«Plus le temps passe, plus la perte d'influence de la CGT est irréversible» - Le Figaro
Rédigé par Hélène MARCY le . Publié dans Dans les médias.
ENQUÊTE - Élection après élection, la centrale de Montreuil perd des parts de marché dans ses places fortes historiques. Le scrutin de décembre dans la fonction publique s'annonce crucial pour Philippe Martinez, son secrétaire général.
Les mauvais signaux s'accumulent pour la CGT, qui a déjà perdu en 2017 sa place de premier syndicat dans le privé au profit de la CFDT. [...] Surtout, le syndicat recule dans ses bastions historiques. [...] chez Orange, lors des élections professionnelles de novembre 2017 pour les instances de représentation du personnel, la centrale de Philippe Martinez a perdu 2,37 point, pour finir 3ème, derrrière la CFDT et la CFE-CGC. Et ce alors qu'elle trustait la 1ère place en 2011 et la 2ème trois ans plus tard. "En 2005, les contestataires, CGT et SUD, captaient presque 60% des voix dans ce qui était France Télécom. Aujourd'hui, ils pèsent quasiment deux fois moins", souligne Bernard Vivier, le directeur de l'Institut supérieur du travail (IST).
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Dans le fond, la centrale de Montreuil n'a jamais su convaincre l'encadrement, peu adepte de la "lutte des classes"[...] "Convaincre les cadres de se présenter sous l'étiquette CGT n'est pas simple, à cause de la répression syndicale, rapporte Cédric Carvalho, délégué syndical central chez Orange. Mais dans les boutiques à Paris, où nous avons eu des listes pour la deuxième fois, nous avons fait 24% des voix dans l'encadrement."
"Plus le temps passe, plus la perte d'influence est irréversible" selon Stéphane Sirot, spécialiste du syndicalisme
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C'est la CFE-CGC [...] qui profite de l'érosion de la CGT chez Orange, EDF, Engie. La CFDT y stagne. Les nouveaux salariés de ces entreprises ont moins de références idéologiques et comprennent moins les clivages entre syndicats. [...] Or la CFE-CGC [est] sur une ligne originale, ni contestataire, ni accommodante. Cela séduit. D'autant que cette organisation part des problèmes concrêts, comme le droit à la déconnexion, le burn-out... [...] Le syndicalisme séduit lorsqu'il articule des revendications concrètes avec une ligne générale.
Extrait de Le Figaro (article principal et analyse de Stéphane Sirot) - 11/01/2018