Les relations humaines au cœur du dialogue social.

Les relations humaines au cœur du dialogue social.

Xavier Moulins – DRH Groupe du Groupe Eurotunnel.

Xavier Moulins pose d’emblée les prérequis du dialogue dans sa définition: « Le dialogue présuppose par nature et a minima la relation de deux parties prenantes soucieuses d’entrer en communication.

Le dialogue social en entreprise pose ainsi assurément le postulat d’une interaction entre les hommes et les femmes qui la composent, qui la dirigent, qui y travaillent.

Il apparait dès lors naturel de plaider avec conviction pour la valorisation des relations humaines au service du dialogue social.

Le dialogue social comme levier de la performance durable

Parce que ces hommes et ces femmes sont au cœur du projet d’entreprise, parce que ces hommes et ces femmes dans leur mobilisation quotidienne sont les catalyseurs et les accélérateurs de son succès ou de son échec, parce que, afin de leur donner l’envie et le sens de l’engagement, la capacité du dirigeant et des managers de l’entreprise à échanger avec eux, directement et/ou par le truchement de leurs représentants, est essentielle, oui, dès lors et indiscutablement, les relations humaines semblent bien être au cœur du dialogue social, dialogue social en tant que déterminant puissant au service de l’engagement.

Définitivement en effet, le dialogue social doit ainsi être apprécié à sa juste valeur : à savoir, comme un levier essentiel au service de la performance durable des entreprises et de la mobilisation des femmes et des hommes qu’elles emploient.

Pour cette raison, le dialogue social se doit ainsi d’être au cœur, des préoccupations du management de l’entreprise - dans son acception élargie allant du « top management » au « middle management » -, approprié par celui-ci avec conviction, car convaincu qu’il renforce l’adhésion des salariés à un projet commun et, par induction, le sentiment d’appartenance à l’entreprise.

Les relations humaines au cœur du dialogue social

Et c’est justement parce que ces relations humaines en forment le noyau dur que le dialogue social n’en est que plus riche mais aussi plus complexe, tantôt plus puissant, plus constructif s’il est de qualité, et tantôt plus fragile plus destructeur s’il est négligé.

Nourri de relations humaines, le dialogue social interroge à ce titre immanquablement des notions d’intuitu personae et de confiance, des qualités d’écoute et de partage, des aptitudes à la transparence et à la conviction autant d’éléments, de prérequis, qui s’apprécient, se jaugent, se renforcent. Autant de concepts, de notions, où la part de l’Humain est primordiale.

C’est dans cet environnement pluridimensionnel, aux multiples acteurs, aux multiples espaces d’expression, où, de plus en plus, le temps long du projet et de la vision est régulièrement confronté aux temps courts de la décision et de la nécessaire réactivité pour faire face aux incessants changements de notre temps, que la qualité des relations humaines doit s’exprimer avec acuité.

Préférer la complexité de l’humain à celle de la norme

En ce sens, toujours au service d’un dialogue social efficient et pertinent, la relation humaine, certes source de complexité, doit être indiscutablement préférée à un dialogue social envisagé sous un angle exclusivement juridique. Il faut dès lors préférer avec conviction et détermination la complexité de l’humain à celle de la norme, la complexité et la singularité de l’Homme à celle des structures et des process.

En ce sens aussi, le dialogue social n’est pas uniquement l’affaire d’une fonction, n’est pas uniquement la mission d’un DRH, d’un directeur des relations sociales, n’est pas exclusivement une affaire de respect de normes, n’est pas et ne doit être l’expression de la soumission résignée à une contrainte ou à un mal nécessaire mais le dialogue social doit incarner une dynamique humaine volontariste et authentique d’échanges et de partages au service d’un objectif commun de performance économique et sociale.

Créer de la confiance sur le long terme

Parce que le dialogue social et les relations sociales qu’il sous-tend sont intrinsèquement avant tout des relations humaines, celles-ci exigent ainsi de la proximité, de l'écoute, de la fréquence, autant de leviers et prérequis déterminants pour créer la compréhension mutuelle et la confiance sur le long terme, quels que soient le lieu, le niveau ou le temps pendant lequel elles s’expriment.

En d’autres termes, les relations sociales ne peuvent définitivement pas se résumer aux normes qui les encadrent, aux instances qui les structurent…

Le dialogue social, ce sont avant tout des Hommes qui se parlent, qui cherchent à se comprendre, à penser ensemble, à agir ensemble, à satisfaire leurs besoins, leurs objectifs.

Négliger l’Homme au sein de l’instance de représentation du personnel, prioriser l’instance ou l’institution à l’humain, considérer le processus de dialogue   uniquement   sous   l’angle   d’instances   ou   de   structures   qui dialoguent entre elles seraient un écueil fatal, et pour le dialogue social, et pour la performance de l’entreprise dont il est un levier.

La légitimité par la qualité des relations

Le sujet dimension humaine dans les relations sociales interroge par ailleurs incidemment et automatiquement une autre dimension : celle de la légitimité. Légitimité des partenaires sociaux, des parties prenantes entre lesquels ce dialogue s'instaure.

La légitimé de ceux qui discutent, de ceux qui construisent ce dialogue social, ils peuvent certes, ab initio, la tenir des instances, des structures qui les désignent, en revanche, ils ne la maintiendront, ne la renforceront, et ne l’amélioreront qu’en fonction de la qualité de leurs relations au quotidien.

C’est parce que leurs relations seront de qualité que le dialogue social sera le levier de performance attendu et que la légitimité des acteurs sera indiscutable.

Renforcer la qualité des relations humaines au cœur du dialogue social sert donc à la fois des impératifs d’exigence, de performance et de légitimité des acteurs sur la durée.

On le voit : les relations humaines sont au dialogue social à la fois son matériau de construction et l’huile nécessaire à son bon fonctionnement.  

Plus   que   d’être   au   cœur   de   celui-ci,   elles   en   sont   philosophiquement l’essence. Elles le justifient et le font vivre. Les négliger reviendrait dès lors à dénier l’existence et l’importance de ce dialogue social.

Promouvoir les relations humaines au cœur du dialogue social, c’est à la fois une idée qu’il faut défendre, une ambition qu’il faut nourrir, un besoin qu’il faut satisfaire.

Et c’est aussi sûrement, à l’instar d’Antoine de Saint Exupéry, avoir la ferme conviction que « La grandeur d'un métier est peut-être, avant tout, d'unir les hommes » mais qu’ « il n'est qu'un luxe véritable, et c'est celui des relations humaines. »

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