Fusion Jazztel/Orange Espagne - Eléments du volet social
Rédigé par Patricia Garcia & Thierry Meurgues le . Publié dans Europe et International.
Suite et presque fin de l’épisode achat/fusion d’Orange Espagne avec Jazztel. La présentation dans le cadre du Comité de Groupe Européen du 1er juin 2016 à Athènes (Grèce) commence par un rappel des procédures mises en place le 26 janvier 2016, date à laquelle les représentants du personnel ont été « invités » à s’asseoir à la table des négociations. Le 8 février 2016 est considérée comme la date officielle de la fusion Jazztel/Orange Espagne, les négociations avec les représentants du personnel (locaux) ont pris fin le 10 mars 2016.
En guise de plan social, Orange n’a pas eu recours à des licenciements secs, ceci n’empêche pas les membres du Comité de Groupe Européen et les représentants du personnel de déplorer cette situation qui, à terme, a conduit l’entreprise à se séparer de 426 salariés au lieu des 550 initialement prévus.
Il n’y a pas grand-chose à dire face au malheureux volet social de cette fusion, si ce n’est que nous pouvons saluer la volonté de la Direction de ne pas se contenter du « minimum syndical » en terme d’indemnisation du personnel qui aura choisi de partir. En effet, un certain nombre de critères ont été pris en compte, l’âge bien sûr (pour les départs en pré-retraite notamment), l’ancienneté, le grade, le salaire. Ainsi, un salarié gagnant 25000 euros par an, se verra verser 62 jours d’indemnités par année d’ancienneté. A contrario, un salarié gagnant plus de 50000 euros par an, se verra verser 57 jours d’indemnités par année d’ancienneté. De même, accompagnant ce plan de départ, l’entreprise a mis en place un programme d’outplacement au bénéfice de l'ensemble des salariés quittant la société. Les salariés peuvent volontairement adhérer à ce programme au cours des 3 mois suivant la clôture du plan social.
Durée du programme : 9 mois (12 mois pour les salariés de plus de 45 ans). Ce service est proposé par 2 agences de reclassement réputées (Right Management (Groupe Manpower) et Ars)
À ce jour, 220 personnes ont adhéré à ce plan, soit 60% des personnes qui ont quitté Orange.
Sans surprise, le plan social étant basé sur un plan de départ volontaire, il y a eu moins de départs volontaires qu'initialement prévus dans les services réseau, clients, secrétariat général & opérateurs et régulation, et davantage de départs volontaires qu'initialement prévus dans les services ventes, informatique et entreprises. La répartition se fait telle que :
- 25% des personnes ayant adhéré au plan travaillaient chez Jazztel
- 20% des personnes ayant adhéré au plan étaient des managers
- 5% de départs en retraite anticipée (20 personnes)
Il est probable que la perte des 426 personnes ait comme effet collatéral une baisse de l’engagement et du moral du personnel d’Orange, la Direction compte s'appuyer sur le volet RH d’Essentiel 2020, également connu sous le nom de La Promesse pour y remédier. La déclinaison de ce programme n’a pas été détaillée, et à ce jour, nous pouvons craindre que la Direction ne soit pas en mesure de prévoir comment et quand elle mettra ce programme en oeuvre.
Parallèlement au plan de départ volontaire, Il a été identifié la possibilité de créer 300 nouveaux postes de travail en Espagne, dans les centres d'appel d'Oviedo et de Guadalajara, afin d'améliorer la satisfaction client, ceci permettant une augmentation des effectifs de Orange España Servicios de Telemarketing S.A.U. (OEST) et de Jazzplat España S.L.U. Au 1er juin, l’Entreprise n’avait pas atteint son objectif, et elle se donne jusqu’à mi-juillet pour le réaliser. Dans le centre d’appels de Guadalajara, Orange Spain a recruté 112 personnes sur les 250 escomptées. Dans celui d'Oviedo, 3à personnes ont été recrutés sur les 50 escomptées.
La présentation se termine sur deux engagements négociés avec les représentants du personnel en Espagne :
- 1- ne lancer aucun autre plan social dans les 2 années à venir, à moins que de nouvelles raisons économiques ou structurelles ne l'exigent, (on note le « à moins que »),
- 2- n'engager aucun changement d'affectation collectif ni aucune délocalisation collective sans garantie d'emploi dans les 12 mois qui suivent.
Les promesses n’engageant que ceux qui les écoutent, la Direction a déjà prévu certains cas où elle pourrait être amenée à ne pas pouvoir les respecter…
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