Lutte contre le cyberharcèlement sexiste : que fait Orange ? déclaration du collectif HSAS

Je tiens à préciser que j’interviens en tant que référente harcèlement sexuel et agissement sexiste pour le collectif qui y est dédié, au sein du CSE Orange Innovation.

J’ai souhaité évoquer ce matin le Salon Vivatech qui s’est tenu la semaine dernière et dont Orange est un des sponsors.

Lors de ce salon, Orange a organisé une table ronde sur le cyberharcèlement dans l'univers du jeu vidéo en présence de :
-    Lou Henguelle dit “Loupiote”, streameuse/joueuse
-    Anna Bressan, Secrétaire générale de l’association Women In Games France qui promeut la mixité dans l’industrie du jeu vidéo.

"Je vais te violer…“ ”Retourne à la cuisine…“ ”Ferme ta gu.. sale femme »… sont des insultes ordinaires et malheureusement fréquentes, auxquelles Loupiote est confrontée sur les réseaux sociaux, en tant que joueuse.     Edifiant !

Une violence qui s'exprime par des mots, mais également par des actions au sein des jeux vidéo. "Parfois, certains joueurs me bloquent dans un coin et me lancent une grenade pour que je perde des points de vies. Je vous assure que les sexistes redoublent d'inventivité » confiait Loupiote, lors de cette conférence.

"Ces comportements entretiennent des complexes et dévalorisent les femmes, confirme Anna Bresson. Ils peuvent entraîner de la peur ou encore inciter les femmes à abandonner certains jeux."

Des comportements virtuels, mais qui peuvent avoir des conséquences dans la vie réelle. "Certaines joueuses se font suivre dans la rue et reçoivent parfois des menaces de mort", ajoute Loupiote.

Les chiffres sont significatifs :
85% des femmes ont déjà été victimes de cyberharcèlement.
Et plus d'une joueuse sur quatre a été cyberharcelée selon les chiffres de l'association Women In Games. Cette situation est loin de s'être améliorée, bien au contraire. Les comportements problématiques se multiplient.

Pour Loupiote, le principal problème dans les jeux vidéo, c'est l'anonymat. "Cachés derrière leurs pseudos, les joueurs n'ont pas peur d'être sanctionnés et adoptent un comportement qu'ils n'auraient jamais eu dans la vraie vie."

Autre problème pour la joueuse : l'inaction des plateformes. Bien sûr, les joueuses peuvent signaler tout comportement abusif aux éditeurs. « Mais le processus de vérification prend du temps. Et, dans tous les cas, il ne dure qu'une semaine", rappelle Loupiote. Dans ce laps de temps, il suffit de se recréer un compte et le tour est joué. Le joueur mal intentionné est de retour sur le jeu.

Pour Loupiote, ignorer les commentaires sexistes ou misogynes, ou mettre en silencieux le tchat vocal est loin d'être une solution puisque certains jeux reposent justement sur la communication entre équipes. « Si on se prive de cette fonctionnalité, on est désavantagés dans la compétition", détaille-t-elle.

"J'ai tendance à répondre, parfois de manière virulente ", assume Loupiote. "Je sais que ce n'est pas forcément la meilleure solution, mais j'ai du mal à laisser couler. Et puis, c'est important de montrer aux jeunes femmes qui me regardent que ces comportements sont anormaux."

Face à ces constats, Loupiote a donc décidé d'agir. Elle reproduit les collages féministes dans les rues du jeu GTA RP pour alerter les joueurs au sexisme dans l'univers du jeu vidéo et partager au plus grand nombre le 3018, numéro d'urgence contre le cyberharcèlement.

Les collages en faveur de la lutte contre le cyberharcèlement, permettent ainsi à de nombreux jeunes d'être sensibilisés au sujet, sans devoir faire l'effort d'aller sur un site pour s'informer.

En parallèle, Loupiote a organisé un débat en live sur Twitch entre joueuses et joueurs. Elle estime « qu’il est important de ne pas opposer les femmes aux hommes dans ces débats car, si on ne convie pas les hommes à nos échanges, on entretient un conflit permanent."

En effet, ces dernières années, de plus en plus de joueurs décident de prendre la parole pour sensibiliser leurs viewers/spectateurs sur la situation. Certains n’hésitent pas à lancer un réseau de joueurs dont le principe consiste à repérer les viewers/spectateurs ayant un comportement sexiste dans un tchat, par exemple. « Si tel est le cas, ils sont bannis des tchats de l'ensemble des joueurs du réseau", explique Loupiote.

D'autres initiatives plus institutionnelles ont également été mises en place. Une ligue Valorant (nom d’une compétition de jeux vidéo) 100% féminine a ainsi été lancée pour aider les femmes à trouver leur place dans le petit monde de l'e-sport, composé à 93% d'hommes. Des centres d'écoute ont également été mis en place dans l'univers des jeux par certains éditeurs. "C'est une étape, mais ça reste insuffisant. Ces comportements doivent être sanctionnés plus durement par les éditeurs", conclut Anna Bresson.

Si l’on ne peut que se réjouir que le sujet sur le sexisme ordinaire dans le monde du jeu vidéo, voire de l’e-sport soit abordé par Orange dans des lieux comme le salon VivaTech 2024, il est regrettable qu’aucun plan d’actions portés par notre Groupe n’aient été présentés dans de telles occasions. Organisé une table ronde c’est bien, agir très concrètement contre ce sexisme ambiant dans l’univers du jeu vidéo serait encore mieux !

Autrement dit le « sexisme-washing » ne suffit plus !

Une salariée de notre périmètre me rapportait qu’il n’y pas si longtemps, dans un salon dédié aux développeurs, Orange avait invisibilisé les femmes et les animateurs présents sur le stand ignoraient copieusement les visiteuses, préférant ne s’adresser qu’aux hommes.

Il est aussi dommage qu’en communication interne, le sujet du sexisme soit si rarement traité.

Par exemple, en tant que référente harcèlement sexuel et agissements sexistes, je continue à m’interroger sur les raisons pour lesquelles la demande du collectif à ce que des sujets HSAS soient mis à l’ordre du jour de nos CSE n’aboutissent pas. Ce serait pourtant un moyen de prendre conscience du travail qu’il reste encore à faire pour tout ce qui touche au sexisme.  

Alors, monsieur le Président, à quand une présentation, par exemple sur l’IA et ses biais, abordé lors d’un prochain CSE voire plus largement à destination des salariés d’Innovation ?

Et ce, d’autant plus que de nombreux spécialistes au sein de notre périmètre pourraient traiter ce sujet on ne peut plus d’actualité.

Lu en séance par Véronique Garnier, référente HSAS     

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