Free Mobile : quand la concurrence tue l'emploi - Marianne
Rédigé le . Publié dans Dans les médias.
accès direct à l'article complet
Face à l'arrivée de Free Mobile, SFR pourrait supprimer 500 emplois. Orange pourrait profiter des départs en retraits pour dégraisser tranquillement. Free Mobile s'était déjà fait remarquer pour ses pannes de réseau. Désormais, c'est la pérennité du marché de l'emploi dans le secteur qui est jeu.
Epic fail, comme on dit chez les geeks. Quatre mois après l'arrivée tonitruante de Free Mobile, les polémiques s'entassent. Après les pannes de réseau, l'enquête de l'Arcep, voilà désormais que les concurrents de Free s'apprêtent à dégraisser au vu du nombre d'abonnés perdus. Selon les syndicats, SFR s'apprêterait à supprimer 500 postes en France, ce que la direction a démenti. Mais Franck Esser, PDG de la filiale de Vivendi, a déjà fait les frais de l'arrivée de Free et sera remplacé en août par Michel Combes, ex-patron de Vodafone Europe.
SFR dit avoir perdu 208 000 abonnés en tout entre janvier et février sans préciser la part ayant choisi Free. Entre fin décembre et le 15 février, Bouygues a vu 134 000 abonnés se tourner vers le petit nouveau. Chez Free, on annonce avoir recruté 2,6 millions de clients au 1er trimestre soit 4% du marché.
Du côté de chez Orange, ce n'est pas franchement mieux. Selon Stéphane Richard, PDG de l'opérateur, le chiffre d'affaire de l'activité mobile en France au premier trimestre 2012 est en baisse de 1,1% et près de 154 000 clients sont partis chez Free durant la même période. « Ces résultats sont, sans surprise, fortement marqués par l'arrivée du quatrième opérateur mobile en France, dont l'agressivité tarifaire tout autant que verbale, a été un choc pour nous comme pour l'ensemble de nos concurrents », a expliqué le PDG dans une lettre à ses salariés, révélée par La Tribune.
Dans un récent rapport, l'Idate, think tank spécialisé dans le numérique, pointe également l'arrivée « à contre-cycle » de Free Mobile dans un marché à maturité : « On risque d'avoir une guerre des prix avec un recul violent des revenus du secteur et des marges des opérateurs ». L'intersyndicale CFE-CGC/Unsa de France Télécom-Orange a elle prévu une perte de 10 000 postes dans le secteur suite à l'arrivée du 4ème opérateur.
La course au moins-disant
Et quelles seront les conséquences sur les salariés de l'opérateur historique ? Au vu des résultats de 2011, Stéphane Richard avait déjà annoncé une baisse de l'intéressement salarial pour 2012 entrainant une perte moyenne de 1500 euros par personne selon l'intersyndicale CFE-CGC/Unsa. Pour autant, Richard refuse de parler de licenciements secs. Il compte bien profiter de la démographie au sein de son entreprise. « Nous allons nous adapter sans aucune brutalité, sans drame ni licenciements, d'autant que 30 000 départs naturels sont prévus d'ici à 2020 », a-t-il expliqué dans L'Express.
Traduction : de nombreux départs en retraite ne seront pas remplacés. « On a une pyramide des âges qui va se dégrader à partir du 1er octobre, ajoutez à cela les démissions et on aura de 500 à 700 personnes qui vont partir par mois », détaille Sébastien Crozier, président de l'intersyndicale CFE-CGC/Unsa à France Télécom. Le syndicaliste dénonce la venue de Free sur le marché avec « une stratégie de casse avec une baisse à la fois des prix et de la qualité ». Et il ne faut pas compte sur Xavier Niel, patron de Free, pour embaucher les nouveaux chômeurs. Free possède un un faible réseau de boutiques et est plutôt adepte de la délocalisation.
Pour le syndicaliste, les responsabilités remontent également plus haut notamment du côté de l'Arcep, censée être le gendarme des télécoms : « Le régulateur a accordé une licence sans précaution ». Notamment en terme de garanties de l'emploi en France, choses pourtant inscrites dans la loi de 1996 sur les télécoms.
Résultat, on est dans la course au moins-disant avec compressions des coûts et des personnels. « Ce que personne n'assume, c'est que l'hyper-concurrence, avec l'arrivée d'un 4ème opérateur qui casse les prix, augmente la pression sur le marché avec un risque d'augmentation des délocalisations et de baisse de la qualité », prévient Sébastien Crozier....
Extrait : Marianne - 15 mai 2012 - Tefy Andriamanana
Conditions de Travail et Santé Economie et Réglementation des Télécoms Emploi & Métiers Europe et International