En posant la question "à qui appartient l'entreprise ?", la réponse qui viendrait spontanément, en tout cas il y a bien plus de vingt ans, serait : "aux actionnaires". Thierry Chatelier, candidat au siège de représentant des salariés actionnaires du Conseil d'Administration du groupe Orange, par ailleurs membre titulaire du Conseil de Surveillance du fond Orange Actions, apporte une réponse bien plus riche. Il évoque "L'évolution des entreprises, l'évolution de la loi, notamment avec la loi PACTE, font désormais de l'entreprise un Bien Commun." Le candidat présenté par la CFE-CGC précise : "l'entreprise appartient certes aux actionnaires, mais également aux salariés qui y créent de la richesse, aux clients ; également aux fournisseurs." Dans cette vision, le salarié actionnaire est doublement intéressé. "Il y crée de la richesse, et il y dispose son épargne" complète Thierry Chatelier. Lorsqu'on interroge Thierry sur la raison pour laquelle la CFE-CGC prône une baisse des dividendes distribués, il explique : "le dividende, c'est la distribution de richesse aux actionnaires. Une richesse qui pourrait constituer de l'autofinancement pour les projets créateurs de valeur pour l'entreprise." Il complète : "le dividende, c'est du financement à taux zéro pour l'entreprise." Quand nous évoquons le sujet des fonds de pensions, notamment anglo-saxons, qui poussent au versement de dividendes, Thierry Chatelier s'appuie sur son expérience de membre titulaire du conseil de surveillance du fond Orange Actions. Il témoigne : "Ce que veulent en fait les investisseurs, ce qui les pousse à investir, c'est le projet. Les marchés n'attendent pas des logiques financières ou du dividende qui rendent en fait l'entreprise vulnérable." De fait, si les GAFA sont ce qu'elles sont aujourd'hui, c'est bien pour s'être concentrées sur leur projet sans verser aucun dividende pendant plus de dix ou quinze ans
