ORP Together 2021 : l'heure du bilan
Rédigé par Hélène MARCY le . Publié dans Participation, Intéressement et Actionnariat.
L’offre réservée aux personnels (ORP) Together 2021 mobilisait pour la première fois au sein du Groupe Orange plusieurs dispositions nouvelles de la Loi Pacte : décote de 30 %, abondement unilatéral pour tous les personnels France, arbitrage de fonds diversifiés du PEG pour souscrire.
En demandant la mise en œuvre la plus généreuse possible de ces nouvelles modalités, la CFE-CGC Orange et l’ADEAS avaient pour objectif de permettre au plus grand nombre de bénéficier de cette ORP. Le pourcentage de souscripteurs parmi les personnels éligibles, en hausse globale de 10 points par rapport à l’ORP de 2016 et la progression marquée du taux de souscription des jeunes, des personnels non-cadres et des femmes, mais aussi à l’international, montrent que la démocratisation de l’actionnariat salariés est en marche au sein du Groupe : cet objectif-là est du moins atteint.
Malheureusement, le budget prévu n’était pas à la hauteur de la demande : l’opération a été souscrite à 207 %, engendrant un écrêtage de leur demande pour 80 % des souscripteurs, suscitant déception et protestations. Cette ORP ayant été organisée dans le cadre de la restitution fiscale de 2,2 Mds € intervenue fin 2020, tout le monde a pu noter que le nombre d’actions proposées aux personnels a été ramené de 30 à 26 millions, tandis que le budget consacré à l’ORP (180 m€, finançant décote et abondements) est sans commune mesure avec les 500 m€ restitués aux actionnaires en dividende additionnel. Le pourcentage de capital détenu par les personnels à l’issue de cette opération sera au mieux de 7 %, alors qu’Essentiel 2020 avait fixé un objectif de 10 % à l’horizon du plan.
Il aurait donc été légitime que la Direction entende notre demande d’augmentation du budget pour limiter la réduction des souscriptions, mais il n’en a rien été.
Plus de souscripteurs, moins de capital par personne
|
Together 2021 |
Ambition 2016 |
Cap’ Orange 2014 |
Source des actions |
rachat d'actions |
augmentation de capital |
rachat d'actions |
Nre d’actions proposées |
26 millions d'actions |
11,5 millions d’actions |
16 millions d’actions |
Décote / prix des actions |
30 % |
20 % |
20 % |
Abondement |
France : pour 4 000 € International : pour 4 140 € placés : 2 600 € |
pour 400 actions achetées : France : International : |
pour 700 actions achetées : 230 actions offertes |
Personnels éligibles |
France : actifs + retraités (1) |
France : actifs + retraités (1) |
France : actifs + retraités (1) |
Effectifs éligibles |
184 000 |
192 000 |
148 000 |
% de souscripteurs |
35 % |
25 % |
22 % |
Taux de souscription / nbre actions proposées |
207 % |
97 % |
105 % |
Souscription moyenne avant écrêtage (2) |
3 927 € |
2 488 € |
3 659 € |
Nbre final souscripteurs |
64 224 |
45 404 |
32 261 |
Souscription moyenne après écrêtage (2) |
2 305 € (3) |
2 488 € |
3 401 € |
(1) Ayant conservé des avoirs dans le PEG Orange –
(2) Abondements bruts inclus
(3) Hors abondement unilatéral de 400 € pour les personnels France
L’augmentation du taux de décote (30% de rabais sur la valeur boursière de l’action) et des abondements a attiré beaucoup plus de souscripteurs que les 2 opérations précédentes. De ce fait, en dépit d’un nombre d’actions proposées également en hausse, le montant moyen par souscripteur après écrêtage est en baisse.
L'actionnariat salariés est désormais réparti entre un plus grand nombre de collègues, d’autant que tous les personnels France ont reçu 400 € d’actions gratuites, même s’ils n’ont pas souscrit (seules 10 personnes ont refusé l’abondement unilatéral).
Hausse des niveaux de souscription
Le pourcentage de souscripteurs augmente dans toutes les catégories de personnel éligibles, y compris à l’international.
En France, aucune ORP n’a connu plus forte adhésion, hors la première privatisation de France Télécom qui avait séduit 70 % des personnels (avec une communication exceptionnelle de l’entreprise, en interne comme en externe).
Hors de France, la Pologne (51 % de salariés souscripteurs) et l’Espagne (36 % de salariés souscripteurs) arrivent en tête pour le nombre de participants à l’ORP. Plusieurs pays d’Afrique se démarquent par un taux de souscription des femmes égal ou supérieur à celui des hommes (Guinée Bissau, Burkina Fasso, Sierra Leone, Côte d’Ivoire, Guinée, Botswana, Maroc).
L’apport personnel moyen avant écrêtage augmente de 60% par rapport à Ambition 2016.
éligibles |
souscripteurs |
% souscripteurs |
apport personnel |
Ambition 2016 |
|
Personnels France |
85 023 |
48 608 |
57% |
4 164 € |
2 477 € |
Salariés international |
54 484 |
10 257 |
19% |
3 136 € |
2 396 € |
Retraités |
44 586 |
5 359 |
12% |
3 893 € |
2 772 € |
Total |
184 093 |
64 224 |
35% |
3 927 € |
2 488 € |
L’apport personnel a finalement été réduit à 1 315 € maximum pour les personnels en activité, à 2 630 € pour les retraités qui ne bénéficiaient pas des abondements de l’entreprise, le plafond étant calculé sur le montant total investi pour chacun, abondements inclus.
Après écrêtage, l’apport personnel moyen tombe à 1 235 €. 80 % des souscriptions ont été écrêtées.
Les souscriptions en France
L’écrêtage a produit une répartition plus égalitaire, en limitant tout effet d’aubaine pour les personnels les plus aisés. La répartition par classifications de l’apport personnel initialement envisagé (en moyenne de 2 863 € pour les non-cadres à 5 315 € pour les cadres supérieurs) confirme que le montant souscrit dépend davantage des capacités financières de chacun que d’une confiance plus ou moins grande dans l’entreprise.
Les abondements offerts structurent également la demande : ¾ des souscripteurs sont restés dans le cadre des 2 tranches bénéficiant d’un abondement.
France : répartition des souscriptions par tranche d’abondement, avant écrêtage
|
nbre de souscripteurs |
apport personnel moyen |
% souscripteurs |
jusqu'à 1 400 € |
16 708 |
1 088 € |
34% |
jusqu'à 4 000 € |
19 323 |
3 408 € |
40% |
au-delà de 4 000 € (décote seule) |
12 577 |
9 414 € |
26% |
On notera l’augmentation sensible du taux de souscription des jeunes (moins de 30 ans) et la réduction de l’écart entre les hommes et les femmes. La progression du taux de souscription chez les non-cadres est également intéressante : de 22 % en 2016, elle passe à 39 % en 2021.
Globalement, on peut donc dire que la démocratisation de l'actionnariat salariés est en marche.
France : taux de souscription selon l’âge et le genre
hommes |
femmes |
ensemble |
Ambition 2016 |
|
moins de 25 ans |
35 % |
20 % |
30 % |
15 % |
de 25 à 29 ans |
54 % |
39 % |
49 % |
30 % |
de 30 à 39 ans |
60 % |
48 % |
56 % |
41 % |
de 40 à 49 ans |
66 % |
54 % |
61 % |
45 % |
de 50 à 55 ans |
66 % |
60 % |
64 % |
42 % |
de 56 à 60 ans |
63 % |
56 % |
61 % |
31 % |
+ de 60 ans |
55 % |
44 % |
51 % |
30 % |
ensemble personnels France |
61 % |
51 % |
57 % |
36 % |
Ambition 2016 |
44 % |
31 % |
36 % |
Côté filiales, BuyIn, Viaccess, Orange Prestations TV, Nordnet, Soft at Home, Enovacom, W-HA, Business & Décision, Globecast France, Orange Cyberdéfense et Orange Business Services enregistrent des taux de souscription égaux ou supérieurs à celui de la maison mère (58 %). En revanche, il n’atteint que 26 % à la Générale de Téléphone. Question de capacité financière des salariés ? de communication insuffisante ? d’absence de sentiment d’appartenance au Groupe ?
Together 2021 signe un retour en grâce de l’offre « Garantie » (demandées par 57 % des souscripteurs au total, soit seule, soit mixée avec l’offre « Classique »), qui avait été boudée en 2016. Les femmes souscrivent davantage que les hommes à l’offre Garantie (69 % / 53 %).
France : répartition des souscriptions par formule, avant écrêtage
Together 2021 |
Ambition 2016 |
Cap' Orange 2014 |
|
offre Garantie seule |
18 % |
27,6 % |
41,3 % |
offre Classique seule |
43 % |
49,6 % |
36,2 % |
Garantie + Classique |
39 % |
22,9 % |
22,5 % |
Notons pour finir que 44 % des souscripteurs ont mobilisé l’arbitrage de fonds du PEG (seul ou en association avec un versement volontaire) pour financer leur souscription : les nouvelles modalités permises par la Loi Pacte prennent bien toute leur place dans le dispositif des ORP.
Nos revendications pour les prochaines ORP
L’analyse des statistiques de souscription, des questions et demandes que vous nous avez formulées pendant toute l’opération et la comparaison avec des ORP organisées en 2021 dans d’autres grands groupes nous permettent de formuler des recommandations concrètes pour améliorer les dispositifs d’actionnariat salariés chez Orange, dont voici les points clefs.
Des ORP généreuses et plus fréquentes
- Pour atteindre rapidement les 10 % du capital détenus par les personnels, il est indispensable d’organiser au minimum une ORP tous les deux ans.
- Les modalités de Together 2021 s’avèrent globalement satisfaisantes. Il apparaît cependant nécessaire de mieux gérer l’harmonisation internationale pour la compensation de l’abondement unilatéral (qui n’est légalement possible qu’en France actuellement) et l’écrêtage, perçus comme non équitables par les collègues hors de France.
- Il est souhaitable que le Conseil d’administration prévoie, en amont de l’opération, un budget additionnel pouvant être débloqué en cas de sursouscription.
Simplifier et améliorer le parcours de souscription
- Calculer le prix de référence (sur 20 jours de bourse) avant l’ouverture des réservations permet de souscrire en connaissant d’emblée le prix de souscription, et de réduire d’un mois le calendrier de l’opération pour les souscripteurs.
- Améliorer le simulateur : celui d’Atos permet de calculer l’ensemble de son opération, y/c son espérance de gain.
- Respecter ce qui a été annoncé en amont, notamment la possibilité d’arbitrer en parts D pour toucher les dividendes en cash … finalement impossible.
- En cas d’écrêtage, permettre de basculer d’un paiement en 4 fois sans frais vers un seul versement cash.
- Améliorer sensiblement les interfaces Amundi pour faciliter le repérage des différentes étapes dans son espace personnel. Les articles explicatifs que nous avons dû publier témoignent de déficiences en la matière. Nous avons remonté des demandes précises, issues des questions que vous nous avez posées. Sur son site web, Amundi se flatte d’être un expert de la tenue de comptes, appliquant une politique qualité exigeante. Un gage que nos demandes seront prises en compte ? À suivre !