La percée du syndicat de France Télécom CFE-CGC/Unsa, aux éléctions professionnelles de novembre - passé de moins de 3% il y a cinq ans à près de 15% -, est en partie la victoire d'un homme.
Un croquis du visage de Sébastien Crozier, son président, ornait d'ailleurs chaque bulletin de vote du syndicat. Patrick Ackermann, représentant de SUD, concurrent en érosion, se dit "choqué" par une "campagne très centrée sur sa personne". Sébastien Crozier assume.
Très impliqué lors de la vague de suicides, devenu l'une des cibles du PDG d'alors, Didier Lombard, Sébastien Crozier estime que "les personnels de France Télécom ont souffert de se retrouver face à une machine et veulent un interlocuteur humain". N'importe qui peut trouver son numéro de téléphone sur le site Internet ou la page Facebook de l'organisation.
Taxé de sarkozysme pour son style, il se défend ; "Notre force est d'être un syndicat crédible car nuancé".. Et s'il loue l'apaisement social amené par Stéphane Richard, il le décrit comme "le messager des décisions hystériques de l'Etat".
De son côté, le PDG d'Orange trouve le syndicaliste "très efficace" et reconnaît "son esprit constructif" malgré les divergences de vue.
Jugé excellent connaisseur du secteur, Sébastien Crozier symbolise la transformation du corps social à France Télécom. "L'entreprise recrute plus de jeunes cadres qui se reconnaissent en lui, note Jean-Claude Degènes, du cabinet de ressources humaines Technologia, appelé en renfort au moment des suicides.
Crozier est ambitieux. L'ex-responsable logistique de la campagne présidentielle de Jean-Pierre Chevénement en 2002 ne fait pas le faux modeste. Il a le bagou des grands leaders syndicaux...
Extrait : Challenges - J.B. Diebold - 1° décembre 2011
