France Télécom : encore un suicide

Communiqué du 11 mai 2009

Une cadre d’une quarantaine d’années, salariée de France Télécom, vient de se suicider[1]. Cet événement pose une nouvelle fois la question des conditions de travail dans le groupe.

La Direction refuse de voir le lien entre ces événements et l’organisation du travail. Elle déclare que les raisons de ces actes sont personnelles, parce que le salarié aurait connu des difficultés dans sa vie privée.

L’entreprise vient de se voir attribuer le Label « Responsabilité sociale » pour ses centres de relations clients. Pourtant, en interne, ces centres d’appel (1014 et autres numéros d’appel pour les clients) sont connus pour leurs conditions de travail insupportables: les jeunes recrutés, en situation précaire, ne tiennent pas longtemps et c’est là notamment que France Télécom prétend « recaser » les fonctionnaires âgés, ces techniciens dont elle ne veut plus.

La transformation de France Télécom en société privée a imposé 59 500 départs en neuf ans - de 2000 à 2008. Sur les trois dernières années seulement, 1/5 des effectifs a quitté l’entreprise et 14 000 personnes ont été reconverties, souvent de force, dans les métiers déclarés prioritaires. L’absence de licenciement cache l’impact social de cette transformation ; mais peut-on imaginer une restructuration d’une telle ampleur sans dégâts pour le personnel ?

Les suicides et tentatives de suicides à France Télécom concernent très souvent des salariés âgés, des fonctionnaires qui ont subi des réorganisations de travail lourdes et des changements de métiers forcés. Certains étaient en arrêt maladie, en raison de surmenage voire de dépression.

Ces actes désespérés ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Des objectifs financiers toujours plus élevés à atteindre dans des délais très courts, l’impératif de rentabilité et la diminution drastique des effectifs qui en découle imposent au personnel des conditions de travail inhumaines. Et les indicateurs sont là : un malaise grandissant chez les salariés, des suicides qui persistent.

Les chiffres concernant les suicides dans le groupe risquent de s’alourdir au cours des années qui viennent dans le contexte de la crise économique et, parce qu’en refusant toute responsabilité, France Télécom n’entreprend aucune analyse de ces événements et ne pratique aucune prévention.

L’Observatoire du stress et des mobilités forcées à France Télécom est indépendant de la direction du groupe. Il a été créé en juin 2007 par les syndicats CFE-CGC, SUD, UNSA. Pluridisciplinaire, il est composé de représentants du personnel, sociologues du travail, psychologues et experts du monde du travail. www.observatoiredustressft.org

Contacts :

Patrick Ackermann, représentant syndical SUD : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

Pierre Morville, représentant syndical CFE-CGC : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

Daniele Linhart, sociologue, Directeur de recherches au CNRS : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

Noëlle Burgi, Chargée de recherches au CNRS en science politique : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

[1] L’observatoire a recensé 17 suicides et tentatives de suicide depuis 2008 et 5 depuis le début de l’année chez France Télécom

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