La retraite par capitalisation prend peu à peu le pas sur la retraite par répartition. Celle que nous connaissons depuis l'après-guerre, bâtie par le Conseil National de la Résistance. C'est en tout cas le sens de la loi PACTE de mai 2019, dont son volet sur l'épargne retraite collective est entrée en vigueur le premier octobre 2019. Le débat actuel sur l'avenir des retraites ne semble pas se diriger vers une amélioration pour les salariés. Stéphane Gouriou dresse un constat lucide : "on peut le regretter, mais il faut faire avec. La retraite par répartition est en difficulté, il faut donc profiter des dispositifs d'épargne abondée par l'entreprise." Quand on lui objecte que tous les salariés n'ont pas une capacité d'épargne leur permettant de faire cet effort, Stéphane rétorque : "c'est justement pour cette raison que nous demandons que dans le nouveau dispositif de Plan d'Epargne Retraite Collectif (issu de la loi PACTE, en cours de négociation), l'entreprise applique le dispositif prévu par la loi. Les premiers niveaux d'abondement doivent être déclenchés même si le salarié ne verse rien." Ce militant de la CFE-CGC depuis dix ans, informaticien de profession, passé par les mandats électifs locaux de Délégué du Personnel et de CHSCT, est aujourd'hui président de l'Association de Défense de l'Epargne et de l'Actionnariat Salarié (ADEAS). "J'ai d'abord été simple adhérent de l'ADEAS. Mon appétence pour la finance et mon intérêt pour les sujets traités m'ont amené à prendre plus de responsabilités." Sa vision du rôle de l'ADEAS ? Il la livre simplement : "nous faisons à la fois de l'expertise individuelle et collective, de la veille juridique." Quand on l'interroge sur le poids de l'actionnariat salarié, il appuie : "Les salariés actionnaires représentent 5% du capital et 10% des votes. Deuxièmes derrière l'état. Nous pouvons exercer une forme de lobbying auprès des investisseurs pour influencer certaines motions en assemblée générale des actionnaires."