28 et 29 août 2012 : Responsabilité sociale d'Entreprise (RSE 2011)

Intervention CFE-CGC/UNSA :

Pour la CFE-CGC/UNSA, le problème avec la RSE c'est la suspicion légitime qui existe sur le caractère carrément publicitaire de l'exercice, le coté oui-oui chez les bisousnours dans lequel l'entreprise est présentée sous son aspect le plus favorable.
On sait très bien que la que la RSE est utilisée pour les agences de notation et autres officines qui détiennent désormais les clefs, qui définissent l'alpha et l'oméga de notre environnement économique
Mais la difficulté de l'exercice n'est pas de nier ce qui se fait, ce qui s'est fait, ce qui est en perspective de se faire, ce par rapport à quoi la CFE-CGC/:Unsa est fondamentalement favorable mais de dégager ce qui est bien (ce qui va à notre sens dans le bon sens) de l'emballage un peu démagogique et de sa dialectique publicitaire.
Donc, il n'est pas question pour nous de nier tout ce qui est positif mais quand on lit en préambule sous le titre « 15 ans d'engagement » que France télécom-Orange s'est construit sur un socle de valeurs fondatrices qui guident nos principes d'action .. et notre charte de déontologie, adoptée en 2003, qui contribue à diffuser auprès de l'ensemble de nos collaborateurs des principes d'action et de comportement individuel conformes aux engagements du Groupe et aux principes fondamentaux en matière de respect des droits de l'homme, d'environnement ou de lutte contre la corruption....Etc
Quand on lit cela, on se dit que concrètement, c'est bien, bien gentil peut être - mais quand on sait d'où vient FT, qui est désormais citée depuis 2009 partout, comme l'exemple absolu et mondial de la maltraitance en entreprise, nous pensons à la CFE-CGC/UNSA qu'il serait temps d'arrêter les grands discours lénifiants ou alors les réserver à ceux à qui l'exercice est destiné, à savoir les officines financières de notation.
Pour résumer, ce qui est gênant dans le dossier RSE tel qu'l nous est présenté, c'est donc son coté publicitaire, clinquant, marketing, avec des beaux mots, des belles phrases, des belles photos, des promesses dont on ignore au final si elles correspondent à quoique ce soit de réel.
Cela étant, il n'est pas non plus question de nier le rôle fondamental qu'a pu avoir notre entreprise sur l'ensemble de la société dans les 30 dernières années ;
un roman* qui sort ces jours ci et qui fait le buzz dans les media retrace (au travers d'une histoire dans laquelle on reconnait assez facilement un dénommé Mr Niel) les grandes lignes de l'histoire des télécommunications depuis le coup de génie qu'a été la généralisation du minitel - jusqu'aux atermoiements pour défendre à tout prix ce modèle minitel seul contre le reste du monde, cela jusqu'en 1997 où Lionel Jospin a mis un frein au tout Minitel pour laisser se développer Internet qui commençait alors à exploser dans le reste du monde et par rapport auquel la France risquait de prendre un retard considérable.
Tout cela donc jusqu'à l'explosion des années internet et au développement des nouveaux media sociaux du web 2.0 – d'inspiration américaine/californienne, et plus du tout franco française.
Au travers de cet exemple, on voit bien l'influence sociale sinon sociétale qu'a pu être celle de FT.
Pour reprendre par ailleurs un exemple plus contemporain, on ne peut nier non plus que l'utilisation et la combinaison des outils de communication que sont le téléphone mobile, facebook ou twitter ont eu un effet très fort de dynamisation des mouvements sociaux dans ce qu'on a pu - à tort ou à raison - appeler le printemps arabe. Cela étant, dans cet exemple comme dans le précédent, même si France Telecom est fortement implanté en Tunisie et en Égypte, le rôle qu'elle a pu y jouer est à la fois essentiel et à la fois limité à celui de vecteur sociétal, -
*La théorie de l'information - W. Belanger
Dans le détail maintenant , vous allez me dire qu'il y a dans le dossier des indicateurs, par ex le baromètre social s'agissant de reconnaitre et accompagner les collaborateurs, mais ces indicateurs sans forcément être critiquables n'ont pas à ma connaissance fait l'objet d'une quelconque négociation ou concertation et s'ils sont bons, s'agissant du baromètre social, il ne faut pas oublier que demeure beaucoup de souffrance à FT, que l'anxiété des salariés du groupe n'est pas forcément à la baisse (en raison de la pression de la concurrence, baisse de la rémunération variable, baisse des effectifs, fermeture de boutiques, etc...) .
Ensuite : Pareil pour l'empreinte environnementale, le discours est OK, mais après il ne faut pas oublier les conditions dans lesquelles sont fabriquées les téléphones mobiles que l'on vend (certes nous ne sommes que revendeurs), il ne faut pas oublier l'usine Foxconn qui a fait la une des media avec les suicides comme pendant à la crise à FT; il ne faut pas occulter l'épuisement des matières premières indispensables au fonctionnement des téléphones mobiles, le coltan notamment dont les réserves se trouvent majoritairement dans le nord Kivu en Afrique et qui sont à l'origine d'un génocide bizarrement passé sous silence par les media puisque l'appropriation des mines de ce minerai est (ou serait) à l'origine de peut être 6 millions de morts dans cette région.
Par ailleurs, quand on lit « lutte contre le changement climatique », là j'avoue que je ne vois pas trop – si on voulait aller jusqu'au bout de la démarche, il conviendrait si on était honnête et dans l'urgence de rapatrier tous les salariés notamment cadres et cadres sup. que FT durant les années noires de l'ère Lombard à condamné à aller travailler loin de chez eux , ce qui fait que ces gens là balancent dans l'atmosphère à l'insu de leur plein gré des tonnes de CO2, qui contribuent à leur niveau au réchauffement climatique - que l'on commence à mesurer de manière très concrète avec la fonte de la banquise arctique qui a atteint cet été son niveau historique le plus faible, qu'elle va fondre encore d'ici la mi septembre et qu'elle aura selon certains experts complètement disparu l'été entre 2020 et 2050.
Il est aussi annoncé dans le dossier : Maîtriser notre consommation d'énergie pour faire baisser de 20 % nos émissions de CO2 en 2020. OK, c'est bien, mais dans la réalité je vais vous citer un exemple : pour faire des économies, FT décide dans ma DO de fermer un site, là où je suis hébergé, pour économiser le cout de la location ( 250 000€/an).  Donc, les salariés seront relogés dans un ancien central FT où il y a de la place, à 4 ou 5 kms en centre ville, donc à la louche sur un an ça représente en déplacements supplémentaires pour une centaine d'agents une bonne quinzaine de tonnes de C02 supplémentaires.
Entre Chrysalid et la RSE, dans la réalité ça n'est malheureusement pas la RSE qui gagne.
Pareil pour le développement d'une économie plus verte, pour le recyclage des déchets d'équipements électroniques : on ne peut être que favorable à 100% à la récupération et au recyclage des vieux téléphones portables et à encourager nos clients à les rapporter...
Idem pour réduite la fracture numérique avant qu'elle ne devienne une crevasse et ne remplace la banquise, que fait concrètement FT pour réduire les zones blanches et les zones grises afin de favoriser l'accès au haut débit mobiles pour tous ???
Autre question : les media se font écho de l'Éthiopie pays dans lequel FT est ou serait partie prenante et dans lequel l'Internet est parfaitement verrouillé. Que pense FT au titre de la RSE en Éthiopie ???
Etc...
En résumé, et pour conclure, la RSE est un dossier absolument fondamental, il concerne énormément de secteurs de l'ensemble de notre société, ou d'autres sociétés partout où nous sommes implantés dans le monde.
Pour les salariés et pour l'ensemble de la société il est indispensable que l'entreprise soit simplement plus humaine et plus citoyenne.
Le souci, c'est que lorsqu'on emploie ce terme d'entreprise citoyenne, forcément il nous renvoie à l'ère Lombard, où était utilisé un peu à toutes les sauces, comme un gri gri un peu magique.
D'où le relativisme que nous sommes obligés d'avoir à l'égard non pas du principe de RSE, mais de la belle brochure telle qu'elle est construite et éditée.
Pour terminer, on pourrait dire :

1/ qu'au-delà des intentions, on aurait préféré une mesure de la réalité et celle que l'on peut mesurer nous syndicalistes, sur le terrain, est un peu différente.

2/ que RSE bien ordonnée doit commencer par soi même...

Réponse de FT : 

La lettre de RSE vient du terme anglais "social" qui peut se tarduire en français à la fois par social et par sociétal...

S'agissant de Foxconn (sous traitant Apple), c'est Deutsch Telecom qui est chargée d'un audit sur les conditions de travail dans cette entreprise.

Norme ISO 26000 : la RSE s'en inspire et s'en sert de référentiel; la RSE a aussi travaillé sur la crise sociale - on doit trouver un bon compromis entre, par exemple, un déménagement et l'émission de CO2.

S'agissant de l'Ethiopie, des situations hors normes arrivent fréquemment, pas seulement dans des pays difficles (exemple des FADET en France).