Accord salarial Orange SA 2017 : Indignez-vous !
Rédigé par Hélène MARCY le . Publié dans Rémunération.
Pour la 6ème année consécutive, la CFDT et FO ont signé seules un accord annuel sur les salaires qui génèrera une baisse de pouvoir d’achat pour la plupart d’entre nous. L’intéressement et la participation, dont les accords ont été signés par les mêmes organisations, nous infligent déjà près de 6% de baisse pour les versements effectués en 2017, et les augmentations annuelles ne prendront pas en compte les prévisions d’inflation de l’INSEE. En outre, la plupart d’entre nous ne bénéficieront pas des 2,3% affichés, pure poudre aux yeux, mais seulement de l’augmentation générale de 1,1%.
Alors qu’il est question d’augmenter le dividende versé aux actionnaires au titre de l’exercice 2017, le partage équitable des richesses produites n’est toujours pas à l’ordre du jour.
- Télécharger le tract en pdf : tract_accord_salarial_2017_vdef_17mai2017.pdf
- Voir la vidéo de synthèse
Un contexte a priori favorable
Résultats en hausse
Les résultats 2016 ont été jugés suffisamment bons pour que la Direction propose d’augmenter le dividende de 8% (de 0,60 à 0,65 €) au titre de l’exercice 2017.
Effectifs en baisse
En parallèle, les effectifs ont diminué de 5 500 (en équivalents temps plein) en 2016. L’économie réalisée sur la masse salariale génère donc à elle seule des marges de manœuvre pour reconnaître le travail de ceux qui restent.
Reconnaissance collective en berne
Mais dès l’annonce des résultats, les personnels ont pu constater que l’intéressement et la participation accusaient une nouvelle baisse, de près de 6%, pour les versements liés aux résultats 2016 (voir notre Lettre http://bit.ly/2kUXVsC).
Reprise de l’inflation
Si l’inflation a été nulle en 2016, l’INSEE annonce une prévision supérieure à 1% pour 2017.
Compte tenu de ces différents éléments, et après des années de modération salariale, on aurait pu attendre d’une Direction qui s’achète tous les ans le label « Top Employeur » un accord salarial digne de ce nom.
Un budget global de 2,3% : merci patron !
Il n’en est rien ! Le budget global des augmentations pour 2017 s’établit à 2,3% de la masse salariale, contre 2,1% en 2016.
Pouvoir d’achat aux oubliettes
En faisant l’hypothèse (très raisonnable) que l’inflation soit de 1,15% sur l’année, c’est la moitié du budget qui s’évapore !! Mais la Direction nous a expliqué que l’inflation est un sujet sans importance dans cette négociation. À telle enseigne qu’elle a refusé d’inclure une clause de sauvegarde protégeant le pouvoir d’achat des personnels en cas de reprise de l’inflation.
Dans les grandes entreprises, les augmentations sont exprimées en % du salaire, ce qui permet de reconnaitre l’expérience par une progression liée à l’ancienneté et de faire évoluer le pouvoir d’achat de chacun ! Chez Orange, l’augmentation collective est définie par des garanties minimales uniformes en euros, ce qui érode l’évolution du pouvoir d’achat au fil des années.
Religion de l’individualisation
Le principe d’une augmentation minimum garantie pour tous, fortement revendiquée par la CFE-CGC Orange et obtenue de haute lutte après la crise sociale, a été cette année particulièrement difficile à maintenir : la Direction voudrait revenir aux augmentations purement individuelles. Mais nous savons tous que, dans une entreprise aussi vaste, elles sont rarement équitables.
Trois catégories d’augmentation
1,1% pour les augmentations générales
- Le niveau de l’augmentation collective pour les salariés non cadres est légèrement relevé : 300 € / 275 € en 2016. Il est en baisse pour les fonctionnaires des classes I et II : 60 € sur le complément salarial au lieu de 100 € l’an dernier et 180 € en 2015.
- L’augmentation minimum des cadres, à 325€, est inchangée.
0,9% pour la reconnaissance des compétences et des qualifications
Ces mesures sont en lien avec l’accord « Reconnaissance des compétences et des qualifications » du 20/02/2017 (voir http://bit.ly/Tract_competences) dont les premiers effets ne seront pas visibles avant un an. Des mesures transitoires ont cependant été retenues afin de limiter les ruptures dans l’évolution professionnelle :
- 0,8 % pour permettre la reconnaissance via des mesures de reconnaissance des compétences (MEC) et des promotions.
- Un budget de 0,1% est prévu pour régler des situations particulières comme le dé-positionnement salarial, que la Direction indique vouloir régler définitivement dès cette année : n’hésitez pas à monter votre dossier.
0,3 % pour les mesures spécifiques
Un budget global en baisse par rapport à 2016, où il était de 0,5%. On y retrouve les mesures dédiées aux personnels en début de carrière et à l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes (cf. tableau p. suivante).
Que ceux qui auront 2,3% lèvent la main !
En réalité, la plupart d’entre nous ne touchera que l’augmentation collective de 1,1%... soit une augmentation réduite à néant si les prévisions de l’INSEE se réalisent. En effet, l’accord 2017 supprime plusieurs marges de manœuvre aux managers :
- le budget des mesures spécifiques est en baisse de 0,2% ;
- les mesures d’ajustement salarial, qui représentaient 0,2% du budget des augmentations individuelles et collectives en 2016 (voir http://bit.ly/Tract_NAO2016) ont disparu ;
- la mise en œuvre des mesures transitoires prévues avant que l’accord « Reconnaissance des compétences et des qualifications » produise ses effets n’est pas explicite, et la plupart des managers ne disposent pas des informations suffisantes sur la manière de débloquer les enveloppes.
Il y a donc fort à parier que, comme cela s’est déjà produit les années précédentes, les enveloppes liées à l’évolution professionnelle ne seront pas entièrement consommées. Afficher une augmentation de 2,3% est donc de la pure poudre aux yeux !
Une structure d’augmentations toujours complexe
- Les montants sont bruts annuels pour un travail à temps complet, avec effet au 1/01/2017.
- SGB = Salaire Global de Base (retrouvez le vôtre dans anoo / mon dossier / ma rémunération).
- Les budgets sont exprimés en % de la masse salariale (salaires de base bruts) de la population concernée par chacune des mesures.
- Les mesures individuelles de reconnaissance des compétences ne sont pas incluses dans ce tableau.
Texte intégral de l’accord sur anoo : http://bit.ly/Accord_NAO_2017
Vidéo de présentation CFE-CGC Orange : http://bit.ly/Clip_NAO2017
La CFE-CGC Orange formule un droit d’opposition
En sus des critiques explicitées dans notre tract ci dessus, la négociation de l’accord salarial 2017 a été particulièrement déloyale :
- La veille de la signature, la Direction annonçait une augmentation du budget de 0,1%, après avoir officiellement refusé d’autres séances de négociation aux organisations syndicales qui les avaient réclamées.
- Le projet de mise en place d’un système d’attribution gratuite d’actions Orange pour 1 100 cadres, avec déclenchement à l’horizon 2020 sous conditions d’objectifs. Un gain potentiel de 15 000 € par « top leader » et 30 000 € pour les « executives », jamais évoqué dans la négociation.
- L’extension à un millier de cadres des primes exceptionnelles, normalement réservées aux salariés non cadres, utilisées en 2016 en lieu et place d’augmentations. Cet usage a été mis en place sans aucune information des représentants du personnel.
La CFE-CGC Orange a donc formulé un droit d’opposition pour demander la réouverture des négociations. Seule SUD nous a suivis dans cette démarche, qui n’a donc pas abouti.
- Télécharger la copie du courrier : cfe-cgc_-_2017_04_-_s-richard_-_droit_dopposition_à_laccord_salarial_2017.pdf