à la densification,
• aux résolutions votées à la suite des expertises de la mandature précédente listant des
recommandations non prises en compte,
les élus, réunis en séance CSE du 27 mars 2024, s’opposent à ce type d’organisation et
demandent à la Direction, de revenir à la situation précédente des postes de travail fixe (comme
avant la période du Covid). Il est aussi demandé que des réponses aux analyses critiques des
Organisations syndicales de ce jour soient formalisées par écrit.

Par Guy-Bernardin Gnadou

Conditions de Travail et Santé

Nos coordonnées

CFE-CGC Orange
10-12 rue Saint Amand
75015 Paris Cedex 15

   
nous contacter
01 46 79 28 74
01 40 45 51 57

Epargne

Formation

Siège : CFE-CGC Orange - 89 Bd de Magenta, 75010 PARIS - SIRET 50803050900030 - 9420Z
Mentions Légales - Protection des données - Accès rédacteur