Restructuration du réseau de distribution physique : un plan social déguisé ?
Rédigé par Fatima HAMADI le . Publié dans Distribution.
Avant même que le dossier ne parvienne officiellement aux élus du CSEC, le projet d’évolution du modèle de distribution physique du réseau Orange a fait l’effet d’une bombe.
Cette restructuration qui va profondément bouleverser notre réseau de distribution physique a été présenté aux élus sans aucun échange en amont avec les IRP et moins d’un mois avant la plus grosse période commerciale de l’année. C’est sans conteste, une méthode efficace pour neutraliser la mobilisation des salariés sur le terrain à un moment ou leur travail génère une très grande partie du CA de l’entreprise !
On notera que la Direction nous présente de profonds bouleversements issus d’une stratégie… qu’elle n’a pas encore présentée, puisque le plan stratégique d’Orange ne sera dévoilé qu’à la fin du T1 2023.
Une fois de plus, la Direction d’Orange France fait cavalier seul pour dérouler un projet, véritable non-sens économique et social, reposant sur des principes contredits par la réalité opérationnelle.
restructuration reseau_boutiques_novembre
Un seul objectif, une seule stratégie : la baisse des coûts !
La dernière enquête Stress et Santé du CNPS mettait en évidence les résultats les plus inquiétant dans les AD.
A ce constat, l’entreprise répond par la fermeture de boutique ou leur passage sous drapeau GDT. Ce sont 1500 salariés des AD, soit 50% des effectifs qui verront leur emploi disparaitre en moins de 4 ans.
Une stratégie de choc à très gros risques humains : la Direction d’Orange France a déjà fait, par le passé, la démonstration de son incapacité à accompagner loyalement les salariés des boutiques fermées ou transférées à la GDT.
Il restera 120 boutiques pour « réinventer » notre image et « ré-enchanter » nos clients. Le ré-enchantement des personnels en boutiques attendra …
Un dossier à charge pour liquider les AD
La seule logique d’Orange c’est la logique de coût. La Direction ne retient qu’un seul et unique critère : « le coût de distribution de nos boutiques Orange » versus la concurrence, ou de nos boutiques AD versus nos boutiques GDT et tient pour seuls responsables, les salariés des AD, reprochant des coûts devenus exorbitants.
Les performances d’un réseau de distribution ne se mesurent pas seulement par le prisme du coût de ses boutiques. Et le dossier ne présente strictement aucun chiffre pertinent aux élus tel que : CA, revenu net, compte d’exploitation, ROI, performances commerciales attendues sur offres clefs, flux en boutiques, productivité commerciale, satisfaction client …
La Direction impose aux élus de la croire sur parole lorsqu’elle soutient qu’avec cette réorganisation, le réseau de distribution sera plus performant.
Les risques de surchauffe sur le périmètre de la GDT sont réels.
En moins de 3 ans, la GDT va devoir embaucher, former, fidéliser un nombre conséquent de salariés.
Or, absorber un si grand nombre de boutiques et d’effectif en si peu de temps n’est pas anodin et risque d’impacter fortement son modèle social et économique. Mais là encore, rien sur ce sujet dans le dossier.
Plutôt que tout mettre en œuvre pour motiver, fédérer les équipes AD et GDT, la Direction d’Orange France déroule, au contraire, un projet qui ne fera que démobiliser et démotiver les équipes sur le terrain.
Pour un projet d’ores déjà engagé il est stupéfiant de constater le nombre de questions élémentaires posées en séance du CSEC à la Direction, et restées sans réponse. En conséquence, la CFE-CGC Orange considère à date, cette stratégie de distribution comme un Plan de Sauvegarde de l’Emploi (PSE) déguisé.
Les revendications de la CFE-CGC Orange :
- L’ensemble des salariés du réseau de distribution physique (Orange et GDT) doit être sous une seule et même entité Orange.
- La Direction doit assumer ses responsabilités et ses décisions de filialisation et appliquer des mécanismes économiques et sociaux d’accompagnement nationaux à la hauteur. Cela doit passer à minima par un accord cadre national sur les conditions d’accompagnement.
- Quel budget l’entreprise mettra sur la table pour accompagner les salariés qui perdront leur emploi ?
- Quelles seront les conditions de transferts des personnels et notamment des fonctionnaires ?
- Quid de ceux qui ne voudront/pourront pas suivre en GDT ?
- Quelles conditions de PVC ? de valorisation ? d’évolution ? d’accès à la promotion ?
- Quelles seront les conditions d’arbitrages si plusieurs salariés postulent sur le même poste ?
- Quid des certifications IOBSP ?
C’est là un court exemple de tous les points sur lesquels nous resterons vigilants.
La CFE-CGC Orange restera entièrement mobilisée pour la défense de tous les personnels des boutiques afin de s’assurer que leurs conditions de travail et leur pouvoir d’achat seront préservés avant, pendant et après la mise en œuvre de cette restructuration
La CFE-CGC Orange est hostile à un projet qui :
Ne lui a pas été détaillé,Ne démontre en rien sa viabilité économique,
Présente un grand risque de :
- casse sociale
- désorganisation de nos réseaux de boutiques
- désengagement des salariés.
Dernières News !
La CFE-CGC Orange a exigé à mainte reprise qu’une expertise commerciale/financière/sociale soit diligentée aux niveaux du CSEC Orange et s’est toujours heurtée à un refus catégorique de toutes les autres Organisations Syndicales.
Persuadée de la nécessité d’une telle expertise nos élus ont contourné cette opposition en demandant cette expertise sur un autre périmètre que le CSEC. La solution trouvée sera de formuler cette demande sur le périmètre CSE OFS, à majorité CFE-CGC, en juin 2020. Sur la base de cette expertise, les analyses et propositions de la CFE CGC Orange ont été envoyées à la Direction d’Orange France… qui les a ignorées.
Et aujourd’hui, les autres OS se réveillent enfin et demandent une expertise qui a été votée aux bornes du … CSEC.
Que de temps perdu !
La CFE-CFE est satisfaite que toutes les autres OS prennent enfin conscience du problème et souhaitent s’en emparer à leur tour. Mais cette réaction tardive a visiblement donné le sentiment à la Direction qu’elle avait les mains libres pour décider et agir en toute impunité en s’asseyant au passage sur le dialogue social et les inquiétudes légitimes que suscitent la nouvelle stratégie de distribution d’Orange.