De la Restauration collective d’entreprise à la Restauration en entreprise
Rédigé par Arnaud FAGES le . Publié dans Restauration.
Le secteur de la restauration collective représente 25 milliards d’euros de chiffre d’affaires dans son ensemble en France selon les données de l’Insee. Un volume partagé entre l’autogestion (14 milliards d’euros) et la concession à un prestataire (11 milliards d’euros, chiffre identique en 2022 selon Xerfi). Cependant, le Covid et ses conséquences dans la durée, telles que la pratique du télétravail, a durement impacté le segment de la restauration collective d’entreprise par une forte baisse de la fréquentation notamment, à quoi s’ajoute la hausse des prix des matières premières, de l’énergie et des coûts salariaux, hausse qui se répercutent directement aux entreprises ou CSEE clients.
Le segment de la Restauration d’entreprise est face à des nouveaux enjeux et de nouvelles attentes. Un contexte propice aux innovations et aux nouveaux concepts, mais qui interrogent surtout sur le rôle de la restauration collective aujourd’hui.
Depuis les phases de confinement, dans une économie tertiarisée où le télétravail est devenu monnaie courante, les modèles historiques ont été bousculés et contraints d’évoluer.
Les entreprises qui avaient des restaurants classiques se sont retrouvées avec des coûts fixes très élevés durant la période Covid. Par la suite et jusqu’à aujourd’hui, avec des niveaux de fréquentation d’abord faibles puis fluctuants d’un jour à l’autre, elles ont eu besoin de plus de flexibilité, ce qui a créé un appel d’air pour une multitudes de nouvelles offres alternatives et de nouveaux formats, bien plus économiques, plus durables, plus éthiques, plus écologiques.
Adaptation des plages horaires, digitalisation, comptoir-cafétéria (sans cuisine) en remplacement du self, repas livrés à partir d’une cuisine centrale, largeur de l’offre réduite au profit de l’originalité et de la qualité, des solutions gain de temps comme Click & collect ou Grab & go, repas livrés sur lieu de télétravail, frigos connectés, food-courts, concepts de restauration commerciale dans les locaux des entreprises, offres de plats à emporter pour le diner, sont autant de nouvelles offres et nouveaux formats qui ont été mis en place seuls ou combinés dans de nombreuses entreprises depuis 2022. Toutes ces offres peuvent être adossées à l’attribution plus ou moins généreuse de Titres-restaurant pour plus de flexibilité et plus de pouvoir d’achat des salariés.
D’autres entreprises, dont le budget restauration, est plus limité, ont fait le choix de l’attribution de Titres-restaurant uniquement. L’efficacité de cette solution pour déjeuner sur son site de travail dépend de la taille et la fréquentation du site et sa proximité avec des restaurants commerciaux.
Pour les jours en télétravail, les Titres-restaurant sont la solution la plus adaptées et très appréciée des salariés qui ont la possibilité de pouvoir en bénéficier.
L’attribution de Titres-restaurant sont aujourd’hui des éléments différenciant important lors du choix d’un poste par les jeunes actifs.
Dis-moi ce que tu manges, je te dirai si je viens et si je reste.
Outre le besoin de flexibilité de l’offre pour les entreprises, la restauration est devenue un levier d’engagement à part entière.
La question de l’engagement est centrale dans les organisations, intimement liée à un facteur générationnel puisqu’on observe que le rapport au travail des jeunes a changé et que bon nombre de la génération Y envisage d'être en freelance et challengent bien plus les organisations. Dans ce cadre, une offre de restauration qualitative et le service aux occupants constituent un levier, au même titre que le team building, le sens du travail ou les valeurs défendues par l’entreprise.
Dans une période où l’optimisation des surfaces est au cœur des stratégies immobilières, l’espace dédié à la restauration pose aussi question. En effet, un réservoir de mètres carrés qui n'étant occupé qu’au moment de la pause méridienne a de quoi faire grimacer les décideurs. C’est ainsi que la notion de chronotopie, consistant à prendre en compte les dimensions spatiales et temporelles selon les usages possibles, s’installent peu à peu dans la conception des espaces ou leur rénovation. De ce fait, les lieux de restauration n’ont, justement, plus vocation à être désertés en dehors de la page 12h/14h.
Le restaurant est ouvert de 8h à 16h30. Les collaborateurs y viennent le matin, où ils peuvent profiter d’un café ou d’un petit-déjeuner complet. Ils peuvent s’y rendre aussi l’après-midi, cela leur donne un moment de respiration en dehors de l’open-space.
Pour cela, il faut que le lieu soit fonctionnel et équipé, de prises, de canapés, d’écrans, etc. En outre, il est nécessaire que l’espace vive, au travers d’une musique d’ambiance ou la présence d’un service café. Et puis il faut que ce soit un usage qui colle à la culture et aux métiers de l’entreprise.
Fort de ce nouveau rôle dans l’engagement des collaborateurs et l’attractivité des entreprises, d’une adaptation en cours et en partie réussie sur les enjeux de flexibilité et d’adéquation avec les stratégies immobilières, la restauration en entreprise et les Titres-restaurant pourraient également prendre un peu plus de place dans les questions RH.