Encore du chemin

Pour Sébastien Crozier, président du syndicat CFE/CGC-Unsa, la page Lombard n'est pas tout à fait tournée.

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Sébastien Crozier. photo p. taris

« Sud Ouest ». L'agent de France Télécom qui s'est récemment suicidé en Gironde appartenait à l'encadrement intermédiaire. Cette catégorie sociale n'a-t-elle pas particulièrement souffert, ces dernières années, à France Télécom ?

Sébastien Crozier. Quand vous recensez les suicides à France Télécom, vous vous apercevez qu'ils reflètent à peu près la sociologie de l'entreprise. On note seulement qu'il y a un peu plus d'hommes et de fonctionnaires que dans la moyenne du groupe. Mais, en effet, la catégorie de l'encadrement intermédiaire est, comme d'autres, concernée par le suicide.
 

« Sud Ouest ». L'agent de France Télécom qui s'est récemment suicidé en Gironde appartenait à l'encadrement intermédiaire. Cette catégorie sociale n'a-t-elle pas particulièrement souffert, ces dernières années, à France Télécom ?

Sébastien Crozier. Quand vous recensez les suicides à France Télécom, vous vous apercevez qu'ils reflètent à peu près la sociologie de l'entreprise. On note seulement qu'il y a un peu plus d'hommes et de fonctionnaires que dans la moyenne du groupe. Mais, en effet, la catégorie de l'encadrement intermédiaire est, comme d'autres, concernée par le suicide.

 

Beaucoup de ces salariés ont été déstabilisés par la pratique des mutations fréquentes qui avait été instituée du temps de l'ex-PDG Didier Lombard. On voulait éviter que des responsables d'unité s'identifient trop à celles-ci, surtout si la direction du groupe envisageait de les fermer. Les responsables ne pouvaient donc pas rester plus de trois ans au même poste. C'était la règle du « TTM », acronyme de l'expression anglaise « Time To Move » (« Il est temps de bouger ») que beaucoup de salariés de l'entreprise avaient fini par rebaptiser « Tire-Toi Maintenant ». Dans ce contexte, des gens qui n'avaient pas démérité, qui s'étaient investis dans leur travail, étaient mutés contre leur gré. C'était souvent très dur à vivre.

 

 

Les choses ne se sont-elles pas améliorées depuis le départ de Didier Lombard et son remplacement par Stéphane Richard ?

Il y a eu un coup d'arrêt aux mutations forcées et aux fermetures de centres, ce qui est positif. Mais une bonne partie des anciennes équipes dirigeantes, appartenant à la strate de quelques centaines de cadres se situant aux échelons immédiatement inférieurs à la direction générale, sont restées en place. Cela ne facilite pas le changement.

 


Stéphane Richard a promis de renforcer les fonctions dites de médiation (ressources humaines, assistantes sociales, médecins du travail, etc.). Commencez-vous à en voir les effets ?

Ces dernières années, l'effectif des personnes affectées à ces fonctions était passé de 3 400 à 800. La direction s'emploie maintenant, en effet, à regagner une partie du terrain perdu sur ce point. Mais le niveau des effectifs de ces fonctions est loin d'être redevenu suffisant.

 

Que faudrait-il encore faire pour que l'atmosphère s'améliore à France Télécom ?

Je pense qu'après des années d'externalisation, de délocalisation, de chasse aux coûts, un vrai projet d'entreprise aiderait à retrouver le moral. Le développement de la fibre optique jusqu'au consommateur final pourrait en faire partie. Mais le processus n'avance guère. Cela est en partie lié au fait que l'ADSL, qui utilise les fils de cuivre traditionnels, autorise déjà un bon débit. Mais la lenteur de ce déploiement tient également au fait que, pour les opérateurs, les contraintes réglementaires françaises constituent un frein aux investissements. Par ailleurs, la capacité d'investissement de France Télécom est réduite par le niveau du dividende que nous versons aux actionnaires, dont le plus important est l'État. Au titre de 2010, le groupe distribue ainsi 3,7 milliards d'euros, alors que le bénéfice net de la maison mère française ne dépasse pas 3 milliards.

 

 

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