« Orange stressé », l'ouvrage du journaliste Yvan du Roy
a fait figure de détonateur. Si aux yeux des décideurs, France Télécom est présentée comme le modèle d'une privatisation réussie, le revers de la médaille est beaucoup moins médiatisé que les profits records de la firme. Parmi ses 100 000 salariés hexagonaux, deux sur trois se déclarent stressés. Un malêtre
généralisé qui a pour symptômes la banalisation du recours aux anxiolytiques, la progression des arrêts maladie de longue durée, l'augmentation des démissions et la multiplication troublante de suicides. Un sujet hélas redondant pour Sébastien Crozier, répondant vendredi soir à l'invitation de Régis Wolf, en charge del'union départementale de la CFECGC des Vosges.
Lors d'un débat à la faculté de Droit d'Epinal, l'actuel président de la centrale syndicale (branche France Télécom Orange) ayant participé à la création en 2007 de l'observatoire du stress et des mobilités forcées à France Télécom, a vivement dénoncé les méthodes de management en interne. « Tout est parti de l'une de nos collègues qui s'est jetée du 5e étage depuis un immeuble à Paris, insiste Sébastien Crozier. Le stress n'est pas dû à l'organisation du travail. La crise est plus systémique. On a fait comprendre aux 130 000 personnes qui travaillaient pour France Télécom qu'ils ne servaient à rien et qu'on pouvait les délocaliser, en particulier au niveau des centres d'appel. Le deuxième élément déclencheur a consisté à leur dire que les soustraitants pouvaient faire le même travail qu'eux, pour beaucoup moins cher. En réalité le projet de la direction était de supprimer 6 000 emplois par an. Au bout de cinq ans, la crise sociale n'a fait qu'augmenter le nombre de suicides et le désarroi des personnels. »...
