La montée au capital de la Deutsche Bank n'était qu'une optimisation financière !
Rédigé par Hélène Marcy le . Publié dans Economie et Réglementation des Télécoms.
La montée au capital de France Télécom de la Deutsche Bank
n’était finalement qu’une optimisation financière !!
Lundi 6 septembre, les sites boursiers diffusaient l’information d’une conséquente montée au capital de France Télécom de la part de la Deutsche Bank, qui a franchi le 25 août le seuil des 5% du capital, avec exactement 134,3 millions d’actions, soit 5,07% du capital et des droits de vote de l’opérateur[1]. (chaque franchissement du seuil de 5% du capital d’une entreprise doit obligatoirement faire l’objet une déclaration à l’AMF)
L’opération faisait de Deutsche Bank le second actionnaire de l’opérateur télécom, et pouvait laisser supposer la préparation d’autres opérations, en l’espèce la mise en place d’accords de participation entre France Télécom et Deutsche Telekom, dont la Deustche Bank est également actionnaire, mais aussi banque conseil. Comme l’a noté le communiqué de la CFE-CGC/UNSA[2], repris par les agences de presse[3], un rapprochement entre les deux opérateurs historiques a plusieurs fois été envisagé, et pourrait être porteur de cohérence dans un marché européen arrivé à maturité.
Il s’agissait “seulement” de toucher… 80 millions d’euros d’acompte sur dividende !!
Mais dès mardi soir, on apprenait qu’en réalité, l’opération n’était qu’une simple opération financière destinée à empocher 80,6 millions d’euros au titre de l’acompte sur dividende de 0,60 euro[4], via un achat/revente dans les fourchettes de dates requises pour toucher l’acompte (il fallait détenir les actions le 27 août). Le 30 août, la Deutsche Bank se délestait des actions, pour revenir à 3,25% du capital de France Télécom, après avoir détaché le coupon.
Les opérations d’achat et revente ont eu lieu « hors marché » c’est-à-dire dans le cadre d’une vente de gré à gré sans passer par la bourse
Il y donc une raison cachée pour laquelle c’est la Deutsche Bank qui a encaissé ces acomptes sur dividende. La banque a donc :
- soit débouclé des positions spéculatives de vente et d’achat à terme qu’elle avait conclues avec d’autres investisseurs, lui garantissant au passage une plus-value.
- soit agi pour le compte de clients tiers : l’opération permettrait alors aux véritables actionnaires (et donc bénéficiaires de l’acompte) d’organiser une défiscalisation avantageuse sur ce type de revenus. La banque a sans doute dans ce cas restitué à son client le montant des acomptes sous une autre forme.
A l’heure où les États occidentaux cherchent comment renflouer leurs budgets, après avoir renfloué les banques rappelons-le, et mettent salariés et classes moyennes au régime de la rigueur en rabotant systématiquement tout ce qui contribue à leur couverture sociale, cela apparaît d’autant plus choquant.
Un dividende élevé ne garantit pas l’attractivité du titre pour les investisseurs
Vue sous l’angle de la stratégie financière d’entreprise, l’opération est également édifiante : on voit bien, comme nous l’avons déjà régulièrement dénoncé, que la politique de dividende actuellement suivie par le Groupe France Télécom ne rend pas l’action plus attractive…
Il s’agit donc d’une dilapidation en pure perte de montants qui pourraient plus efficacement renforcer les fonds propres de l’entreprise, lui permettant ainsi de financer ses investissements et donc sa pérennité.
Nous aurons l’occasion de revenir sur cette question clef dans la prochaine Lettre de l’épargne et de l’actionnariat salariés.
En attendant, l’ADEAS soutient la CFE-CGC dans sa demande de CCUES pour obtenir des explications sur cette opération.
[1] http://www.boursorama.com/forum-france-telecom-deutsche-bank-devient-le-deuxieme-actio-401982516-1
[2] http://www.cfecgc-ft-orange.org/ftsa/documents/archives/cdp cfe-cgc-unsa fto deutsche bank augmente sa participation - 6septembre2010.pdf
[3] http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5hPmGZn9cGgabFr4dLOO0WnDbUDAg