12 et 13 avril 2012 : Intervention de Stéphane Richard
Rédigé le . Publié dans CSEC UES Orange.
Intervention de Stéphane Richard
Jeudi 12 avril 2012, Stéphane Richard, accompagné de Bruno Mettling, est venu au CCUES pour s'exprimer, entre autres, sur le projet de réorganisation de la R et D (Nova +). Il a commencé son intervention en indiquant que malgré le tableau apocalyptique dressé par la CGT en déclaration préalable. Il y avait tout de même eu des éléments de progrès objectifs depuis 2 ans. Beaucoup d'efforts ont été faits pour la qualité des réseaux en France, à preuve le classement en n° 1 par l'Arcep du réseau Orange mobiles, l'obtention des meilleures tranches de spectres pour 4G+,...
- Les résultats commerciaux 2011 sont satisfaisants – notamment par la croissance hors de France (Espagne, + 7%) – les succès d'Open, Orange Money...
- L'environnement est exigeant et difficile ; la plupart des économies sont en récession sur la zone € - La pression est avivée avec l'arrivée Free, la pression de la régulation augmente (prix du dégroupage)
- Free : le marché est équipé, donc cela s'est fait au détriment des opérateurs installés
4 mois après l'arrivée de Free, on est revenu à un niveau normal ;
Contrat d'itinérance : le choix n'était pas facile mais nécessaire, compense une partie la baisse du CA.
- Fin mars : nous avions 200 000 abonnés Sosh
- La fibre : investissements structurants pour l'avenir
- Spectres 4G : c'est fait pour 20 ans.
- Situation financière solide, maitrise de la dette (30 milliards d'€), notation de France Telecom la meilleure en Europe
- Améliorer la performance : cela passe par une amélioration de la façon de travailler, d'acheter, échange de bonnes pratiques, ...
- Chrysalid : grande autonomie - initiative laissée aux pays, mutualiser les expériences qui ont marché ici où là
- Buyin : aucune conséquence sur l'emploi en France, mais permettra de faire des économies substantielles.
Chaine de l'innovation :
L'innovation soutenue par une véritable recherche est un élément essentiel de la compétitivité
Free : où sont les salariés chez Free, quelle est l'importance de la question humaine chez Free - nous ne pourrons faire la différence que par l'innovation pour faire baisser les prix
5 grands domaines :
-Services de communications inter personnels (voix et SMS, Voip sur mobiles) – « rich communication suite » - enrichir les services de communication de base
- services de données, partie qui croit le plus vite multiplier par 2,5 d'ici 2015
- systèmes de sécurité, identité, respect vie privée : paiement sur le mobile, sans contact ;
- Cloud computing : mutualiser au max le stockage de données et les capacités de calcul
- internet des objets : donner de l'intelligence aux objets en les équipant de mini cartes Sim
Créer un univers Orange : unité dans le service client, quelque soit le service utilisé (TV, mobile, etc...)
Intelligence des réseaux : déployer les réseaux avec un meilleur cout économique.
Constat sur la R et D : lourdeur, bureaucratie, on a raté un certain nombre d'occasions par rapport à d'autres qui ont été plus rapides (Freebox ?)
D'où la nécessité d'un travail pour être plus efficace et plus épanouissant : association entre amont et aval (pays associer les pays à l'innovation)
Passer dans un mode de fonctionnement projets plutôt que dans des fonctionnements verticaux
Il faut améliorer le fonctionnement du Techno Centre en l'associant avec les pays.
Conclusion : le but de ce projet n'est pas faire des économies R et D, mais de maintenir le niveau d'efforts à environ 2% du CA (FT est l'opérateur qui investit le plus dans la R et D), mais recherche de la plus grande efficacité – en fluidifiant la façon de travailler et en réduisant les lourdeurs et la bureaucratie.
Nos questions/ notre position
Arrivée de Free : Mr Richard, vous nous avez rassuré, de même que D Ernott, certes Free rebrasse les cartes, mais ce sont les autres surtout les MVNO qui en pâtissent plus que nous.
L'argument de Free a été utilisé comme l'arme absolue du refus de FT pour les négociations.
NAO = le plus mauvais accord depuis 10 ans, perte de 3 à 4 points du pouvoir d'achat ;
On peut trouver une autre logique de donnant-donnant = ex : mutuelle pour les fonctionnaires.
Certaines choses ne sont pas forcément couteuses = exemple de l'accord sur l'organisation du travail qui n'est pas appliqué, de même que le droit d'expression des salariés sur leur travail, la transparence sur la rémunération et les carrières.
Les projets présentés sont cohérents, les axes stratégiques : on ne peut que les partager.
Chaine de l'innovation :
T Breton voulait déjà supprimer la R et D : Il y a deux ans déjà, le Monde Informatique écrivait, « L'opérateur France télécom n'a jamais été très clair quant à sa stratégie de Recherche et Développement. Il a d'abord misé sur l'Innovation via le Technocentre, puis s'est concentré sur le design via l'Explocentre, pour ensuite le dissoudre ».
On se retrouve aujourd'hui, deux ans après, et vous tentez une nouvelle expérience : optimiser la chaîne de l'Innovation, avec, au passage, la dilution de l'activité de Recherche et Développement au sein d'une vaste Direction Technique.
La CFE-CGC/UNSA n'est pas contre le fait que France Télécom mette en œuvre des méthodes pour accélérer la production et le déploiement de ses services ou ses réseaux.
En revanche elle n'est pas favorable à la quasi-disparition de l'activité de Recherche et Développement.
Car avec ce projet Nova+, ce n'est pas uniquement la chaîne de l'Innovation qui est optimisée.
C'est surtout une Recherche qui est fortement réduite, tant en terme d'activité qu'en terme budgétaire.
C'est une Recherche qui se retrouve à alimenter la production et non la stratégie du groupe.
C'est une Recherche qui ne laisse pas de place à l'exploration, l'expérimentation ou l'incubation. Où peuvent se trouver les petits grains de folie ?
Nous y voyons plusieurs risques, dont celui, en particulier, de passer à côté des ruptures d'usages, de marché ou de technologie.
Ce projet Nova+ va fortement impacter l'activité de Recherche et Développement du Groupe, et ce, pour a minima les dix prochaines années. Avant de le mettre en œuvre, avez-vous déjà identifié ce qui pourrait représenter l'échec de Nova+ ?
Avec la nouvelle organisation découlant du Projet Nova+, France Télécom veut montrer qu'elle mise, comme la plupart des entreprises, sur l'Innovation.
Alors pourquoi l'activité Innovation ne se trouve-t-elle pas au niveau du Groupe, mais diluée dans une Direction Technique ?
nova + : beaucoup de choses manquent de lisibilité, au debut on voulait agglomérer le CE à VMF, en fait cela a été fait avec ROSI ?
Réponses de Stéphane Richard :
- Contenus : Diffusion foot = ça n'était pas à conserver ; Orange Sports : on y consacre toute notre attention ; OCS repart grâce à canal + pour enrichir l'offre TV ; notre partenariat avec Daily motion dynamise l'activité.
Le monde des contenus n'est pas un territoire de légitimité pour orange. D'où notre stratégie de partenariat avec Deezer, Daily motion ; cette façon de faire permet de capitaliser sans gaspiller des ressources.
Dans les contenus, nous avons les relations les + fortes avec Google (occupe 98% de la recherche sur internet) relations de concurrence mais aussi de partenariat. Projets en Afrique pour faciliter l'entrée de Google.
- NAO : on a essayé de tenir compte du contexte pour proposer quelque chose qui soit le plus équitable possible.
Le cadre parait à SR équitable : 2012 : ça ne sera pas la fête, 2012 sera difficile, mais à partir de 2013 on devrait pouvoir retrouver une politique de rémunération plus équitable.
- Cours de l'action : il est bas, c'est un problème, pas de risque d'OPA grâce à l'État qui pèse sur l'AG des actionnaires ; ça n'est pas en réduisant le dividende qu'on fera remonter le cours de l'action.
- Sous traitants : affaire technicolor : devoirs de responsabilité du donneur d'ordres, c'est notre priorité que de s'occuper des sous traitants : l'ex de technicolor n'est pas un bon exemple
FT avait fait le pari de retravailler avec Technicolor qui s'était engagé dans des délais pour une nouvelle Box 4 mois après, technicolor a expliqué qu'ils ne pouvaient pas tenir les délais (pb US), donc FT s'est rabattu sur Sagem, entreprise purement franco française...
- Europe : Stéphane Richard œuvre pour un changement de la dérégulation de Bruxelles qui est à l'origine de décisions uniquement à court terme, martyrisant les opérateurs historiques : il n'y a rien eu d'autre, aucune politique industrielle, uniquement la concurrence systématique quia fait que l'Europe n'est pas au RDV des enjeux télécoms ; Stéphane Richard cite l'exemple d'opérateurs (Telefonica ?) qui préfèrent investir au Brésil et pas en Europe.
- Relations avec les collectivités locales : retour de la confiance, conventions signées en Auvergne, Bretagne, plateau de Saclay
Économies sur l'enfouissement des réseaux : attention aux économies de bout e chandelle.
- 2012 : prévision de baisse de 10% de notre CA, 1 milliard d'€ en 2012 ; les effets de Free continueront en 2013.
- Fibre : investissements à près de 3 milliards d'€ d'ici 2015, 4 à 5 milliards d'ici 2020.
Les autres investissements seront faits par les régions (ex Bretagne : 3 milliards d'ici 2020).
Rôle central des opérateurs de réseaux qui permettent à l'économie d'exister : la seule façon d'avancer est de faire des choix et de s'y tenir.
FT investit 2% de l'investissement total en France.
Un réseau de fibres est construit pour 30 ans.
- Cartes SIM : certains (Apple) verraient d'un bon œil la dématérialisation de la carte SIM – ce qui permettrait de changer plus facilement d'opérateur.
Pour FT, il s'agit là d'un risque mortel, la carte SIM offre beaucoup de garanties ; les chinois aiment beaucoup la carte SIM ; l'industrie des opérateurs en a fait un point clef pour défendre la sécurité de l'utilisation des terminaux (seuls les anglais ont une position + ambigüe).