Baisse des m² et "flex desk"
Rédigé par Hélène MARCY le . Publié dans Conditions de Travail et Santé.
Baisse des m²
Le point commun de tous les projets, c’est la baisse drastique de la surface disponible par personne, qu’il s’agisse des positions de travail (souvent en dessous des normes) ou des parkings, presque toujours insuffisants, même quand la desserte en transports publics est loin d’être optimale. Les espaces de convivialité et les salles de réunions sont mutualisées (y/c les moyens de visio-conférence). Le joli terme « d’espaces dynamiques » masque une réalité nettement plus crue : dans chaque bâtiment, il y a moins de postes de travail que de personnels censés venir y travailler. Baisse anticipée des effectifs ? Pas seulement !
Les normes AFNOR sont ignorées
La norme AFNOR (NF X 35-102) formule des recommandations précises concernant la dimension minimale des espaces de bureau :
- 10m² pour une personne seule dans son bureau
- 11 m² par personne dans un bureau collectif
- 15 m² par personne dans un espace collectif bruyant (si les tâches nécessitent des communications téléphoniques par exemple)
- Un bureau paysager ne doit pas contenir plus de 10 personnes constituant un groupe de travail homogène (objectifs et commandement communs, types de tâches proches, stabilité du groupe).
Mais comme il s’agit de préconisations, et non d’obligations définies par le Code du travail, la Direction de l’Immobilier n’en a cure, et l’espace disponible par poste de travail est désormais systématiquement en dessous de la norme, descendant parfois jusqu’à la moitié !
Personnels « sans bureau fixe » ?
Désormais, plus de bureau attribué ! Chacun s’installera sur une position disponible ou flex desk (le plus souvent en open-space), dont l’utilisateur précédent est supposé avoir fait place nette en partant, suivant le précepte du clean desk. Si une telle configuration peut avoir du sens pour les travailleurs nomades ou des équipes projets qui se reconfigurent régulièrement, elle est inutilement déstabilisante pour la majorité d’entre nous. Le flex office casse la relation managé/ manager confortée par la proximité. Travail à distance et changement de poste de travail au quotidien déstabilisent autant le manager que ses collaborateurs.
Efficacité opérationnelle contestable !
L’expérience montre qu’une partie des gens s’installent définitivement sur une position de travail, tandis que ceux dont le domicile est le plus éloigné optent plus souvent pour le télétravail. Plus globalement, il est néfaste pour la santé des travailleurs, et diminue le sentiment d’appartenance des salariés à leur entreprise : sans bureau attribué, on n’investit plus son espace de travail, et on se sent beaucoup plus « interchangeable ». Et s’il peut améliorer les échanges entre toutes les équipes dans les PME, c’est loin d’être vrai dans les grandes entreprises comme la nôtre. La mise en place du flex desk apparaît au final comme purement dogmatique, visant essentiellement à réduire les coûts.
- Extrait de la Lettre Comprendre & Agir #T3 2019 - Politique immobilière
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