#février Le mot du mois
Rédigé par Sébastien Crozier le . Publié dans Economie et Réglementation des Télécoms.
Tout autant que le plan stratégique présenté le 16 février dernier, les résultats annuels 2022 ne peuvent que laisser les personnels dans une compréhensible inquiétude.
Avec une croissance de seulement 0,6% du chiffre d’affaire, Orange signe la plus mauvaise performance de son histoire. Car avec une inflation à 6%, c’est d’une baisse de 5,4% du chiffre d’affaire en euros constants dont il faut parler, la plaçant parmi les derniers du CAC 40…
Il en est ainsi du périmètre France (même si l’on tient compte de la perte de monopole du cuivre), dont la croissance est largement derrière celles de Bouygues Télécoms et de Free (7%)
La zone Afrique – Moyen Orient quant à elle continue de croitre… tout juste au dessus du rythme de l’inflation.
Un périmètre surperforme, cependant, et c'est à saluer : Orange Cyberdéfense, qui avec 14% de croissance interne se développe plus vite que le marché (+11%), et atteint désormais le milliard d’euros, ce qui le situe parmi les leaders européens, voire mondiaux.
Maigre consolation pour autant. Car au-delà de l’horizon particulièrement court-termiste (2025) du plan stratégique, il convient d'en dénoncer le manque d’ambition autre que financière : augmentation du cash flow (rendue possible par la baisse des investissements), réduction des coûts, augmentation des dividendes… ce qui évidemment a réjoui ces marchés financiers qui ne voient plus en Orange qu’une vache à traire.
Si les personnels ont été les premiers oubliés de ce plan, la marque, pourtant seule marque unique pour un opérateur télécom de notre taille est aussi perdante.
Surprenante perspective que le recentrage sur l’activité d’opérateur télécom, alors que c’est de là que vient le déclin de notre chiffre d’affaires..
Etonnante initiative, comme étendard de la simplification, que la suppression du mot « Services » d’Orange Business Services, alors que ce changement de nom laisse croire à notre désengagement du service et oblige à des dépenses de Rebranding.
Inquiétantes, ces multiples décisions que prend en ce moment même le nouveau DRH, qui ne connait ni le monde des activités Grand Public, ni celui des infrastructures, ni celui des ESN (Entreprises de Services Numériques) et qui conduisent à maintenir, voire renforcer la complexité.
Jamais « The future is bright, the future is Orange » n’a paru autant éloigné de la réalité.
Des lors, après la mobilisation générale contre la réforme des retraites au destin incertain, il nous appartiendra de nous mobiliser pour sauver Orange du déclin assuré que nos dirigeants lui préparent.
Sébastien Crozier