Plan de départ volontaire à SCE : notre analyse au CSE Central

michel dana
Par Michel Dana
Elu du CSE Central

Mesdames, messieurs

Lorsque vous êtes venus devant cette instance présenter votre vision de l’activité B2B à la fin de l’année 2022,  la CFE-CGC Orange avait fait une déclaration qui disait essentiellement trois choses :

  • Cette réorganisation, pour nécessaire qu’elle était, n’allait pas nous faire retrouver un niveau d’EBITDAal satisfaisant
  • Qu’il y aurait donc de la casse sociale
  • Et que nous ne pourrions pas faire de croissance externe, seul moyen de participer à la consolidation du marché des ESN en cours pour consolider et accroitre nos parts de marché.

Vous n’avez pas jugé bon de nous répondre à l’époque, mais vous revenez avec un nouveau plan 3 mois après la mise en œuvre de cette réorganisation, plan qui confirme totalement notre analyse.

  1. La profitabilité de notre organisation continue à se dégrader de plus en plus rapidement
  2. Vous nous proposez donc un plan social visant à supprimer 669 emplois sur SCE, rappelons que ces 669 emplois s’ajoutent au 1000 qui ont disparu du périmètre de SCE entre 2020 et 2022, et aux TPS signés en 2022 dont nous n’avons pas encore officiellement la connaissance exacte (la presse évoque un chiffre de 900), au total ce sera donc pas loin de 25% à 30% de l’effectif qui aura disparu depuis 3 ans.
  3. Et évidemment, dans la situation où nous sommes, il est difficile de mobiliser des capitaux pour faire de la croissance externe.

Tout d’abord, je voudrais signaler que la façon dont la direction d’OB a communiqué vers ses managers et a laissé fuiter des infos vers la presse a été particulièrement contreproductive.  Depuis une semaine les élus de SCE sont assaillis de questions de la part des salariés qui se demandent si ils sont visés par le plan proposé, si ils pourront partir (alors qu’ils ne sont pas dans le périmètre SCE, par exemple a DEF ou en filiale), qui nous posent des questions sur les modalités des départs.. Ce n’est pas la première fois que vous agissez ainsi vis-à-vis du CSEE de SCE, mais là vous avez aussi court-circuité le CSEC... Je pense que nos collègues élus des autres divisions apprécieront, et j’invite le bureau du CSEC à prendre toutes les mesures pour faire respecter les prérogatives de l’instance.

Par ailleurs, inutile de dire que pendant que tout un chacun s’interroge sur son avenir personnel, il n’est pas en train de travailler pour nos clients.

Ne nous le cachons pas, les deux premières parties de votre document n’apprennent pas grand chose aux représentants de SCE qui siègent dans cette instance,  mais l’ensemble des élus sera peut-être interpellé par l’ironie de la situation, en effet en 2.3 vous écrivez :  « Nos positions sur notre cœur de métier Telco est un facteur de fragilité » alors que le plan stratégique du groupe affiche la nécessité de se recentrer sur ces activités… OB a-t-il encore une place dans le groupe Orange avec de telles divergences stratégiques ?

La partie 3 de votre présentation permet de rentrer dans le cœur du sujet, il y a enfin des données économiques. On y parle de revenus, on y parle de la marge et de son érosion, mais curieusement on ne parle pas de la structure des coûts, ni de leur évolution, enfin si, on en parle globalement, mais ce qui intéresse les élus, c’est de savoir comment ils se répartissent. Vous ne parlez que de réduction de la masse salariale, mais il y a certainement d’autres mesures d’économies à faire ailleurs, car comment justifier de maintenir autant d’immeubles de bureaux alors qu’avant le plan que vous nous soumettez, nous aurions déjà perdu pas loin de 2000 salariés depuis 2 ans... Pourquoi accepter de payer des postes de travail au tarif de la DISU alors que les filiales que nous avons rachetées avait des coûts d’infogérance 4 fois moindre…ce sont deux exemples parmi bien d’autres. Et je ne parle pas du scandale des mauvaises productions de fibre qui nous coutent une fortune pendant que nos collègues d’Orange France nous les facturent (rappelons que la part OF des salaries de DEF est de 145% quand celle de SCE atteint péniblement 74%), sujet qui parait-il est traité à haut niveau mais dont nos clients attendent encore la concrétisation en terme d’efficacité opérationnelle.

Il nous semble donc indispensable et urgent qu’avant tout plan social nous ayons une vision claire de notre stratégie industrielle, sur la structure de nos coûts, en particulier des interconnexions avec le reste du groupe ; qu’un véritable audit soit fait sur les services rendus à OB, et qu’ils soient mis en concurrence avec les prix pratiqués par les autres acteurs du marché… les salariés de votre périmètre comprendraient assez mal d’être maltraités pendant que leurs collègues s’enrichissent sur leur dos. Une bonne illustration de cette situation vient d’ailleurs de se produire dans notre filiale dont les salariés ont été privés d’intéressement par une subite augmentation des SG&A facturés par le groupe.

Et personnellement, je pense qu’il serait judicieux de mandater notre commission économique pour pratiquer une telle analyse. La CFE CGC n’est pas opposée par principe à ce que nous fassions des efforts, mais ces efforts doivent être équitablement répartis entre tous les acteurs internes de notre écosystème économique.

La dernière partie de votre document est évidemment celle qui ne manquera pas d’interroger le plus chaque salarié du périmètre SCE, chacun se demandant s’il est concerné ou pas, dans la mesure où le document reste très vague sur les attendus et les offres concernées, mais est étonnamment précis sur les familles de métiers et le nombre de postes supprimés.

Alors que le travail sur le pruning du catalogue commence tout juste et que votre organisation mise en place en début d’année est encore en train de se roder, vous êtes donc capables d’anticiper ses résultats et d’évaluer les postes qui vont sauter, peut-être même avez-vous déjà identifié les personnes concernées, par exemple toutes les personnes qui pourraient déjà être à la retraite, ou celles qui auraient pu être éligibles au TPS et qui ne l’ont pas pris. Sans une clarification rapide de vos critères, vous serez nécessairement soupçonnés d’avoir ciblé des personnes plutôt que des postes. Il est bien évident que dans le débat national actuel sur l’augmentation de l’âge des départs en retraite et l’emploi des seniors, une telle réalité ne constituerait pas la meilleure publicité possible pour l’entreprise et les valeurs qu’elle prétend porter.

Là encore, nous pensons à ceux qui partiront, mais aussi à ceux qui resteront et devront gérer le choc organisationnel, conséquence de l’hémorragie des départs que vous allez créer, car la simplification, ça ne se décrète pas, le pruning, ça prend du temps, la fermeture des services et la migration des clients, c’est compliqué, et surtout c’est cher et ça ne rapporte pas de nouveau CA. Si vous faites les choses dans le mauvais ordre, vous devrez prendre des externes pour faire ce que nos collègues qui seront partis auraient pu faire, générant des coûts complémentaires et de la surcharge de travail pour les équipes. Et annoncer à un certain nombre de personnes qu’ils vont devoir nous quitter n’est sans doute pas le meilleur moyen d’en tirer le maximum de productivité.

Nous souhaitons donc que vous revoyiez votre copie, en proposant des scenarii qui prennent en compte l’ensemble des paramètres économiques qui sont à votre disposition, ainsi qu’un séquencement logique des opérations à mener pour redresser la rentabilité de votre secteur. N’oubliez pas que même si la rentabilité de SCE s’érode rapidement, c’est encore l’entité la plus rentable au sein de votre périmètre, et que tuer la poule aux œufs d’or trop vite pourrait aussi précipiter votre division dans des abysses économiques qui pourraient conduire le groupe Orange à se séparer purement et simplement de ces activités.

Nous souhaitons aussi que la commission économique du CSEC se saisisse de ce dossier et analyse les marges de manœuvre disponibles, ainsi que la capacité de la division à se redresser durablement une fois cette étape franchie.

Et pour conclure, voici une liste de questions pour le président du CSEC ou pour notre directrice..

  • Quel est l’impact de ce projet sur deux autres qui ont été présentés ces derniers mois au CSEC : Ancrage Territorial pour la DEF, et création d’une DIEE réunissant les équipes d’intervention des UI et des UPR pour le segment entreprise ?
  • Est-ce que les promesses de reclassement interne contenues dans ces différents projets restent valables, dès lors que toutes les entités annoncent des réductions d’effectifs ?
  • Comment le projet présenté pour OB / SCE se décline-t-il au périmètre de la DEF, alors que les offres désignées comme déclinantes constituent le cœur de l’offre des agences entreprises ?
  • Pouvez-vous présenter une version actualisée de la GEPP au périmètre d’Orange SA, incluant le résultat des différents projets qui ont été ou sont présentés au CSEC, et à quelle date ?
  • A l’issue de ces différents projets, quel sera l’effectif d’Orange SA ? et celui de ses filiales du périmètre entreprise ?
  • Pourquoi ne pas faire coïncider les périmètres économiques et hiérarchique en intégrant les Agences Entreprises dans une entités unique OB?
  • Quel doit être le mix produit de l’offre d’OB pour profiter du développement du marché lié à la Numérisation des Entreprises en Europe (services Cloud, Cybersécurité, analyse de données, conseil …) à quel horizon ?
  • Comment faire d’Orange Business (Services) une Entreprise de Service Numérique leader ?
  • (Question d’un investisseur lors du Capital Market day) : « Orange Business relance sa stratégie : en Europe, on voit peu de succès des stratégies B2B des opérateurs, sauf KPN qui a baissé ses tarifs. Qu'est-ce qui est différent dans l'approche d'Orange ? Pourquoi avez-vous confiance en votre plan stratégique pour le segment Entreprise ? »
  • Quelles sont les ambitions d’une croissance inorganique d’Orange dans la Cybersécurité ?
  • Quand vous aurez achevé la transformation d’OB, quel sera le profil de cette entité ? Quelles seront les activités qui resteront dans orange SA, quelles seront les activités qui resteront en France, et quelles seront celles qui seront offshorées dans des pays à bas coût ?

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