« Partageons » : entrée gratuite… sortie payante !
Rédigé par Hélène Marcy & Sébastien Crozier le . Publié dans Participation, Intéressement et Actionnariat.
Chronique d’un échec annoncé
En mars 2014, à la publication des résultats du Groupe, le plan de distribution d’actions gratuites « Partageons» sera officiellement annulé. 17 millions de titres de l’entreprise ont cependant été achetés sur le marché pour servir ce plan… qui ne sera finalement pas déclenché !
Le dispositif, élaboré en juin 2011, prévoyait une distribution d’actions gratuites aux collaborateurs du Groupe. En France, chaque collaborateur aurait ainsi pu bénéficier de 133 actions gratuites en juillet 2015. « Aurait pu », car pour déclencher la distribution des actions, l’entreprise devait atteindre un cash-flow opérationnel cumulé (EBITDA - CAPEX) de 27 milliards d’euros, hors éléments exceptionnels, pour la période 2011 à 2013.
Mission impossible dans le contexte économique, nous l’avions déjà signalé ! L’arrivée de Free Mobile en janvier 2012, et les politiques d’austérité qui plombent l’emploi et le pouvoir d’achat dans tous les pays d’Europe, ont détruit le chiffre d’affaires et les marges des opérateurs de télécommunications, Orange inclus.
A la clôture de l’exercice 2013, les provisions passées en prévision du versement de 17 millions d’actions au personnel seront donc annulées.
Non seulement les objectifs du plan poussaient l’entreprise à baisser ses investissements (CAPEX) au détriment de sa pérennité pour optimiser le cash-flow opérationnel, mais l’annulation des provisions va améliorer le résultat 2013 de 150 millions d’euros de profit exceptionnel. Les personnels ne toucheront donc rien… mais ce profit exceptionnel permettra de justifier, une fois de plus, un dividende mortifère pour notre entreprise !!
La CFE-CGC et l’ADEAS l’avaient dénoncé dès le lancement du plan « Partageons », mais cela n’a pas entamé le cynisme des financiers et de la Direction, qui se moquent pas mal des espoirs déçus du personnel !
17 millions d’actions rachetées en pure perte !
En juillet 2011, la CFE-CGC et l’ADEAS avaient demandé que les actions nécessaires au plan « Partageons » fassent l’objet d’émissions nouvelles en augmentation de capital à l’issue du plan, et non d’un rachat de titres sur le marché, toujours beaucoup plus coûteux. Pourtant, courant 2011, l’entreprise s’est endettée pour procéder à plusieurs rachats d’actions successifs. Les 17 millions d’actions achetées pour près de 210 millions d’euros, pour soutenir artificiellement le cours de l’action, valent aujourd’hui moins de 155 millions !
Comment faire payer ce qui était gratuit ?
Les 17 millions d’actions achetées par l’entreprise seront proposées dans le cadre d’une nouvelle Offre Réservée au Personnel (ORP), en cours de construction. La CFE-CGC demande que cette offre permette au plus grand nombre de souscrire, grâce à des modalités d’abondement intéressantes et des possibilités de transfert depuis d’autres fonds de leur PEG.
Bien évidemment, nous réclamons aussi que soient évités les errements constatés lors de l’offre Orange Success, sanctionnés par une décision du Conseil d’État mais qui n’ont cependant jamais été compensés par l’entreprise, alors que chaque souscripteur a été spolié en moyenne de 800 euros.
Les mécanismes mis en œuvre dans cette nouvelle offre devront assurer la sécurité financière pour les personnels, sans que les banquiers les dépossèdent in fine ni des titres, ni des droits de vote associés, ni des dividendes liés aux actions achetées.
Le dispositif proposé par la Direction s’articule autour de :
- la création d’un nouveau FCPE (Fond Commun de Placement d’Entreprise) d’actions Orange ;
- le lancement d’un plan de souscription à prix préférentiel réservé aux personnels ;
- un abondement associé (en actions gratuites) ;
- un dispositif de sécurisation pluriannuel en faveur des souscripteurs.
L’attribution d’actions gratuites offerte à tous devient donc… un dispositif payant, dont seuls les personnels disposant d’une capacité d’épargne pourront vraiment bénéficier.
Alors que la Direction ne cesse d’enrichir les nantis, la CFE-CGC défend la solidarité et dénonce cette nouvelle iniquité.