Innovation où va t-on ? déclaration en CSEE
Rédigé par Stéphanie CRESPIN le . Publié dans INNOV.
Avec un discours relativement clair et sans langue de bois, Bruno Zerbib nous a présenté son bilan sur l’innovation ; un discours qui se veut rassurant sur les effectifs, et la volonté de faire vivre l’innovation. Vos élus ont toutefois posé beaucoup de questions dont certaines ont trouvé réponse.
Parlons tout d’abord des effectifs de l’Innovation.
Plusieurs ont présenté les effectifs : plus de 8 450 dans l’Innovation, un peu moins de la moitié dans notre périmètre. Dès lors, quel est votre champ de responsabilité ? Les effectifs estampillés Innovation ou les seuls effectifs de notre périmètre ?
B.Z dit avoir deux 2 casquettes, patron du périmètre Innovation + "coordinateur" de l'innovation au niveau du groupe. Les 8 450 travaillent pour l’Innovation, parmi eux il y a Sofrecom, ViaAccess, Softathome et les OIC. En tant que CTIO, il est responsable de l’organisation de OI France et de l’Innovation de Tout le Groupe, influence et leadership.
Il dit vouloir se battre pour Innov. "mais les objectifs financiers du groupe sont là " Pour cela OI France doit se battre sur des sujets clés et obtenir des moyens pour réussir. Donc, accompagner les personnels qui ne sont pas sur des sujets clés. « On va investir, on va embaucher » dit il en prenant aussi des engagements sur la formation.
Faisons un zoom sur la Roumanie. En 2023, vous aviez annoncé miser sur le développement d’Orange Roumanie, pour être au plus proche du centre européen de compétences en cybersécurité de Bucarest, décidé par l’Union européenne. Pourriez-vous nous préciser la tendance 2024, en termes d’effectifs, de projets et de budget ? Qu’en est-il en 2024 ? Et, de façon plus générale, pourriez-vous préciser le positionnement de l’innovation sur les marchés de la Cybersécurité ? Avec ou sans Cyberdéfense ?
A ces questions, pas de reponse, mais il reviendra vers nous.
Parlons de Gouvernance.
Depuis 12 ans, la gouvernance du périmètre Innovation s’est transformée pas moins de 5 fois. Chaque fois, pour se réinventer, se professionnaliser, s’améliorer. En quoi cette nouvelle Gouvernance va faire mieux ou différent ?
Comment cette nouvelle gouvernance va-t-elle s’articuler avec les autres équipes innovation du groupe ? Avez-vous envisagé une coordination globale, à quel niveau et comment ?
Réponse de B.Z : Les 4 Value Streams ne sont pas une réorg. de plus, mais un complément. Il faut apprendre des expériences précédentes. Il croit en la collaboration entre équipes, et à l’Empowerment . Les VS vous toucher 10% des personnels, puis ce sera à déployer à grande échelle. "VS pour tous vers 2030" Il faut aussi mettre des plans de formations en face, et éviter que ce soit considéré comme violent pour personnels.
Dans le document du CSEC, vous dites vous-même que « le futur n’est plus prévisible en se basant sur les résultats du passé ». J’en viens donc à la capacité de l’Innovation de se doter de capteurs, tels que vous les aviez avec Orange Silicon Valley pour anticiper les tendances technologiques. Or cela a été fermé l’été dernier, juste après votre arrivée.
En quoi cela a-t-il amélioré l’Innovation ? Comment cette fermeture s’inscrit-elle dans votre stratégie ? Autrement dit, est-ce le reflet d’un constat de dépendance vis-à-vis des GAFAM (et donc d’échec d’indépendance et de souveraineté) par exemple ?
Quelle nouvelle stratégie comptez-vous mettre en place pour instaurer de nouveaux capteurs de signaux faibles ?
Réponse de B.Z : Pour Orange Silicon Valley, ce n’était pas sa décision, mais il aurait fait la même chose. Pour avoir travaillé dans la Silicon Valley, il n’a jamais vu Orange pendant 20 ans, ils n’étaient pas actifs et n’ont pas vraiment fait des choses pour promouvoir Orange. Ils avaient des projets intéressants mais hors-sol. "à l’heure de la mondialisation, les capteurs sont partout. Pas besoin de labo là-bas."
Sur les Leviers de croissance
2023 a marqué un virage dans la diversification des relais de croissance, ou plutôt dans la réduction de leviers de croissance, avec l’abandon de plusieurs activités (Orange Banque, …). Le portefeuille Innovation du Groupe s’en trouve ainsi considérablement appauvri. Si, à court terme, cela peut participer à l’amélioration de la profitabilité du Groupe, la conséquence sur le long terme ne risque-t-elle pas de nous rendre de plus en plus dépendants ?
Il y a peu, vous avez demandé à vos équipes de réfléchir aux modalités d’intégration de Orange Content à Innovation. En quoi son arrivée va améliorer l’innovation, ou représenter un nouveau levier de croissance ?
Réponse de BZ : Sur la division Contenu : c’est pour leur « redonner du souffle ». Il a constaté la souffrance des collaborateurs, qui ne voyaient plus où ils allaient (et avec les départs vers C+). L’équipe qui reste a une dimension techno au niveau du Contenu, donc il existe des synergies possibles avec les équipes de P. Lucas. Cela oncerne environ 100 personnes.
Dans une de ses dernières interventions, Christel Heydemann a insisté sur les enjeux européens. Par ailleurs, l’Europe est dans une logique d’autonomie digitale. Dès lors, comment s’y prépare Orange ?
Réponse de BZ : "Les télécoms en Europe, c'st très compliqué. 100 opérateurs en Europe, c’est beaucoup trop. Ca détruit l’industrie des télécoms. En France aussi, 4 opérateurs, c’est trop, en comparaison avec les USA."
Rien de nouveau donc, il ne répond pas vraiment à la question sur les enjeux.
Sur la question de l'IA, B. Zerbib répond : "il faut l’intégrer. C’est une révolution comme il y a eu la révolution industrielle, qui a influencé les19 et 20 siècles.Il y a aussi des risques nouveaux. "La killer App" de la 5G qui va changer nos réseaux c'est l’IA. Mais attention à ce que l’IA ne dirige pas nos vies. Car elle ressort ce avec quoi on l’a alimentée.
Sur l'IA, la France va jouer un rôle critique.
Et pour finir, Clin d’œil du calendrier : nous avons reçu il y a une quinzaine de jours une petite vidéo sur les 80 ans de la R&D et le chemin parcouru, nous rappelant combien le CNET s’était révélé, au fil du temps, comme un formidable outil d’excellence. Projetons-nous dans 50 ans : que pensez-vous que nous dirons ?
Sur cette projection dans 50 ans, B. Zerbib répond : le marché mondial sera capté par quelques grosses sociétés américaines. Sur marché français, on assistera à une fuite des cerveaux (par exemple, beaucoup de polytechniciens partent dans la Silicon Valley). Il n'y a pas d’attractivité sur marché français. Donc Orange devrait être moins chef de proue dans les télécoms, mais surtout par ce que les jeunes cerveaux partent à l’étranger. C’est devenu un problème politique, et un problème de fond, au-delà de Orange. Il faut une réponse politique au niveau de la France.
Par Valérie Giraud
Voir aussi la lettre du CSEC