Pour les salariés d'Orange, le gouvernement commet sa première "faute politique" - L'Usine Nouvelle

 

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Les salariés actionnaires d'Orange ne sont pas contents. Ils voulaient un dividende réduit pour dégager des marges de manœuvre en faveur de l'investissement... en vain. Sébastien Crozier, un de leurs représentants, critique le vote des représentants de l'Etat au conseil d'administration, puis de l'Assemblée générale et parle de faute politique du gouvernement.....

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Le président de la CFE CGC Unsa, Sébastien Crozier a répondu à nos questions en fin d'après-midi avant que le vote définitif ait lieu, mais alors qu'il n'y avait aucun doute sur son issue.

L'Usine Nouvelle - Vous vouliez une baisse du dividende versé aux actionnaires. Vous n'aurez pas gain de cause. Quelle est votre réaction ?

Sébastien Crozier - Ce résultat fait suite à la réunion du conseil d'administration qui s'est tenu avant l'assemblée générale. Le conseil a demandé que notre proposition soit rejetée. Cela ne peut pas se faire sans l'accord des trois représentants de l'Etat. Cela veut donc dire qu'après avoir été un très piètre actionnaire, l'Etat prouve qu'il est aussi un piètre économiste.

En effet, l'Etat préfère toucher tout de suite 145 millions d'euros de dividendes. S'il nous avait soutenus, c'est plus d'1 milliard qui aurait été investi dans la fibre optique et dans d'autres technologies d'avenir. Un tel investissement aurait un effet multiplicateur sur les dividendes futurs. L'Etat a fait un choix à très court terme.

Vous êtes donc déçu par les choix faits par le gouvernement ?

C'est la première faute politique du gouvernement. On nous disait "le changement c'est maintenant", on a créé un ministère du redressement productif et finalement on continue de pomper 1 milliard sur l'entreprise qui part pour payer des dividendes à des fonds. Je crains que le ministère du redressement productif soit un ministère de pacotille qui servira surtout à agiter les bras dans les médias.

Vous êtes très sévère.

Nous sommes allés voir Fleur Pellerin nous lui avons expliqué tout ce que je vous ai dit. Résultat : l'Etat ne vote pas pour une modération du dividende. Nous ne demandons pas sa suppression, juste une modération : 1 euro au lieu d'1,40 euro.

Pour mémoire, cela fait trois années que les dividendes versés sont supérieurs aux résultats. Cela épuise l'entreprise. Stéphane Richard a évoqué des concurrents comme Apple et Google pendant l'assemblée générale. Ces entreprises ne versent pas de dividendes alors même qu'elles sont très profitables. L'Etat pouvait donner un signal fort en faveur d'une politique industrielle d'investissement. Il ne l'a pas fait....


....Il n'empêche que vous avez perdu votre combat. Vous n'avez pas réussi à entraîner avec vous d'autres actionnaires. C'est un échec ?

Pour moi c'est une réussite. Cela fait trois ans que mon syndicat porte cette résolution et c'est la première année que toutes les organisations syndicales sont d'accord. En outre, nous avons réussi à mettre au cœur du débat la question du dividende. Le conseil d'administration n'est pas très content, il sait que les salariés qui sont quand même le troisième actionnaire de l'entreprise avec 4,5 % des actions, ne sont pas d'accord avec la politique suivie par la direction.

Pourquoi ne demandez-vous pas une plus grande modération salariale pour pouvoir investir ?

Mais la modération salariale est déjà là. Avec la baisse de la participation et la suppression de l'intéressement exceptionnel, cela représente une perte de 3 % du pouvoir d'achat moyen des salariés et le salaire des principaux dirigeants est gelé. Nous pourrions accepter une certaine modération salariale pour l'emploi, car embaucher est un moyen d'augmenter la masse salariale. C'est un débat qui n'est jamais posé dans ces termes. La modération salariale est la variable d'ajustement pour assurer la prédictibilité des revenus financiers des actionnaires.

 

Extrait : L'Usine Nouvelle - Christophe Bys - 6 juin 2012

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