08 et 09 avril 2014 : expertise relative au CLOUD
Rédigé le . Publié dans CSEC UES Orange.
Intervention CFE-CGC : Le constat / le contexte
Le marché du Cloud sur lequel Orange souhaite se positionner augmenterait de 40% de 2014 – 2016 dans le monde. Cette augmentation serait plus marquée hors USA avec une poussée de plus de 50%, qu'aux USA avec 28% de croissance.
En Europe, les perspectives seraient fortement dépendantes de la conduite politiques des affaires, de l'intervention (ou non) du politique ; en effet le CA actuel de 11Mds€ pourrait être multiplié par 3 sans intervention ou par 8 avec une politique européenne favorable.
Les fragilités d'Orange
Dans ce contexte, notre groupe lorgne avec convoitise ce nouveau marché en plein essor à la croisée des chemins des réseaux, de l'informatique et du monde des services.
L'informatique est un domaine que nous avons toujours subi sans vouloir nous y plonger réellement. Aux dires de nos dirigeants, elle ne faisait pas partie de notre cœur de métier.
Malheureusement avec l'IP, et la convergence, l'informatique (IT) est omniprésente. Si Orange souhaite aller sur les services, il sera donc nécessaire d'y investir des moyens et des budgets. Seule une mutualisation de ce qu'on s'applique en interne vis-à-vis de clients pourra nous permettre d'atteindre un semblant de ROI. Mais les marges tant dans l'informatique que dans les services sont moindres que pour la partie télécom et supports télécom. L'industrialisation est très difficile aussi car les processus et organisations des entreprises/administrations sont très disparates.
Enfin, le domaine des services nous a été imposé par les clients devenant de plus en plus exigeants. Ils nous ont forcés à accroître le service pour vendre notre offre de réseau.
De plus, Orange doit affronter des mastodontes américains, les over the top (OTT), américains pour la plupart. Ils pourraient s'offrir Orange en signant un chèque sans s'endetter. Ils sont bien implantés sur ce marché et de plus ont une stratégie globale tel Google.
Financièrement, notre groupe, fortement endetté, a des marges de manœuvre limitées. Or le Cloud est une activité capitalistique de par l'importance de l'investissement.
La complexité de notre groupe, avec des marques et des sociétés multiples dont les activités s'entrecroisent, nuit à sa visibilité sur ce marché. De plus, les facturations internes renchérissent nos offres en regard de la concurrence. Le mythe du passager clandestin au travers d'une surfacturation –réelle- pour le client pour un service fictif voit le jour...
Les points forts de notre groupe et les opportunités
Les réseaux nous sont familiers, bien que la concurrence nous y malmène particulièrement.
Nos salariés ont une réelle compétence technique doublée de l'expérience d'appréhender en globalité et de façon cohérente les systèmes complexes.
Sur le marché domestique, SFR s'écroulant augurera peut-être une période de gouvernance moins affirmée durant la période d'intégration chez Numéricâble ?
Le contexte politique
pourrait être favorable à un opérateur européen tel Orange. En effet, l'affaire Snowden et la loi dite du Patriot Act ont mis en exergue la fragilité du secret de l'information stockée dans le cloud. En effet, les USA considèrent au motif de la sécurité nationale et plus probablement pour des raisons de guerre économique que l'accès à l'information stockée dans le nuage ou prise ailleurs leur est légitime !
Dans ce contexte international de fort chahut, l'Europe pourrait favoriser le cloud géré par des opérateurs européens sur le sol européen avec une gouvernance européenne (rêver n'est pas interdit !).
Le contexte fiscal européen
est particulièrement favorable aux Géants américains ou OTT (Over The Top). Les grands acteurs tels Google, Apple, Amazon, Facebook et Microsoft ne s'acquittent que 2 à 3% de leurs impôts sur les sociétés à comparer avec les impôts qu'ils auraient payés si leurs adresses fiscales étaient domiciliées en France. Les 5 OTT réunis économisent ainsi 800m€ créant ainsi une réelle distorsion d'égalité traitement de la concurrence.
Analyse du marché et de la création de valeur – conséquence emploi
Sur le marché grand public, le Cloud est, pour le moment difficile à monétiser, car nombre de géants proposent leurs services gratuitement dans un 1er temps, en vue de créer une base commerciale. Dans un second temps, les options quasi-indispensables offrant plus de stockage, plus de services, plus de sécurité, plus d'intégration seront vendues.
C'est un modèle aléatoire peu pratiqué par Orange, jusqu'à présent champion des options peu coûteuses mais nombreuses. Le Cloud doit être considéré plus en tant que ressource complémentaire –le fameux arpu (additionnal revenu per unit)- et comme levier de fidélisation que comme création de valeurs à lui seul.
La clarification du rôle de la société ATOS constituera un enjeu important de notre volonté politique.
Récemment, notre demi-succès de valoriser la 4G plus chère (objectif initial de 10€/ abonnement à l'ouverture du service ramené à 3€ fin 2013) nous a rappelé sévèrement, la destruction de valeur que certains concurrents pouvaient nous infliger sans investir avec l'approbation tacite du pouvoir politique.
Sur le marché des entreprises en France, les exigences des entreprises sont multiples : flexibilité et souplesse des outils déployés,
Passage de l'investissement et de la propriété à la location,
Passage de la maitrise interne à la location de service, à l'externalisation,
Externalisation de la sécurité, pour aboutir financièrement à une linéarisation des coûts prévisible et maitrisable.
Les projets SIS et SAS de Spring
L'activité critique, le point mort ou seuil de rentabilité du projet Projet SIS serait atteint avec un CA de 300Millons€ (cf P73 de l'étude). Or les prévisions du CA sont de 293M€ en 2016. Le défi reste donc entier. SIS est supporté quasiment par ITSS(+), Néoclès (Flat) et Network (++).
Le volet emploi présenté en §7.3 fait apparaître qu'aucune embauche ne sera réalisée dans le cadre de ce projet. Un tiers de l'effectif proviendra d'Orange, un second tiers d'Equant et le dernier quasiment intégralement de Néoclès. Socialement, l'obstacle de Conventions collectives différentes –Syntec et CCNT- est rappelé pour écarter la création d'une entité Orange Cloud For Business (OFCB) ; est-ce bien un obstacle réel et insurmontable ?
De plus, le rapport évoque la nécessaire cohésion des ressources humaines actuellement réparties voire éclatées dans différentes entités.
Le projet SAS s'appuie principalement sur l'offre CRM (Customer Relation management), la multi-canalité, l'internet des objets (MTM), NFC et le big data associé à la business intelligence. L'acquisition de nouvelles sociétés coûtera 77M€ en 2014 (cf p 107du rapport).
Socialement, les effectifs de SAS augmenteraient de 285 salariés, résultant d'une réduction de 10% des salariés Orange sur une base de moins de 300 salariés et d'une augmentation de 17% de NRS sur une base de plus de 1800 salariés. Le choix des filiales s'avère donc une priorité.
En conclusion,
La CFE-CGC attire l'attention de la direction sur l'importance des enjeux économiques mais également sociaux des activités du Cloud.
La CFE-CGC indique par ailleurs que lors du CE de SCE, le projet SIS a été acté sans que les informations nécessaires (Business Plan, Plan de formation, etc....) à une prise de décision n'aient été données par le management. La tournure que prennent Cloudwatt, le Cloud SITA, les partenariats avec AKAMAI/Equinix/ Microsoft/ Accenture/Arkadin de NTT/GFI/SAGE/INGENICO etc.... indiquent un risque majeur pour Orange vis-à-vis du cloud français... Des positions plus claires et surtout de collaboration entre entités est plus que jamais obligatoire. Or nous voyons le contraire se produire.
UA Network avec VPN Gallerie contre SIS/SAS
SIS avec des partenaires pouvant aller contre SAS (vertical santé par exemple)
SIS contre CloudWatt voire le CloudPro.
SAS contre SIS avec des hébergeurs tiers en virtualisation IaaS...
Le laissé pour compte UCC, qui fournit encore sécurité et messagerie unifiée voire SMS et FAX à SAS mais qui réalise du PaaS voire SaaS avec BTGaaS !
Le rapport met en avant la nécessité de simplifier l'organisation, de décloisonner la structure en vue d'amplifier la visibilité des offres par nos clients, de rationnaliser la structure de coûts afin de chasser le passager clandestin ( !)
Le projet industriel doit également prendre en compte la dimension humaine, en donnant à chaque salarié y prenant part, une identité d'objectifs et une communauté de destin qui soient structurantes. Ces considérations renforcent la nécessité d'une intégration optimisée des différentes entités et sociétés qui concourent à ce projet, au sein d'ORANGE.
Quelques informations/réponses de la Direction
Clients Entreprises : OTT, village numérique, utilisateur final comme producteur de données = cela est en train d'arriver au sein du marché Entreprises
Via 4 items : mobilité généralisée (M to M), production et traitement de l'info (big data), Cloud (flexibilisation et agilité), dimension sociale et outils sociaux
Nous ne sommes pas des fournisseurs d'énergie informatique (Cloudwatt, Microsoft, etc.).
On se positionne au dessus de cette couche là. Puisque la couche de valeur y est supérieure.
On ne va pas fabriquer des logiciels, rôle limité à de la capacité de calcul ou de stockage
Cloudwatt = investissement historique pour développer un Cloud français souverain et sécurisé
Investissement sur les couches d'orchestration/optimisation, etc. Orange n'est pas un fabricant d'énergie informatique.
Atouts d'Orange : réseaux du groupe, OBS,...
Multitude de compétiteurs
On peut faire le pari de la croissance organique, on peut faire des acquisitions,
Néoclès a connu de gros problèmes de management, la nouvelle manager fait un travail extraordinaire, en développant via Néoclès avec Obiane des activités de data center privé.
Il faut trouver le + vite possible les compétences nous permettant de répondre aux appels d'offres.
Couche middleware = orchestrer, opérer, optimiser