Déménagement Blagnac-Balma, quand l'économie prime sur la Qualité de Vie et Conditions de travail des salariés

La fermeture du site de Blagnac était connue avec une fin de bail annoncée au 31/12/2025. Le campus doit être libéré par les entités présentes (DTSI, Innovation, FS&F, SCE…). Toutes ces entités, y compris Orange Business, devaient rejoindre le nouveau campus en construction« New Blagnac »., situé à 600 mètres du campus actuel.

Une annonce sera partagée en Info Président de notre CSE début juillet 2023.  Les salariés du site de Blagnac déménageront sur le campus Tolosa à Balma en 2025. La décision est prise. Lire notre article à ce sujet « Déménagement forcé à OBS… ».

Une annonce avec l’effet d’un tsunami dans les équipes !

Historiquement, la majorité des salariés blagnacais sont sur un bassin de vie du côté ou proche du campus actuel. La cartographie sur la localisation partagée lors du CSE par la Direction parle d’elle-même. Le campus Tolosa se situe à l’opposé de Toulouse. Les deux sites de Blagnac et Balma sont distants de 16 km avec un périphérique toulousain saturé matin et soir entre eux.

Alors pourquoi ce revirement de situation ?

Pour la Direction, il s’agit de « Rapprocher tous les acteurs du marché Entreprise » pour une « recherche de synergie » et « gagner en efficacité opérationnelle ». Un même déménagement est d’ailleurs prévu pour nos collègues d’OBS SA, présents eux aussi majoritairement à Blagnac. Finalement, seuls les salariés de DEF sont aujourd’hui à Tolosa.

L’argument de « rapprocher tous les acteurs » est difficilement recevable !

La transformation menée depuis le 01/04/2024 est basée sur l’offshoring. Elle implique un transfert de 30% de notre activité hors de France. Vos élus ont interpellé la Direction sur cette politique paradoxale. Où est la proximité avec nos collègues mauriciens, malgaches qui reprennent notre activité ? Vont-ils aussi rejoindre Tolosa ? 

Ce déménagement se fera au détriment de l’équilibre Vie Personnelle / Vie Professionnelle de la majorité des salariés. Et il aura également un fort impact sur les conditions de travail et à terme, sur le travail réalisé.

Des chiffres ridicules !

La Direction a affiché une aggravation moyenne du temps de trajet de 2 mn pour les trajets en voiture et de 1 mn pour les trajets en transport en commun. Pour vos élus, ces estimations sont inconcevables. Un zéro aurait-il été oublié ? Ou alors le calculateur utilisé pour ces estimations est loin d'être fiable. Quand vos élus ont présenté les estimations fournies par Google Maps, les données n'étaient pas vraiment les mêmes. Les simulations, pourtant réalisées dans une période moins chargée en circulation avec la fin de l’année scolaire, ont donné des temps de trajet bien supérieurs de 15 mn à 20 mn pour se rendre sur le Campus Tolosa par rapport au Campus de Blagnac.

Une réalité d’une rocade saturée bien connue de tous

En janvier dernier, la Métropole Toulousaine a partagé les résultats de l’étude du trafic routier commanditée à l’Agence d’urbanisme et d’aménagement de l’aire métropolitaine, AUA. Cette étude a été réalisée de septembre 2022 à janvier 2023.

Les données sont accablantes pour l’état de la circulation sur le Grand Toulouse et deux secteurs se révèlent les plus impactés : l’Ouest et le Sud-Ouest, les bassins de vie de la majorité des salariés à SCE.  « Le périphérique est saturé huit heures par jour. Le temps de trajet pour parcourir l’intégralité du périphérique est multiplié par 2 et demi en heure de pointe et passe de 60 minutes à 100 minutes certains jours. Dans l’Ouest de l’agglomération, la congestion du réseau structurant est plus forte et démarre plus tôt. Et en heure de pointe du matin, la congestion s’étend fortement sur le réseau secondaire ».

A la lecture de ces résultats et les estimations données par la Direction, il y a un "truc" qui ne colle pas. La Direction s’est enfermée dans sa position en confirmant ses données, qui pourtant ne reflètent en rien la réalité.

Pour faire avaler plus facilement la pilule

Un deuxième argument est avancé par la Direction pour argumenter ce déménagement : le travail hybride facilitant. Aujourd’hui, 79% des salariés de Blagnac bénéficient d’un avenant de contrat de télétravail.  Pour la Direction, le télétravail permettra aux salariés de ne pas se rendre sur site près de 3 jours par semaine, en moyenne. Un deuxième argument qui nous paraît antinomique avec celui de « rapprocher les salariés ». Pour vos élus, il est à craindre que les salariés impactés par cette aggravation du temps de trajet soient sur un temps très limité à leur position de travail.

Des retards au bureau sont prévisibles, retards liés à la circulation, et des départs anticipés pour le retour afin d’éviter les embouteillages. Pour une meilleure organisation et gagner du temps de travail, les salariés feront peut-être le choix de rester en télétravail plus de jours que prévus, un phénomène déjà visible sur des sites parisiens.

La question de la pérennité du télétravail se pose également. Aujourd’hui, il y a un Accord, et demain ? A son arrivée, notre Directrice générale a partagé sa politique et son souhait de réduire le télétravail à deux jours par semaine maximum.

Finalement, le rapprochement des personnels sur un même site géographique risque d’être très théorique.

Avec la transformation en cours et les suppressions de poste, le déménagement vers Balma est vécu comme une estocade par les personnels et ils l’ont exprimé auprès de la CEO lors de sa venue à Blagnac début mars. Lire notre article à ce sujet « Des décisions prises pour un moindre mal »

Vos élus ont alerté à nouveau sur l’impact négatif de ce projet dans la vie quotidienne des personnels :

• augmentation du temps de trajet,
• déséquilibre entre vie personnelle/vie professionnelle,
• un stress majoré par d'autres facteurs tels que l'autonomie dans la gestion du planning et la capacité à se déconnecter. « Quand je refais mon agenda professionnel dans les bouchons, je ne suis pas au bureau mais je suis déjà dans la charge mentale de travail… »

Nous avons rappelé les résultats de l’enquête sur le Stress réalisée par le cabinet STIMULUS en 2023 qui ont révélé que le temps de transport est la quatrième source majeure de stress (inconfort) pour 48% des répondants.

A ce déménagement vers Balma s’ajouteront des conséquences financières avec le surcoût généré par l’éloignement géographique et temps de trajet : des frais de garde, des frais d’essence supplémentaires, l’achat d’un véhicule pour certains pour l’accès à la zone ZFE avec la vignette « Crit’Air ».

Quid de la politique « Carbone zéro en 2040 » ?

Enfin, que devons-nous penser de notre RSE, Responsabilité Sociétale d’Entreprise avec ce choix de campus qui ne tient compte ni de la dimension Sociale, le volet Relation et Conditions de travail, ni de la dimension environnementale avec impact sur l’empreinte carbone lié à l’éloignement géographique du bassin de vie et l’aggravation des temps de trajet.

Densifier jusqu’à quel point ?

Un autre argument de la Direction est de densifier son Plan Directeur Schéma Immobilier. Le campus Tolosa accueille aujourd’hui 1325 salariés. Avec les effectifs d’OB et OBS SA, ce seront 1683 collaborateurs qui travailleront sur le campus en 2025, 335 salariés en plus. Après l’UPR et maintenant OBS SA et OB, ces déménagements à la chaine pour densifier le campus Tolosa nous interrogent. Combien de salariés ce campus hébergera-t-il à terme ? Les aménagements de Tolosa sont-ils pertinents pour cette densification ? 

Nous avons partagé nos alertes à la Direction. Les retours de personnel aujourd’hui sur Tolosa témoignent de grosses difficultés pour se garer avec une arrivée tardive ou après la pause déjeuner, difficultés liées à la capacité des parkings, des espaces de travail ouverts qui n’offrent pas des conditions idéales de concentration avec des salles de réunion préemptées pour trouver du calme… « Bien travailler » à Tolosa n’est loin d’être garanti.

En conclusion…

Dans l'Orange Business de demain, les salariés vont accroitre leurs échanges avec les collègues mauriciens, malgaches, marocains, indiens… Quelle est la logique de rapprocher les acteurs du marché entreprise sur un même campus toulousain alors que le projet de transformation en cours repose sur le transfert massif des activités vers les MSC de l’Océan Indien ?

Les actions de bien-être yoga, des cours de cuisine ou la présence de babyfoot, d’un terrain de pétanque sur le campus Tolosa…, même si elles partent d’une bonne intention, ne contrebalanceront jamais une aggravation de temps de trajet qui dégradera fortement la vie des salariés au bureau ou privée. Et avec les retards au bureau, les personnels de Blagnac n’auront pas trop la latitude d’aller faire une pétanque !

Nous savons que pour faire du bon travail, il est nécessaire d’avoir de bonnes conditions pour le réaliser. L’ANI du 9 décembre 2020, repris par la loi Santé 2021 souligne que «La qualité de vie au travail permet de dépasser l’approche par le risque professionnel en posant un regard plus large sur le travail et ces conditions de réalisation. A cet égard, la qualité de vie au travail et son corollaire la qualité des conditions de travail participent à la qualité du travail et à la prévention primaire.»

Pour vos élus, ce déménagement est l’occasion de mener une véritable démarche de Qualité de Vie et Conditions de Travail, QVCT, ie avec l’implication de tous les acteurs, salariés, la Direction et IRP, et trouver ensemble les meilleures futures conditions de travail pour les salariés de Blagnac. Nous avons demandé à la Direction de solliciter les salariés sur les conditions dans lesquelles ils pourront réaliser leur activité professionnelle et « faire du bon travail », tout en restant en bonne santé.

Nous invitons la Direction à une politique qui tienne compte des conditions de bonne Santé au travail et nous attendons un choix éclairé sur la base des remontées des personnels pour le futur site : aller à Tolosa ou rejoindre New Blagnac ?