Les représentants CFE-CGC Orange et Numericable-SFR alertent le gouvernement
Rédigé par Hélène MARCY le . Publié dans Communiqués de Presse.
Après France Télécom, Numericable-SFR ?
Les représentants CFE-CGC Orange et Numericable-SFR
alertent le gouvernement.
Face à la situation très préoccupante des salariés de Numericable-SFR, qui rappelle de manière très inquiétante les prémices de la crise sociale intervenue en 2009 chez France Télécom, les représentants CFE-CGC d’Orange et de Numericable-SFR alertent le gouvernement afin qu’il intervienne au plus vite pour travailler à l’apaisement d’un contexte potentiellement porteur de conséquences néfastes pour l’entreprise Numericable-SFR et pour ses salariés.
En PJ, la lettre ouverte adressée à :
- Madame Axelle Lemaire, secrétaire d’État chargée du Numérique
- Monsieur Emmanuel Macron, ministre de l'Économie, de l'Industrie et du Numérique
- Madame Myriam El Khomri, ministre du Travail, de l’Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social
Télécharger :
- le communiqué en PDF
CdP CFE-CGC Orange et Numericable-SFR alerte au gouvernement.pdf
- la lettre ouverte aux Ministres
CFE-CGC Orange et Numericable-SFR Lettre ouverte aux Ministères 2décembre2015.pdf
Contenu du courrier :
Après France Télécom, Numericable-SFR ?
Mesdames, Monsieur,
Les représentants CFE-CGC des personnels de Numericable-SFR et d’Orange tiennent à vous alerter sur la situation très préoccupante des salariés de Numericable-SFR, et vous demandent d’intervenir au plus tôt pour travailler à l’apaisement d’un contexte qui rappelle de manière très inquiétante les prémices de la crise sociale intervenue en 2009 chez France Télécom.
Une stratégie financière inquiétante pour la pérennité des entreprises rachetées
Les acquisitions tous azimuts du Groupe Altice, maison mère de Numericable-SFR, supportées par un endettement vertigineux, sont de plus en plus inquiétantes pour la pérennité des entreprises rachetées[1]. Même les marchés financiers doutent aujourd’hui de cette stratégie[2], qui engendre une pression insoutenable sur les entreprises appartenant au Groupe Altice et sur leurs salariés, sommés de faire une course impossible au profit à court terme.
France Télécom et Numericable-SFR : même méthodes destructrices…
La réduction des coûts à tout prix, engagée dès 2002 chez France Télécom sous la houlette de Pierre-Louis Wenes[3], est aujourd’hui mise en œuvre de manière encore plus violente chez Numericable-SFR.
L’entreprise est en tête du palmarès de la honte[4] en ce qui concerne le paiement de ses fournisseurs, auxquels on demande non seulement d’attendre, mais encore de diminuer leurs factures, mettant en péril leur survie économique.
Les salariés sont directement impactés, dans leur activité professionnelle pour tous ceux qui sont en contact avec les sous-traitants, dépendants de leur activité, ou parce qu’ils ne disposent plus des moyens nécessaires à l’exercice normal de leur métier… et jusque dans leur accès à la cantine de l’entreprise[5], dont le prestataire n’a pas été payé.
Rappelons que chez France Télécom, la Direction avait pour sa part organisé un détournement des fonds destinés aux cantines, pour une vingtaine de millions d’euros, et que la Justice a donné raison aux élus CFE-CGC qui ont réclamé la restitution de subventions destinées aux personnels[6].
Comme on a pu le constater chez France Télécom entre 2002 et 2009 sous les mandatures de Thierry Breton et Didier Lombard, les investissements chutent chez Numericable-SFR… à tel point que le régulateur des télécoms pourrait faire un rappel à l’ordre de SFR concernant le déploiement de son réseau 4G[7]. Ces retards d’investissement sont évidemment très inquiétants pour la pérennité de l’entreprise, qui a déjà perdu 1,2 millions de clients en un an[8], et préoccupent vivement les salariés.
…même politique aberrante de distribution de dividendes
Chez France Télécom, le niveau des dividendes a commencé à dépasser le niveau des bénéfices nets engrangés par l’entreprise en 2009… année de déclenchement de la crise sociale chez l’opérateur historique[9]. Chez Numericable-SFR, le versement d’un dividende généreux au titre de l’exercice 2015 sera financé par 1,6 milliards d’euros d’emprunt pour compléter les liquidités disponibles[10].
Comment, ainsi asséchée de toute liquidité, et peut-être bientôt de capacité d’emprunt, Numericable-SFR pourra-t-elle redresser la barre des investissements et du paiement des fournisseurs ? Et quel est son futur ?
Pression sur les personnels, arrêts maladies et départs volontaires
Ce contexte très dégradé est évidemment très anxiogène pour les salariés de Numericable-SFR, comme l’ont été les méthodes qui déclenchèrent la crise sociale chez France Télécom[11].
Tandis que les sous-traitants sont congédiés et que les départs volontaires se succèdent[12], les salariés qui restent ont de plus en plus de mal à faire face. Et si la Direction dénie toute violence managériale, comme l’ont fait en leur temps les dirigeants de France Télécom aujourd’hui sous le coup d’une procédure pénale, la CFE-CGC est dans l’obligation de constater l’explosion des arrêts maladie, le découragement des équipes, les collègues au bord du burn-out, le tout sur fond d’absence de dialogue social[13]. De telles alertes ne doivent plus, ne peuvent plus être ignorées.
C’est pourquoi les représentants de la CFE-CGC vous demandent aujourd’hui d’intervenir, pour que Numericable-SFR ne connaisse pas les mêmes jours noirs que France Télécom.
Intervenir d’urgence pour stopper la violence sociale…
Une médiation du gouvernement est sans doute nécessaire, comme elle le fut au moment de la crise sociale de France Télécom, pour stopper la violence sociale et ramener la Direction à la raison financière.
… mais aussi mettre en place des règles de long terme qui garantissent la pérennité de la filière télécoms en France
Même sur un marché concurrentiel, l’État et le régulateur des télécoms – qui attribuent leurs licences aux opérateurs et en édictent les règles – ont la capacité d’intervenir pour assurer la pérennité de la filière française des télécoms, indispensable au développement économique de notre pays.
De longue date, la CFE-CGC réclame que les licences soient attribuées en contrepartie du maintien de l’emploi en France. Dans le contexte actuel d’un chômage de masse qui malheureusement ne baisse pas, il est peut-être temps de tenter des mesures audacieuses.
Il apparaît désormais nécessaire de se pencher aussi sur deux autres paramètres : le maintien d’une situation financière soutenable dans la durée (il pourrait être raisonnable de légiférer sur une interdiction de lever des emprunts pour verser des dividendes), et la préservation de la santé des salariés, aujourd’hui menacée par une stratégie financière hasardeuse et la baisse continuelle des effectifs chez les opérateurs. Est-il admissible, est-il digne d’un monde « civilisé » que les salariés d’un secteur a priori porteur d’innovation soient aujourd’hui traités comme au temps des maîtres de forges ?
Nous ne le croyons pas, et espérons que vous partagerez cette conviction avec nous.
Espérant que vous viendrez en aide aux salariés de Numericable-SFR avant qu’il ne soit trop tard, nous vous prions d’agréer, Mesdames, Monsieur, l’expression de notre haute considération.
[1] http://www.lemonde.fr/economie/article/2015/09/17/la-boulimie-de-patrick-drahi-en-quatre-questions 4760669 3234.html#
[2] http://www.challenges.fr/challenges-soir/20151125.CHA1984/chahut-boursier-et-doutes-autour-de-la-strategie-de-drahi.html
[3] http://www.20minutes.fr/economie/560797-20091005-economie-louis-pierre-wen-egrave-s-le-cost-killer
[4] http://www.economie.gouv.fr/dgccrf/sanctions-delais-paiement,
[5] http://www.lemonde.fr/entreprises/article/2015/11/26/numericable-sfr-un-an-de-regime-drahi 4817535 1656994.html
[6] http://www.cfecgc-orange.org/documents/archives/communiques de presse/CdP CFE-CGC-UNSA-FTO Procs ASC 200 euros 21 juin 2011.pdf
[7] http://www.lejdd.fr/Economie/Reseau-mobile-le-regulateur-demande-a-SFR-d-investir-761891
[8] http://www.lefigaro.fr/secteur/high-tech/2015/10/28/32001-20151028ARTFIG00166-numericable-sfr-part-a-la-reconquete-de-ses-clients-perdus.php
[9] http://www.lemonde.fr/economie/article/2010/06/04/chez-france-telecom-un-syndicat-denonce-un-dividende-superieur-aux-benefices 1367766 3234.html
[10] http://www.latribune.fr/technos-medias/telecoms/2-5-milliards-d-euros-le-cadeau-de-noel-de-numericable-sfr-a-ses-actionnaires-513751.html#xtor=EPR-2-l-actu-du-jour-20151015
[11] http://rue89.nouvelobs.com/2010/10/01/stage-france-telecom-courbe-du-deuil-et-casse-du-salarie-169002
[12] http://www.silicon.fr/numericable-sfr-greve-pole-technique-115981.html
[13] La CFE-CGC de Numericable-SFR a fait une dizaine de courriers aux Dirigeants et actionnaires de l’entreprise sans que leurs alertes soient prises en compte, ni aucune mesure mise en place.
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