Un pouvoir d'achat en chute libre
Rédigé par Christiane Chauveau le . Publié dans Rémunération.
La Négociation Annuelle Obligatoire (NAO) est une obligation juridique (Art L132.12 du Code du Travail) de négocier annuellement les salaires. Les organisations représentatives se réunissent au moins une fois par an pour négocier la rémunération, (uniquement individuelle).
Alors que les résultats FT SA 2007 sont exceptionnels, faire le choix d’engraisser l’actionnaire par une augmentation du dividende d’environ 9% et bloquer les augmentations salariales à un niveau inférieur à l’augmentation du coût de la vie (inflation hors coût du tabac et coût du logement) est une véritable insulte.
Il existe à FT plus d’une quinzaine de type de rétribution. On peut les regrouper par grands thèmes :
- La rémunération individuelle : salaire fixe (responsabilité et compétences) + part variable (résultats et performance).
- La rémunération collective (sous réserve du périmètre) : Intéressement (performance collective locale c’est-à-dire société par société) + Participation (performance collective du groupe).
- ASC : Activités Sociales et Culturelles, restauration, logement.
- Autres : Épargne d’entreprise + Prévoyance + Autres avantages (produits et services de l’entreprise) + Retraite (abondement perco ou supplémentaire), actions gratuites, stocks options…
En multipliant les types de rémunération, la Direction entend brouiller la lisibilité de « l’augmentation » du pouvoir d’achat et s’autoriser des opérations de propagandes fallacieuses (ex : l’intéressement a augmenté de 25%...).
La Direction refuse de transmettre un bilan transparent sur l’accord 2007, accord rappelons-le, signé par la CFDT et FO alors qu’il ne prévoyait à l’époque qu’une augmentation moyenne de 2,3% (pour une inflation officielle 2007 de 2,6%). La CFE-CGC avait à l’époque solennellement dénoncé cet accord qui constituait une véritable trahison des salariés.
Ainsi, les RH n’ont pas voulu communiquer les éléments précis réclamés par la CFE-CGC, en matière de bilans locaux et nationaux 2007, par exemple. Ces éléments sont pourtant indispensables à une vraie réflexion qui seule permettrait de construire un nouvel accord pour 2008 au lieu de reconduire d'année en année les mêmes règles simplificatrices qui laissent perpétuer les mêmes errements.
L’augmentation moyenne proposée de 3 % ne couvre même pas l’augmentation de l’inflation réelle qui tient compte de l’envolée du coût du logement (plus de 4,5 de mars 2007/mars 2008). La Direction refuse obstinément le principe d'une augmentation minimale pour tous, préférant maintenir les mécanismes totalement individualisés pour les cadres, qui permettent toutes les dérives « à la tête du client », à « l'humeur du chef » ou au « respect des quotas », avec pour conséquence entre autre, « d’aider » les départs des personnes jugées indésirables, en bloquant leur salaire.
Ainsi, l’unique certitude que le mécanisme de moyenne apporte, c'est que la moitié des personnels devra se contenter d'une révision de salaire inférieure à l’augmentation du coût de la vie, voire nulle ou presque pour beaucoup, et donc verra encore son pouvoir d’achat baisser.
Des pratiques courantes à dénoncer :
- Ne pas donner d’augmentation individuelle aux cadres et non cadres refusant de partir en retraite ou bien à ceux qui partent en cours d’année, ni aux cadres et non cadres des Espaces Développement.
- Ne pas donner la moyenne du bonus variable à des cadres ayant atteint leurs objectifs.
- Une date d’effet pour l’augmentation des salaires qui ne commence pas le premier janvier mais à la date anniversaire du contrat de travail.
- Une augmentation à tiroirs qui ne permet pas de distinguer les mesures concernant l’augmentation par la performance, des autres types d’augmentations, début de carrière, correction de sous-positionnement…
- Avant les négociations, la présentation en CE des bilans des promotions, Part Variable Vendeur, Part Variable Managériale, ainsi que des bilans locaux par Établissements Secondaires, et au moment de la négociation, la fourniture des enveloppes d’augmentations et des promotions, de même que la possibilité de négocier les montants de la PVM et PVV…
- La fourniture d’un bilan annuel individuel des rétributions qui renseigne chaque salarié sur la globalité (au-delà de la seule rémunération) de ce dont il a bénéficié chaque année.
- L’Attribution à tous d’au minimum la part collective et l’introduction d’augmentations liées à l’ancienneté…
- L’attribution d’une prime de transport pour tous, la réévaluation de la participation pour la restauration, l’augmentation de la Prévoyance sans celle des cotisations et son extension aux fonctionnaires…
- L’établissement d’un protocole séparé pour les fonctionnaires, les structures statutaires étant profondément différentes. Pour rappel, Il y a deux ans la Direction s’était dite prête à ce que les fonctionnaires soient intégrés dans la négociation. La CFE-CGC dénonce à ce sujet la notion de rémunération globale (SGB) pour ces derniers et exige qu’il n’y ait pas de diminution possible du Complément France Télécom.
Compte tenu de l’environnement économique actuellement favorable à France Télécom SA, annonçant la fin des années de rigueur, cet accord 2008 aurait du donner la priorité au pouvoir d’achat des salariés et au rattrapage des sacrifices antérieurs.
La CFE-CGC déplore ce simulacre de négociation que la Direction n’organise que parce que la Loi l'impose. Ne doutons pas que les Organisations Syndicales qui se sont déjà commises à signer l’accord l’année dernière ne réitèrent cette année cette même compromission.