CE IMTW – séance des 16-17 Mai 2019 : R&D une gouvernance de l’innovation… qui se cherche ?
Rédigé par Philippe VIDAL le . Publié dans INNOV.
À l’heure où l’innovation représente l’un des actifs les plus importants d’une entreprise, la CFE-CGC interpelle la direction sur une série d’indicateurs et de pratiques en contradiction avec des discours aux accents rassurants. Le dossier de « la politique de la Recherche et Innovation de l’entreprise » trace, année après année, le chemin de notre lent retrait de la liste des leaders de l’innovation en cantonnant notre effort d’innovation au juste nécessaire demandé par les marchés financiers.
La CFE-CGC alerte la direction sur une stratégie d’innovation dispersée, peu lisible au niveau du groupe et dotée de moins en moins de moyens au sein de TGI. Nous souffrons au niveau groupe, d’une définition trop floue du périmètre et des activités constitutives de l’innovation
La CFE-CGC ne cache pas son inquiétude lorsque notre directrice annonce que « TGI n’a pas le monopole de l’innovation ni de sa gouvernance » dans une période où sont lancés des grands chantiers de transformation. Si la gouvernance de l’innovation est partout, n’est-elle pas alors aussi nulle part ?.
À cet effet, la mise en œuvre du chantier Vanille, censé « actualiser notre modèle d’innovation issu de NOVA+ » et renforcer « notre capacité à rester pionnier de l’innovation et à contribuer à la création de valeur », n’est pas faite pour nous rassurer.
Alors que le chiffre d’affaires repart légèrement à la hausse, les budgets de l’innovation de TGI sont en constante baisse (862 M€ en 2009 pour 670M€ prévus en 2019), avec un décrochage historique de -9,6% annoncé pour le budget 2019. Et si le domaine de la Recherche semble préservé ces dernières années, n’oublions pas que son budget était de 107M€ en 2014 contrairement aux 89M€ estimés pour 2019.
La stabilité de ces quatre dernières années ne doit pas nous faire oublier la chute brutale du budget de la recherche entre 2014 et 2015. La promesse de la direction d’indexer le budget de l’innovation sur le chiffre d’affaire du groupe n’est plus tenue depuis bien longtemps, car les marchés financiers ne réclament plus un tel effort aux opérateurs.
Selon l'étude "Global Innovation 1000" de PwC, les entreprises françaises représentent 3,7% du total des dépenses mondiales en R&D et 41 entreprises figurent dans le top 1000 de l’étude. La première entreprise française du classement est Sanofi: 19e au niveau mondial, avec des dépenses de recherche et développement s'élevant à 15% de son chiffre d’affaires pour l'année 2018. Classé 11ème en France et 193ème au classement mondial, Orange n’est plus qu’un modeste acteur consacrant 1,7% de son CA à la R&D (et 1,6% annoncé pour 2019). En enlevant les valeurs extrêmes, l’effort moyen de R&D des 10 sociétés françaises qui nous précédent dans ce classement est de 4,5% du CA. De plus, pour la France, la dépense intérieure de recherche et développement (DIRD) ramenée au PIB donne 2,27%. Cela démontre que notre effort de recherche et d’innovation recule également vis-à-vis de la recherche globale française.
Les moyens humains sont également en baisse à TGI (entre -3% et -4,5% suivant la GPEC) mais cette décroissance se double d’une inertie à renouveler les effectifs de TGI et d’un problème de staffing des projets.
Que dire du fonctionnement matriciel exacerbé, du diktat du court terme et des chercheurs sollicités pour leur expertise sur des missions de soutien ?
De plus, on assiste au lent transfert de la production de l’innovation vers les Orange Labs Internationaux (OLI) sur-sollicités et maintenant en position de sélectionner leurs projets tant la demande est importante(en Tunisie par exemple). Seul le domaine de la recherche semble garder une gouvernance lisible et appréciée des acteurs de la recherche ainsi qu’un budget presque stabilisé, mais toutefois en baisse et dont nous ne pouvons pas nous satisfaire. Il n’en est pas de même pour le domaine plus vaste de l’innovation.
Pour la CFE-CGC, il faut impérativement stopper l’inexorable baisse des moyens de la R&D.
Les trop nombreux plans de transformation de l’innovation ne doivent plus se traduire en plan de réduction de nos ambitions et d’épuisement du personnel.
La CFE-CGC milite pour la mise en œuvre d’une gouvernance globale de l’innovation du groupe fortement et visiblement orchestrée par TGI. Avec les éléments dont nous disposons à ce jour, la CFE-CGC pressent que le chantier Vanille renforcera (peut-être !) la gouvernance de l’innovation au sein de TGI mais certainement au détriment de la gouvernance de l’innovation aux bornes du groupe.
