Orange Money à Madagascar: les salariés pris en otages !
Rédigé par Thierry MEURGUES le . Publié dans Europe et International.
Lancé depuis plusieurs années maintenant dans nombre de pays d'Afrique dans lesquels la marque Orange est présente, le succès de cette solution permettant le paiement et le transfert d'argent par téléphone mobile semble acquis. Concrètement, le client ayant souscrit au service achète des unités de valeur de monnaie électronique auprès du réseau de distribution. Ces unités de valeur sont stockées sur un compte Orange Money lié à son téléphone mobile, et utilisables pour réaliser certaines opérations telles que dépôt et retrait d'argent, transfert d'argent de particulier à particulier, achat de crédit de communication, etc.
Bien entendu, ce service, aussi utile soit-il, est adossé à un "business model" qui rend certaines fonctionnalités payantes, comme le dépôt et le retrait d'argent où le transfert d'argent de particulier à particulier. A Madagascar, dans un premier temps, le management a décidé unilatéralement de procéder au versement d'une partie du salaire mensuel de chaque salarié sur son compte Orange Money. Conciliants, les salariés n'avaient émis aucune objection, la Direction ayant majoré les salaires de 4% pour compenser les frais du même montant facturés à chaque opération.
Mais dans un second temps, les salariés ont été fortement incités à ne pas retirer leur salaire de leur compte Orange Money, mais à le dépenser directement dans les 1500 points de vente partenaires du service. Las, il s'avère que la majorité de ces points marchands majorent de 4% le prix de leurs marchandises, constituant ainsi une perte de pouvoir d'achat pour les salariés. Car, en dépit d'une communication forte autour de la rémunération de 4 à 6% des comptes Orange Money, en fonction du montant épargné, celle-ci ne s'applique qu'à partir du moment où le solde du compte reste suffisant pendant au moins 1 mois, luxe que les salariés d'Orange Madagascar sont très loin de pouvoir s'offrir !
La Direction d'Orange Madagascar prend donc ses salariés en otages, piétinant dans le même temps le droit fondamental des salariés de disposer souverainement de leur rémunération. Le Directeur Régional de la Fonction Publique, du Travail et des Lois Sociales (équivalent de l'Inspection du Travail en France) a été saisi en date du 28 juin 2011 afin de dénoncer cette situation. Dans sa réponse du 1 juillet 2011, et bien qu'il semble que "l'employé n'a pas (...) le droit absolu de choisir la domiciliation de son salaire", il indique "qu'il serait logique de militer pour un paiement en espèces du salaire sur le lieu de travail et pendant les heures de travail". Mais, immédiatement après, et non sans une certaine ironie, il ajoute:
"Mais dans ce cas, Orange Madagascar sera l'unique société de télécommunication à la pointe de la nouvelle technologie qui paiera le salaire de ses employés en espèces sur le lieu de travail"...
Télécharger le courrier de l'Inspection du Travail d'Antatanarivo du 1er juillet 2011
La CFE-CGC/UNSA exhorte la Direction du Groupe France Telecom Orange en général, et celle d'Orange Madagascar en particulier, à mettre en oeuvre la nouvelle politique de Responsabilité Sociale d'Entreprise autour de laquelle elle est toujours très prompte à communiquer. Il est impensable, en 2011, qu'une entreprise telle que la nôtre ne mette pas ses salariés en situation de disposer de leur salaire comme bon leur semble.
Télécharger la lettre de la CFE-CGC/UNSA à Carole FROUCHT du 3 octobre 2011
Rémunération CSEC UES Orange Comité Groupe Europe Comité Groupe Monde TGI