La tension en 2500 pages - résultats de l'enquête du CNPS
Rédigé par Stéphanie CRESPIN le . Publié dans INNOV.
L’enquête triennale est menée par le Comité National de Prévention du Stress (CNPS) depuis 2012.
Entre 2021 et 2024, les principaux indicateurs de risques psychosociaux sont tous orientés à la baisse. Une sévère sanction de la politique sociale (et l’absence de stratégie) de la Direction la tête d’Orange depuis début 2022.
La Direction nous présentera cette enquête concernant Innovation de façon exhaustive, mais aujourd’hui, le CSE sur les sujets SSCT, dont le rapport des médecins du travail est adéquat pour commencer à aborder certains points clés.
1 Un immense besoin de s'exprimer et d'être écouté
Avec plus de 32 000 réponses des personnels du groupe Orange en France, le taux de participation global 2024 est en forte hausse 55% (au lieu de 45%) pour la maison mère et en légère baisse pour les filiales. L’intérêt pour cette enquête illustre le besoin des collaborateurs de s’exprimer sur leurs conditions de travail. Les 2 500 pages de réponses à l’unique question ouverte soulignent une tension chez un nombre croissant de personnels.
La libération de la parole depuis l’alerte de la CFE-CGC en novembre 2024, sur la forte
dégradation de la situation sociale depuis l’arrivée de la nouvelle Direction est un instrument indispensable pour éviter les drames humains. Cette enquête y contribue.
Questions : comment allez-vous organiser le travail pour que les managers d’Innovation prennent connaissance de cette réalité ? Comment allez-vous nous présenter une synthèse de ces verbatims lors du CSE de mai ?
2 Une aggravation spectaculaire de l'inquiétude pour l'emploi
L’insécurité professionnelle en légère croissance en 2021 connait une accélération.
A la question « ma sécurité d'emploi est menacée », le score chute de manière spectaculaire de 33 points, ce qui le ramène en deçà des résultats de 2009. 67% des salariés considèrent « être en train de vivre ou s'attendre à vivre un changement indésirable dans leur situation de travail ».
Sur le périmètre Innovation, « ma sécurité emploi est menacée »
Le chiffre était de 23% en 2021, en 2024 il monte à 54 %, ce qui est énorme. Nous demandons à ce que Mr Zerbib s’engage sur un plan d’actions. Les Paroles lénifiantes ne suffisent pas. La Direction Innov doit regarder la réalité de ce que vivent les salariés de la division.
Pour mobiliser la matière grise et l’engagement professionnel des plus de 3000 cadres supérieurs de Innovation, comment rassurer et donner des perspectives concrètes.
Question : quel plan d’actions allez-vous présenter au CSE de mai pour améliorer cet état de fait, et arrêter d’ignorer la réalité ?
3 La fierté d’appartenance à Orange chute de 19 points en 2024
La fierté d'appartenance, même si elle reste positive, connait une baisse importante par rapport à 2021. Comme dans la période Lombard…
Le phénomène trouve en partie son origine avec la mise en place d’un Plan de départs volontaires (PDV) sur le périmètre OBS-SCE, une première dans l'histoire de l'entreprise.
Orange a également connu un certain nombre de situations de suicides, et la requalification d’ores et déjà pour l’un d’entre eux en accident du travail par la CPAM est une première depuis 13 ans. Face au déni de la Direction, qui a agressé les représentants du personnel en les accusant d’instrumentalisation tout en faisant preuve d’un manque d’empathie, ces situations ont suscité une émotion légitime parmi l’ensemble des collaborateurs.
« Je conseillerais mon entreprise à mes proches pour y travailler ». Pour Innovation le chiffre passe de 74% (en 2021) à 50% en 2024. C’est grave et assez brutal.
Question : quelles mesures concrètes pour redresser la barre ?
4 Un management de proximité, un pilier social reconnu
Dans le rapport Des Médecins, il est écrit page 26 :
« Charge de travail et conditions de travail des managers de proximité
Nous portons une attention particulière aux conditions de travail des managers de proximité notamment en ce qui concerne leur charge de travail. En effet, en plus de leur mission, de plus en plus de tâches leurs sont dédiées (tâches et gestion administratives). La charge mentale des managers de proximité, très impliqués au quotidien pour accompagner les équipes sur le plan opérationnel et humain, se majore.
Ils se trouvent parfois dans des situations de conflits de valeur lorsqu’ils doivent relayer une stratégie qu’ils ne comprennent pas ou qui ne fait pas sens dans leur réalité de travail.
Les managers rapportent également des injonctions paradoxales dans leurs tâches et un manque de moyens (ressources humaines : départs non remplacés et ressources matérielles), alors que par ailleurs l’activité ne diminue pas voire s’exacerbe avec une pression des clients (filiales, pays, Orange France) et une compétitivité toujours plus accrue.
Le management à distance avec impossibilité de se déplacer pour rencontrer leurs salariés (restriction des budgets) peut engendrer chez certains d’entre eux un sentiment de conflit éthique et de ne pas être équitable vis-à-vis de tous leurs salariés. En effet, ces responsables n+1 ont un sentiment de mieux accompagner les salariés en leur proximité que les autres. »
Dans l’enquête, sur le sujet « Un management de proximité, un pilier social reconnu »
L'indicateur du soutien hiérarchique progresse régulièrement depuis 2012 et s’améliore encore en 2024. Au quotidien, les managers de proximité sont toujours appréciés (une partie d’entre eux avait refusé l’application de la politique du 0% d’augmentation salariale pour un tiers des personnels voulue par le DRH Groupe). Mais dans les moments où ils portent le plus la politique de l'entreprise, la relation se tend.
Globalement, les managers de proximité considèrent être écoutés de leur propre hiérarchie, mais leur ressenti de pouvoir influencer les transformations se réduit. Seulement 61% pensent que « leur avis est réellement pris en compte ».
Le top management est déconnecté de la base
Question : quel plan pour soutenir les managers de proximité, pris entre le marteau et l’enclume ? si eux commencent à craquer, l’entreprise ne tiendra plus, au vu de leur rôle essentiel.
Par Maxence d'Epremesnil