Intéressement 2008 : les salariés au pain sec !
Rédigé par Géraldine Héritier le . Publié dans Participation, Intéressement et Actionnariat.
La participation est une rémunération obligatoire dans les grandes entreprises. Elle permet d'attribuer aux salariés d'une entreprise une fraction de ses profits. La loi prévoit les modalités de calcul du montant minimal. Celui-ci peut être augmenté sous réserve d'un accord signé entre la direction de l'entreprise et les instances représentatives du personnel (la CFE-CGC a signé l’accord prévoyant une règle de calcul plus favorable que le minimum légal).
Les sommes ainsi versées se trouvent exonérées d'impôt sur le revenu et elles sont bloquées 5 ans dans des supports d'investissement qui peuvent être variés : actions d'entreprise, comptes courants dans l'entreprise, obligations, portefeuilles diversifiés.
Contrairement à la communication qui en a été faite par la Direction, la participation versée entre 2007 et 2008 n’a pas augmenté de 10% mais de 6%. Elle est même moindre que celle versée en 2005 (!) : 360 millions versés en 2006 au titre de l’exercice 2005. 325 millions versés en 2007 au titre de l’exercice 2006. 345 millions versés en 2008 au titre de l’exercice 2007. La Direction augmente artificiellement le pourcentage versé entre 2007 et 2008 en parlant de : « la participation est en hausse moyenne par salarié de 10% par rapport à 2006 ». La Direction multiplie les effets d’annonces sur les éléments incertains de la rémunération pour essayer de masquer les baisses de pouvoir d’achat sur les salaires fixes.
L’intéressement est un élément de rémunération facultatif et complémentaire qui permet d'associer financièrement les salariés aux résultats et à l'amélioration de la performance de leur société. Son montant est déterminé par l'amélioration de la performance d'une société. Il est mis en place par accord conclu avec les représentants des personnels. La CFE-CGC est signataire de l'accord triennal 2006 – 2008, non dans l’idée de cautionner les objectifs de la Direction mais simplement pour avoir la faculté de contester les modalités de calcul. Le versement de l'intéressement n'a pas de caractère automatique puisqu'il dépend des résultats.
Chaque année la Direction fixe les indicateurs et leurs niveaux retenus. Pour avoir le maximum c’est-à-dire 5 % des rémunérations, il faut atteindre les objectifs de deux indicateurs :
l’indicateur de performance opérationnelle (IPO)
l’indicateur de satisfaction client.
Cela signifie avoir au moins 100 % dans chacun des deux indicateurs. Les résultats sur 2007. IPO : il a atteint 5 242 millions d’euros soit 119 % de l’objectif. L’indicateur de Qualité de Service perçue par les clients : 101,8 %. Le montant versé aux Salariés au titre de leur contribution aux résultats 2007 est de 194 millions d’euros versés en 2008. Cela fait une augmentation de 25 % de l’intéressement par rapport à l’année dernière. La Direction s’est félicitée de cette évolution en oubliant de mentionner que cette augmentation aurait déjà pu avoir lieu l’année dernière.
Pour 2007, nous avons atteint l’objectif de la satisfaction client. La non atteinte aurait signifié l’appel par la CFE-CGC à une expertise extérieure.
L’exigence de la Direction pour l’année prochaine :
L’Indicateur de Performance Opérationnelle (IPO). Le nouvel Objectif IPO en 2008 : 4 974 millions d’euros. Objectif IPO en 2007 : 4 391 millions d’euros. Soit une progression de 13,27 % d’une année sur l’autre. Pour la Direction les objectifs sur 2006 et 2007 ont été atteints trop facilement grâce à des prévisions où elle avait fait preuve de pessimisme sur la décroissance du téléphone fixe (qui représente 42,8 % du Chiffre d’Affaires). Cela a donné lieu à un intéressement trop important selon la Direction…
L’exigence de la CFE CGC pour la défense des Salariés : L’entreprise prétexte une prévision optimiste de l’évolution de la ligne fixe en affirmant que la décroissance sera moins forte pour justifier l’augmentation de l’IPO et diminuer le montant de l’intéressement à verser. Pour autant lors de la NAO (négociation annuelle des augmentations de salaires), la Direction refusait de mettre en œuvre une véritable politique d’augmentation des salaires au prétexte que les résultats 2007 étaient exceptionnels et qu’il fallait rester très prudent pour l’avenir.
Quelle mauvaise foi !
En indexant les rétributions complémentaires sur les résultats financiers, la Direction se sert des salariés pour ajuster ses résultats financiers et complaire à la dictature des marchés financiers.
C’est au niveau de chaque entreprise qu’il existe ou non un accord d’Intéressement. Notons que depuis plusieurs années la CFE-CGC dénonce le caractère contradictoire des Indicateurs des intéressements de FT et d’Orange France. Plus l’un monte, plus l’autre baisse selon la décision des Directions financières de payer rapidement ou non les factures croisées…