Free : révolution sur toute la ligne - Libération
Rédigé le . Publié dans Dans les médias.
accès direct à l'article complet
Un an déjà ! Un an que Free Mobile, lancé le 10 janvier 2012, a déboulé dans les pattes du trio Bouygues-Orange-SFR, chamboulant l'écosystème du secteur des télécoms au-delà de toutes les prévisions.
Pour le bénéfice apparent des consommateurs, mais au prix de dégâts collatéraux qu'il reste encore à évaluer.
Combien de pouvoir d'achat en plus pour les ménages ?
Facialement, le bénéfice est évident. Le forfait mobile tout illimité (voix, SMS, MMS et un ou deux gigaoctets d'Internet mobile), était proposé aux alentours de 90 euros en 2010. Le seul fait pour Free d'annoncer sa venue sur le marché a fait s'écrouler en 2011 le prix de ces offres autour de 40 euros. La dégringolade s'est poursuivie depuis.
.../...
Pour sa part, le régulateur a mesuré, sur un an, une chute de 13,7% de la facture mensuelle du mobile. De 25,10 euros hors taxe, elle est passée à 21,6 euros, le trimestre dernier.
Quel impact sur l'emploi ?
Dès mars 2012, le président de l'Arcep, Jean-Ludovic Silicani, se lance et prédit que 5 000 à 10 000 emplois risquent de disparaître en un ou deux ans, évoquant des travaux d'analystes. Sur un total de 150 000 postes directs, «cela représente, dit-il, 3%, c'est-à-dire moins que les départs à la retraite de ce secteur».
Tout au long de l'année 2012, ce sera une bagarre de chiffres, agités par les uns et les autres, selon que l'entrée dans le mobile d'un quatrième opérateur leur agrée ou pas. Dans un rapport, Corinne Erhel, députée des Côtes-d'Armor, pays d'élection des télécoms, affirme que la crise traversée par le secteur «est en partie due» à Free et que la régulation «excessivement centrée sur le consommateur et la baisse des prix» doit être rééquilibrée au profit de l'emploi et de l'investissement.
.../...
Au bout de douze semaines, le boutefeu des télécoms avait déjà conquis 2,6 millions de clients. Et il devrait avoir franchi le cap des 5 millions après un an. En face, les concurrents ont jugulé les fuites et regonflent leur parc d'abonnés. Mais le chiffre d'affaires du secteur, selon l'Arcep, a reculé de 9% au dernier trimestre 2012, comparé à 2011. En tout cas, la recomposition du secteur a commencé. Free va-t-il se marier avec Bouygues ?
Ou SFR avec Numéricâble ? L'option d'un mariage entre Free et SFR a été, quant à elle, retoquée par l'Autorité de la concurrence... Dans un secteur chahuté par l'irruption d'un quatrième acteur, tout le monde parle avec tout le monde, pour coopérer afin de réduire les coûts. S'il devait y avoir mariage, pour Sébastien Crozier, syndicaliste CGC chez Orange, «les néolibéraux seraient pris à leur propre piège». Et le remède (faire entrer Free pour bousculer le trio des opérateurs) deviendrait pire que le mal : «tout rapprochement devrait se traduire par une hécatombe pour l'emploi..."
Extrait : Libération - 10/01/13 - Catherine Maussion
Economie et Réglementation des Télécoms Emploi & Métiers Europe et International