rachat de Arkadyn par NTT : le conferencing vampirisé par la concurrence

La CFE-CGC/UNSA a fait le 30/08/2013 une déclaration préalable au Comité d'Etablissement SCE pour alerter les élus et la direction sur un manque de stratégie dans l'un de nos secteurs de relais de croissance.

Le 5 août 2013, l’operateur NTT annonçait qu’il procédait au rachat de 91,2% de la pépite française Arkadin, 3^e fournisseur mondial de services de conferencing. La presse et les autorités gouvernementales ne se sont pas émues, pas plus qu’elles ne se sont émues pour la vente d’Etrali. Après tout Arkadin est bien moins médiatique que Dailymotion.

Il se trouve que Arkadin est un partenaire stratégique de Orange Business Services. Le marketing OBS, sur décision de la division avait conclu ce partenariat en espérant sauver son business et son parc clients, tout en s’alignant sur le modèle tarifaire qui lui était imposé par la société Arkadin et le marché, perdant ainsi une partie de son indépendance technico-commerciale pour n’avoir pas su anticiper les évolutions du marché. Les investissements industriels, notamment le passage à l’IP qui auraient permis à la division de conserver son autonomie sur ce business et anticiper le nouveau modèle tarifaire avaient été retardés, préférant investir dans 20% du capital  d’Arkadin , et leur confiant la prestation technique de conferencing (qui est quand même dans notre cœur de métier d’opérateur) , ainsi que l’accès à nos clients par leurs forces commerciales. C’est évidemment un pur hasard si M Marc Blanchet, qui dirigeait GS à cette époque était simultanément membre indépendant du CA d’Arkadin.

Rappelons aussi que Arkadin est une entreprise qui emploie de nombreux anciens salariés de notre groupe, dont M Jaubert qui aura en charge la relation avec les Telcos, et qui connaissait donc particulièrement bien nos business models, nos faiblesses et notre désorganisation, ce qui a pu nous conduire à accepter des clauses surprenantes, pour ne pas dire abusives avec cette entreprise

Par cette opération Arkadin accroissait donc mécaniquement sa valeur et tout un chacun intéressé à la question savait que leur but ultime était de se faire racheter par un gros opérateur.

Plus surprenant encore, Orange décidait de basculer l’ensemble des ponts de conférence utilisés pour l’usage interne (via Coopnet par exemple) sur les infrastructures d’Arkadin, leur procurant une forte augmentation de leur volume de trafic, et leur permettant d’accroitre facilement leur valeur. Demain ce sera donc un opérateur concurrent , NTT qui sera le prestataire de nos ponts de conférence internes, ce qui, au-delà du problème économique, pose dès à présent un problème évident de sécurité et de confidentialité.

Le rachat de 91,2% par NTT du capital d’Arkadin, indique sans aucun doute possible que Orange a décidé de revendre sa part. Ceux qui ont pris cette décision au sein du groupe avaient-ils bien mesuré l’ensemble des impacts industriels et sécuritaires pour notre groupe au-delà de la simple plus-value financière à court terme ? Si nous en croyons les réactions de la DSEC à cette affaire, non consultée préalablement à cette transaction, il est permis d’en douter. Par ailleurs OBS était en train de négocier un contrat de collecte mondial du trafic d’Arkadin pour 4 milliards de minutes par an, ce contrat ira à terme à NTT pour plusieurs millions d’euros par an.

Les élus de la CFE-CGC/UNSA demandent à la direction quelles mesures elle compte prendre pour pallier immédiatement au problème de la sécurité de nos communications internes, si elle compte se désengager définitivement de ce secteur d’activité en se cantonnant dans la revente à faible marge de prestations opérées par nos compétiteurs (NTT, PGI, Webex, Microsoft ?) Elle souhaite aussi savoir pourquoi nous n’avons pas racheté nous-même cette entreprise avant que sa valeur ne croisse exagérément de par le développement de CA que nous lui avons offert.

Les élus de la CFE-CGC/UNSA se demandent aussi comment les clients de OBS réagiront quand nous leur expliquerons que leurs communications seront susceptibles d’être écoutées par les Japonais, après que leurs données aient été mises à disposition de la NSA.

La CFE-CGC/UNSA demande aussi à la Direction de se positionner sur la présence de salariés de la société ORSON, filiale commerciale de la société Arkadin, au sein de nos locaux.

Dès son début, l’intérêt pour notre groupe de ce partenariat stratégique avec Arkadin était difficilement compréhensible pour les salariés d’OBS qui suivaient ce dossier ; sa conclusion industrielle montre qu’une fois de plus, les salariés sont plus clairvoyants que la Direction sur la partie de Monopoly mondial qui est en train de se jouer dans le secteur des télécoms. Et nous espérons qu’il ne s’agisse que de maladresse voire d’incompétence, et non pas de turpitudes plus inavouables qui relèveraient de l’éthique et du conflit d’intérêt.

La CFE-CGC/UNSA demande à la direction de répondre à nos questions économiques et techniques sur le dossier ARKADIN

La direction n'a apporté aucune réponse en séance