AG des actionnaires : des votes qui comptent
Rédigé par Stéphane Gouriou le . Publié dans Participation, Intéressement et Actionnariat.
L’Assemblée générale d’Orange intervient alors que la « saison des AG » est déjà bien entamée. C’est l’occasion de revenir sur les faits marquants de la saison 2018, présentés lors du séminaire Proxinvest (agence en conseil de vote pour les investisseurs) sur les politiques de vote. Cette synthèse permet de mieux appréhender les enjeux des assemblées générales.
Participation et taux d’approbation
En 2018, dans l’ensemble des AG analysées, la participation des actionnaires au vote des résolutions poursuit sa hausse (68 % des droits de votes sont effectivement exercés), ce qui montre la volonté des actionnaires de participer activement à la gouvernance des entreprises… y compris pour faire entendre leurs critiques. 1 résolution sur 12 est approuvée à moins de 80% des suffrages, et 1 sur 5 à moins de 90%.
Orange figure parmi les 10 sociétés dont les résolutions sont les plus contestées, avec un taux moyen d’approbation de 90,61%. Même si ces taux d’approbation peuvent paraître élevés, le message des actionnaires ne manque pas d’être remarqué, particulièrement lorsque le seuil d’approbation est inférieur à 70%.
La rétribution des dirigeants sur la sellette
En 2018, la résolution concernant la rémunération de Georges Plassat, ex PDG de Carrefour, a été approuvée à 68%. Ce taux d’approbation, associé à l’intervention d’organisations syndicales lors de l’AG, aux questions écrites des actionnaires et aux remarques de Proxinvest relayées par les médias, ont conduit M. Plassat à renoncer à son indemnité de départ de 3,97 M€ le lendemain de l’AG.
Un article récent des Echos confirme qu’en 2019, des sociétés comme Total, Valeo ou Atos ont préféré modifier ou retirer certaines de leurs résolutions, notamment sur la rétribution des dirigeants, plutôt que de subir l'affront public d'un mauvais score.
Notons également que les représentants de l’entreprise sont interpellés sur ces scores lors des présentations dédiées aux investisseurs et aux analystes financiers, qui peuvent les interpréter comme une remise en question de la légitimité des dirigeants. Précisons à cette occasion qu’au sein du Conseil de surveillance du FCPE Orange Actions, c’est bien la disproportion entre le niveau de rétribution des dirigeants et celle des personnels que nous voulons inciter à réduire.
L’implication des représentants du personnel actionnaire d’Orange remarquée…
Les actionnaires ont la possibilité de proposer des résolutions externes (dites aussi alternatives à celles proposées par le Conseil d’administration). Cependant, 5 résolutions externes seulement ont été déposées au sein des sociétés du CAC 40 pour les AG 2018.
Proxinvest souligne et salue le fait que 4 concernent Orange et émanent du Conseil de surveillance du FCPE Orange Actions. L’implication des représentants du personnel dans ce fonds, dans lequel ils sont désormais seuls à voter les résolutions soumises à l’AG, est ainsi démontrée. Ils défendent conjointement l’intérêt des personnels actionnaires et celui de l’entreprise à long terme : la demande récurrente de baisse du dividende (laquelle fait aussi monter le cours de bourse) pour préserver les capacités d’investissement s’inscrit typiquement dans cette approche.
… et confirmée en 2019
Dans un monde financiarisé, l’expression des personnels actionnaires devient donc de plus en plus importante pour influer sur la gouvernance de notre entreprise.
Cette année encore, le Conseil de surveillance du fonds Orange Actions, dans lequel sont logées les actions détenues par les personnels dans le PEG, s’est prononcé contre un certain nombre de résolutions et a proposé des résolutions alternatives. Vous trouverez une explication des résolutions et de nos votes sur le blog de l’ADEAS, ainsi que les questions écrites posées par la CFE-CGC et l’ADEAS. Soyons assurés que les messages seront entendus, sinon écoutés.