A qui profite le travail ? Déclaration au CSEE
Rédigé par Stéphanie CRESPIN le . Publié dans INNOV.
L’actualité est chaude dans le secteur des télécommunications, et en particulier au sein d’Orange ; la quête de modèles économiques profitables est plus que jamais oppressante sur une scène internationale géopolitiquement perturbée ; les populations sont inquiètes et souffrent des travers de puissances financières et/ou médiatiques qui s’agitent et se positionnent, emportant dans leurs élans des vérités et contre-vérités ; un jeu dangereux qui met à mal la confiance à tous les niveaux.
Ce nouveau CSE, le cinquième de la nouvelle mandature, ne présente à son ordre du jour pour ainsi dire que des sujets liés aux ASC, alors que les précédents avaient été dédiés à la mise en place des nouvelles instances.
Est-ce, sur et avec, ces derniers que l’entreprise souhaite remobiliser ses salariés ou souhaite-elle les anesthésier pour mieux les duper ?
Ce n’est en tous les cas, pas ce qui répond aux attentes prioritaires que nous partagent les personnels !
En témoignent, pour ne citer que deux exemples :
- l’amertume et l’indignation exprimée par les salariés au regard d’une NAO, comme d’un intéressement et d’une participation, qui ne reflètent aucun respect et aucune reconnaissance pour leur engagement au sein de l’entreprise,
- les doutes et craintes face à des réorganisations effectives ou qui se profilent au sein du périmètre social innovation, réorganisations « vendues » au travers de séminaires ou d’ateliers comme des « évolutions de gouvernance », ou « évolutions des modes de fonctionnement », ou bien encore comme des « réflexions sur le positionnement ou le devenir de l’activité », etc. Quels beaux et doux éléments de langage pour masquer une réalité beaucoup plus dure !
Pour ce qui est du partage de la valeur :
"A qui profite le travail ?" titrait récemment un quotidien national ; une question d’actualité chez Orange !
Alors que le pouvoir d’achat est l’une des préoccupations premières des Français dans un contexte de forte inflation, les salaires chez Orange stagnent… Autrement dit : ils baissent compte tenu de notre environnement économique !
Un comble dans un monde où les gains des actionnaires et dividendes explosent : en 2023, plus de 97 milliards d’euros ont été reversés aux actionnaires des entreprises du CAC 40 dont fait partie Orange. Soit une progression de 21% par rapport à l’année précédente. Soit 350% en 20 ans…
Qui ne rêverait d’une telle augmentation de son salaire surtout pour les salariés aux rémunérations les plus faibles ?
Sur fond de hausse des prix et des profits, force est de constater que les salaires ne profitent pas des efforts consentis. Il est vraiment dommage que dans des époques si tourmentées la Direction d’Orange écarte de fait et a priori une meilleure répartition entre capital et travail…
Et ce d’autant plus, qu’en référence à la nouvelle campagne de communication que notre Groupe lance, force est de constater que la signature « Orange est là » est particulièrement mal venue. En effet, à travers cette campagne, Orange souhaite je cite : « raviver la fierté de ses employés » et s’appuyer sur « ses collaborateurs », leur expertise, leurs compétences, leur savoir-faire...
Ils sont là !
Nous sommes là !
Oui, Orange est là, pour ses dirigeants qui s’augmentent allègrement
Alors, à la CFE-CGC nous nous interrogeons : comment la Direction peut-elle s’appuyer sur ses salariés à travers, notamment cette nouvelle campagne de communication, et en même temps ne pas les valoriser financièrement ?
La reconnaissance des personnels au travers de la rémunération n’est plus assumée par la Direction :
- d’une part, comment le COMEX peut-il s’attribuer des augmentations collectives, distribuer des LTIP (stock-options) aux 1 300 cadres « méritants », qu’ils soient d’Orange SA ou non, et dans un même temps sanctionner les quelque 62 000 employés d’Orange SA en arguant du fait que les résultats d’Orange SA ne sont pas au rendez-vous ?
- d’autre part, 10% de participation et intéressement, aucune augmentation collective pour les personnes qui touchent plus de 46 000 euros, soit la quasi-totalité des personnes d’Orange Innovation ; des augmentations individuelles qui montent les salariés d’une même équipe les uns contre les autres, En outre, plus de 20 000 personnes n’ont pas eu de promotion depuis 20 ans, ce qui signifie, au sein d’Orange Innovation, une chance de promotion tous les 61 ans.
Evoquons enfin les réorganisations :
Une réorganisation se définit en entreprise comme la modification d’un fonctionnement.
Rien de plus clair dès l’instant ou un cap, une vision est partagé/e, dès l’instant où les fonctions sont définies en toute transparence ; les salariés ont du mal à percevoir ce que signifie fonctionnalités en lieu et place de métier, d’expertise, de savoir-faire ; ils peuvent à juste titre s’étonner et penser à un échiquier sur lequel des humains seraient interchangeables à volonté !
A date, des séminaires d’équipe se multiplient au sein d’Orange Innovation ; ils s’étalent même sur quelques mois dans certaines directions ; mais quels sont les objectifs, les intentions ou les trajectoires visés ? N’est-ce pas un préambule juste et nécessaire que de les exprimer ? N’est-ce pas fragilisant que de sentir que, malgré ces séminaires qui a priori vise à renforcer un collectif en embarquant chaque individu, la confiance n’est pas consolidée face à une animation qui sous couvert de concertation s’apparente à une marche forcée ?
Les élus CFE-CGC Orange vous alertent et vous demandent d’agir en transparence et d’accompagner correctement collectivement et individuellement les salariés qui sont prêts à évoluer ou à se former ; vous ne pouvez laisser entendre ou transparaitre le fait qu’ils sont seuls à devoir se remettre en cause.
Les élus CFE-CGC Orange vous demandent que pour toute réorganisation envisagée, petite ou grande (quels que soient les mots choisis pour la nommer), une analyse d’impacts soit partagée avec les IRP et les salariés afin que chacun, en connaissance de cause, puisse sereinement envisager un avenir professionnel.
Par Ghislaine De Salins et Véronique Garnier