Ceux qui m'aiment prendront le train !
Rédigé par Jean-Michel Camin le . Publié dans Conditions de Travail et Santé.
La Politique voyage du groupe France Télécom a été modifiée courant juillet.
La justification des nouvelles règles est grotesque : l’émission de CO2 et la sécurité (les avions s’écrasent tous les matins, surtout les lowcost…) conduisent à interdire l’avion pour les voyages de moins de 4 heures (sauf si l’avion est moins cher que le train, et dans ce cas on oublie le CO2.)
Le seul objectif est la réduction des frais, au détriment des conditions de travail. La question du temps de travail se posait déjà dans la version précédente. Les nouvelles dispositions amplifient le phénomène et augmentent le stress du personnel.
Mais il y a plus grave, en imposant des conditions de transport dégradées : train en 2e classe obligatoire quelle que soit la durée, compagnies lowcost aux horaires inadaptés, France Télécom impose le découchage à ses cadres… sans même voir que les frais d’hébergement (95 € + 24 € de repas) réduisent souvent le « gain » à néant.
La loi est très claire : hors certains cas spéciaux (formation à la demande de l’entreprise, astreintes) le temps de trajet n’est pas du temps de travail effectif. Mais s’il dépasse le temps normal de trajet entre le domicile et le lieu habituel de travail, il fait l’objet d’une contrepartie, financière ou sous forme de repos. (Art. L3121-4 C. du Trav.)
Mal interprétée, la politique voyage autorise tous les abus (parfois involontaires), dont le plus flagrant et le plus fréquent consiste à masquer toute notion de durée de travail et de repos.
La CFE-CGC/UNSA affirme que depuis plusieurs années des cadres exécutifs autonomes ne bénéficient pas des 11 heures de repos quotidien et que les salariés au régime horaire dépassent la durée maximale de travail. Le tout sans aucune contrepartie, en dépit des règles légales.
Les conséquences sociales sont claires : rencontrer ses collègues devient insupportable. Pire le découchage détruit la cellule familiale, dernier refuge pour des salariés soumis à des conditions de travail particulièrement difficiles.
Au nom du maintien des bénéfices pour payer les extravagants dividendes, la Direction a fait le choix de sacrifier ses salariés.
- l’ouverture immédiate de négociations sur la politique voyages pour arriver à un accord collectif applicable de façon identique sur tout le territoire.
- le rattrapage des compensations ignorées : en première estimation c’est un équivalent d’environ 40 millions d’euros de compensation qui se volatilisent chaque année au détriment du personnel
- la mise en place d’un dispositif de mesure effectif de l’aggravation du temps de trajet,
- le rappel par la ligne managériale des amplitudes horaires légales à respecter lors des déplacements.