22 janvier 2013 : déclaration préalable de la CFE-CGC/UNSA

Bonjour, en déclaration préalable, la CFE-CGC/UNSA souhaite vous donner lecture de 2 mails :

Le premier :  " Bonjour X,

Hier, mardi 25 septembre, je devais produire une liaison 4 paires pour Production impossible car la POI n'était pas conforme (la paire 4 étant isolée sur un nouveau PC ne comportant que 4 paires). Tout l'après midi, nous avons fait de notre mieux, mon collègue et moi, pour éviter un Problème câble, sans résultat. J'ai prévenu Y.  de ce dysfonctionnement et sa réponse, a été de me supprimer du plan de charge hier après midi comme si je n'avais pas été présent ce jour-là.

L'étonnement passé, j'en ai fait part à Y. 

Cette décision m'a profondément affectée sur plusieurs points :

     1 / Mon travail de l'après midi n'a pas été pris en compte.

     2 / Mon efficacité de l'après midi a été réduite à néant. 

     3 / Mes heures produites ont été réduites à néant.

     4 / Mon implication quotidienne n'est pas ou plus reconnue.

     5 / Si cette situation se produit plusieurs fois dans le mois, je devrai justifier des absences fictives involontaires de ma part tout en étant bien présent sur mon lieu de travail ces jour-là.

     6 / Si cette situation se produit plusieurs fois pour d'autre collègues, France Telecom pourra supprimer sans problème un ou deux postes en intervention.

     7 / J'ai été balayé d'un simple coup de clic, à 57 ans, moi qui croyait niaisement que l'entreprise avait encore de la considération pour ses collaborateurs depuis des évènements récents. 

     8 / Je ne comprends pas, je ne comprends pas, je ne comprends pas, je ne comprends plus...  Bonne journée,

 Le second mail :  "Bonjour X,

         Merci d'avoir pris contact au téléphone avec moi pour me rassurer et m'expliquer les raisons de cette décision que je ne comprends toujours pas. Pour résumer et si j'ai bien compris, tu m’as confirmé que les dysfonctionnements en matière d'échec de production ou de répétition de dérangement étaient suivis à la loupe par nos dirigeants ce que je conçois tout à fait. Je suis le premier désolé et en colère quand une intervention se conclue par un échec même si, je peux te l'assurer, je mets tout en œuvre pour parvenir à un résultat positif. Sur ce cas précis, pour que les chiffres et les indicateurs de l'UI soient bons, on m'a sorti du plan de charge en considérant que " c'était comme si j'avais rien fait cet après midi là ".

Du coup, les chiffres de l'UI seront bons et les miens mauvais en terme de présence sur le terrain, d'efficacité et de dossier réalisé.

Ce jour là, j'ai pris une pause méridienne de moins d'une heure, travailler en SR sous la pluie, câbler une réglette ras du sol...etc. mon collègue est témoin, le personnel de Carglass aussi, et mes relevés téléphoniques aussi. Considérant que cette sanction est une erreur, je souhaiterais être réhabilité dans GPC ce jour-là.

Je suis honnête et j'ai du mal à supporter l'injustice. Je travaille, maintenant, la boule au ventre et mes nuits sont cauchemardesques. Je préfère avertir le médecin du travail qui jugera s'il veut me rencontrer ou pas. Personnellement, je le souhaite vivement. Merci et bonne journée."

Ces mails ont été écrits par Jean Pierre Louat, les 26 et 28 septembre 2012.  Jean Pierre Louat était un technicien de l’UI Lyon Résidence St Etienne.

Le 31 décembre 2012, dans la matinée, alors qu’il était en service en bleu de travail, qu’il était dans le plan de charge marqué en renfort, JPL a laissé un courrier dans son véhicule FT puis il s’est allongé sur la voie ferrée entre St Etienne et Lyon et son corps n’a été découvert que plusieurs heures plus tard.

 

Madame la Présidente du CCUES, cela ne s’est pas passé en 2009, mais le 31 décembre 2012.  Le fait que le drame soit intervenu pendant les heures de travail, la   teneur des mails de JPL   sont des éléments déterminants qui font le lien entre son suicide et le travail. 

Pourtant, le Directeur de l’UI Lyon le 31 décembre 2012 a dans la précipitation communiqué sur le fait que JP Louat avait un cancer, que c’était bien triste mais que FT n’y était pour rien.  Ce qui s’est révélé parfaitement faux. Ce même Directeur, certainement en phase avec la politique de l'entreprise, aujourd’hui encore refuse en CHSCT de reconnaitre ce décès comme accident de service ; il se réfugie derrière une commission d’enquête du CHSCT dont le rapport sera envoyé à la commission de réforme   pour avis. La déclaration d’accident de travail ou de service n’a toujours pas été faite 15 jours après les faits tragiques

Tous ces faits parfaitement insoutenables montrent qu’il y a loin de la coupe aux lèvres. Le contrat social à FT est sans nul doute un beau document pétri de bonnes intentions mais la réalité  résiste :  malgré le baromètre  et les certifications sociales qui l'entreprise ne cessent de faire valoir, les salariés continuent à mettre fin à leurs jours , et, en ce qui concerne Jean-Pierre, il s’agit d’un acte en  lien avec le  trucage  des indicateurs de production pour  qu'ils  apparaissent  bons.

Par ailleurs, la promotion demeure toujours aussi injuste dans cette entreprise puisque JPL, considéré ou reconnu comme le meilleur TEC de son équipe, n’avait bénéficié tout au long de sa très digne et très vertueuse carrière que d’une promotion 2.2-> 2.3 à l’âge de 55 ans. Dans le même temps, il a pu mesurer que pour d’autres le ciel était bien plus bleu, les astres plus favorables et les promotions bien plus faciles puisque que son N+1, le Mr X cité dans les mails, avait lui connu  2 promotions successives pour passer de 3.3 à 4.2 en l’espace de 3 ou 4 ans… Cela n’a pu que rajouter un sentiment d’injustice au fait que FT préférait dans ce service truquer des chiffres et rayer l’humain d’un clic informatique – niant de fait le travail (ce que Christophe DEJOUR appelle le travail empêché dans son ouvrage : quand l’amour du travail conduit à l’enfer) et donc l’existence d’un de ses meilleurs salariés. Cet élément de trop a définitivement augmenté le mal être au travail de Jean-Pierre.

Lorsque B. Mettling a déclaré que FT est désormais apaisée et que  les travailleurs  qui ne vont pas bien  sont des personnes  fragiles, il méconnait  gravement la profondeur du malaise qui continue à sourdre au sein de cette entreprise. En l’espace de quelques jours ont eu lieu 2 suicides et une tentative de suicide, cette dernière à l’Isle d’Abeau , celle d’une personne malmenée suite à la suppression d’un emploi dans lequel elle s’était pleinement épanouie et qui depuis errait de galères en galères, de front office en back office, au final de mal  être en tentative de suicide… On connait également une situation d’alerte pour une salariée de la R et D à qui médicalement aucun poste soumis à stress ne doit être proposé, et à qui FT vient de proposer le poste d'un salarié qui vient d'être arrêté suite à surcharge de travail et à burn out ...  JPL n’avait rien d’un être fragile, c’était le TEC le plus performant de son équipe et ce qui l’a tué, c’est le retour ou plutôt la réactivation des méthodes Barberot-Wienes, qui de fait n’ont jamais réellement disparu mais qui sont soigneusement cachées sous le tapis ; c’est l’absence de reconnaissance, c’est le mensonge et le déni quant à son activité, qui ont tué JPL.   Il a été évincé du plan de charge comme s’il n’avait pas travaillé, voire comme il le dit lui-même, comme s’il n’avait pas existé.

Cette entreprise a depuis des années un problème structurel : trop de gens y ont été promus et se trouvent aujourd’hui aux manettes parce qu'ils ont été de bons petits soldats au moment de NeXt, n’hésitant pas à truquer la réalité pour qu’elle corresponde à ce qu’en attend leur hiérarchie.   Les qualités humaines   n’ont que trop rarement eu le droit de citer dans cette entreprise.

On pensait depuis l’arrivée de Stéphane Richard et l’enquête Technologia que les choses allaient mieux.  De fait, sans doute, il doit exister des services où de nouveau les gens vont travailler sinon contents, au moins pas à reculons. Mais il existe aussi des services où les accords signés par l’entreprise et les syndicats ne sont pas mis en œuvre, où les salariés continuent à mourir en raison de leur travail et cela demeure parfaitement et totalement inacceptable. Tant que cela existera, vous comprendrez que l’on continuera de considérer avec énormément de suspicion, toutes les enquêtes, baromètres sociaux, RSE, label top employeurs que vous mettez tellement en avant dans votre communication.  Et que l’on contribuera à faire connaitre par tous les moyens qui sont les nôtres cette suspicion et la réalité profonde qui continue à broyer les salariés.

Lors d’une intervention publique, Mr De Bejarry, vous avez déclaré que l’entreprise était méconnaissable aujourd’hui en 2013 par rapport à ce que vous aviez connu en 2009.

Peut-être est-ce vrai au niveau de la Direction générale, ça ne l’est malheureusement pas sur le terrain et le décès de JPL en est une très malheureuse illustration – et une bien triste confirmation.

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