Orange : des salariés actionnaires veulent chasser Bpifrance du conseil - La Tribune
Rédigé par Hélène MARCY le . Publié dans Dans les médias.
L’Association pour la défense de l’épargne et de l’actionnariat des salariés d’Orange (Adeas) et la CFE-CGC de l’opérateur historique, qui pèsent ensemble 5% du capital, demandent la révocation de Bpifrance du conseil d’administration du groupe lors de la prochaine assemblée générale, le 4 mai 2018. Ils brandissent un risque de conflit d’intérêt estimant incompatible la présence de Bpifrance, via son PDG Nicolas Dufourcq, au conseil, alors qu'il est aussi présent au capital de Kosc Telecom, un nouvel opérateur concurrent dans les télécoms d’entreprise.
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Selon eux, il est inacceptable que Bpifrance - qui possède encore un peu plus de 13% de l'opérateur historique - soit présente au conseil de l'opérateur historique, alors qu'en parallèle, elle investit dans un nouveau concurrent direct d'Orange sur le marché des télécoms d'entreprise, Kosc Telecom. Ils invoquent un risque de conflit d'intérêt.
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Président du syndicat CFE-CGC, Sébastien Crozier juge qu'il y a pourtant un risque de conflit d'intérêt. "Le problème, c'est qu'en siégeant au conseil d'administration, Bpifrance a accès à toutes les données du marché entreprise d'Orange, comme les taux de marge", précise-t-il. En clair, ces informations pourraient, selon lui, nuire à Orange si elles devaient tomber dans l'escarcelle de Kosc Telecom. Pour rappel, Kosc Telecom est un nouvel entrant sur le marché des télécoms d'entreprise. Né en 2016, le groupe a bénéficié du soutien de Bpifrance en mars dernier, qui y a injecté 9 millions d'euros.
Interrogé par La Tribune, Kosc Telecom affirme que Bpifrance a investi 4 millions d'euros en actions (soit 15% du capital de l'entreprise), et 5 millions sous forme de prêt. Directeur d'investissement chez Bpifrance, Thomas Bouton représente le groupe au conseil de Kosc. En baissant les prix, ce nouvel arrivant veut se faire un nom dans les télécoms professionnelles. Kosc bénéficie au passage de la bienveillance de l'Arcep, le régulateur des télécoms, qui souhaite plus de concurrence sur ce marché à 10,6 milliards d'euros. Sachant que celui est aujourd'hui ultra-dominé par Orange, qui en possède environ 70%.
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Reste que la CFE-CGC comme l'Adeas souhaitent clairement que le patron actuel soit investi d'un troisième mandat. "Nous soutenons clairement Stéphane Richard, affirme Patrice Brunet. Nous avons un PDG qui fait le job, qui porte un dialogue avec l'ensemble des partenaires sociaux". Même son de cloche pour Sébastien Crozier, qui juge que "perdre Stéphane Richard, c'est avoir la certitude d'une déstabilisation d'Orange dans sa performance opérationnelle pour plusieurs années". Ne serait-ce que, d'après lui, parce que sa succession n'aurait "pas été préparée" par l'Etat.
Quoi qu'il en soit, certains rivaux de Stéphane Richard commencent vraisemblablement à envoyer leurs piques. D'après Challenges (en date du 5 octobre), une note anonyme a récemment circulé "dans l'entourage commun du président de la République et de son Premier ministre". Celle-ci tirait à boulet rouge sur le bilan de Stéphane Richard, affirmant, par exemple, que "la France ne peut compter sur Orange pour prendre le leadership européen dans la révolution numérique". Selon le magazine, Stéphane Richard, visiblement remonté, "a fait rédiger une réponse de huit pages qui réfute point par point les accusations". La campagne pour la tête d'Orange est bel et bien lancée.
Extrait de La Tribune - Pierre Manière - 11/10/2017
NDLR : ce ne sont pas l'ADEAS et la CFE-CGC Orange qui détiennent 5% du capital d'Orange comme peut le laisser supposer la rédaction de l'introduction, mais bien l'ensemble des personnels actionnaires d'Orange.
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