« Lead the future » à Orange, l’expérience d’Orange Business… par un plan de réduction des effectifs comme ultime pilotage par les coûts !

karine rieux

Par Karine Rieux
Elue au CSE

Présenté à vos élus lors d’un CSE exceptionnel le 22 mars, le projet de transformation « Information sur la mise en œuvre des orientations d’Orange Business au sein de SCE », comme déclinaison opérationnelle de « Lead the future », repose prioritairement sur une réduction des effectifs. Lire notre article « Plan stratégique 2025, retour vers le Futur... » 

Si l’état des lieux partagé dans les deux premières parties du document par la Direction est riche en données, cette analyse macro-économique de la situation n’est pas nouvelle ; elle partage le contexte actuel connu d’une concurrence exacerbée mondiale et l’entrée de nouveaux acteurs sur le marché ces dernières années.

Les informations partagées sont orientées pour conforter les choix faits : de réduction de la masse salariale en France avec des départs volontaires, une délocalisation de l’activité encore plus intense vers les MSC du Maroc et de l'Ile Maurice où les salaires sont 4 à 6 fois moins élevés et un recentrage « core business ».

Un projet doublement problématique !

La transformation annoncée comme une déclinaison opérationnelle de « Lead the future » repose sur une seule variable d’ajustement : celle de la masse salariale !

Comment croire la CEO Orange Business lorsqu’elle nous partage en séance que l’objectif premier de cette transformation n’est pas un plan de suppression des emplois. « Réduire, rationaliser, simplifier, supprimer, adapter… » un vocable présent plus de 23 fois dans les 20 dernières pages de la présentation, des termes qui aboutissent tous à une réduction de poste. La simplication de notre catalogue d’offres impacte à la baisse les postes de Chef de Projet, etc…

Ce projet tente de nous convaincre que les salariés, jusqu’alors considérés comme des ressources humaines, sont devenus une charge, un frein pour gagner en agilité et être à l’attendu du marché !

Les montées en compétences seraient compliquées, l’évolution de métiers trop longue et l’accompagnement des salariés impactés par la suppression de leur activité serait trop coûteux et source de difficultés importantes de ré emploi… 

Si à une époque lointaine, « le client était au centre de l’organisation de l’entreprise et son personnel au cœur », slogan en 1997 avec Michel Bon, il est clair aujourd'hui que l'orientation stratégique « Lead the future » répond à une politique à court terme d'accroissement des dividendes pour un objectif final : satisfaire les actionnaires.

Si, les ressources humaines faisaient la valeur de l’entreprise, il semble qu’aujourd’hui pour la Direction d'Orange Business, ce n’est plus d’actualité !

Comme le personnel Orange, les clients ont du souci à se faire. Pourquoi ?

Une entreprise, qui base sa stratégie à court terme juste sur les aspects financiers avec une baisse de tout : réduction des coûts, redimensionner, rationnaliser, fermetures techniques et fermetures commerciales… et par la diminution de sa masse salariale en objectif premier, une entreprise qui ne met plus ses salariés au cœur de son évolution, ne témoigne pas de sa bonne santé, de sa croissance.

Même dans un contexte économique difficile et avec une concurrence exacerbée, une entreprise qui n’investit plus dans la recherche & le développement, et dans l’humain (premier facteur de sa richesse) est sur le déclin.

Ce projet de transformation ne repose sur aucun projet industriel sérieux, socle pourtant indispensable à une réelle stratégie de croissance. Dans le projet présenté, c’est le vide abyssal. A lire "Annonce brutale d'un plan social à Orange Business"

illust ob cse mars 2023

Déjà la suppression du « S » pour Services de notre ancienne marque OBS était un signe. Ce changement de marque reflète une motivation : le Business est affiché comme objectif premier.

Dans cette suppression de « Services », au-delà du recentrage sur notre cœur d’activités « argument béton » de la Direction pour plus de profitabilité, ce rebranding répond à un seul leitmotiv : générer du cash et martèle le même message aux actionnaires.

Or, pour toute entreprise : « vendre ses produits, son savoir-faire », c’est ok.

Là où le projet interroge, c’est qu’une entreprise est « une organisation humaine, qui rassemble des individus liés par un but, des valeurs communes et qui mettent leurs moyens en commun pour produire…”.

Sans les femmes et les hommes qui y travaillent, il n’y a plus de produits, de services à délivrer aux clients. Tant que les machines n’auront pas totalement remplacé les êtres humains, ce sont ces derniers qui produisent…

Miser sur une politique à court terme pour générer du cash et sécuriser les actionnaires sur leurs dividendes, sans avoir en parallèle, un plan à moyen terme, basé sur des investissements dans l’humain (formation, recrutement d’expert…) et dans la recherche de nouveaux produits et services est irrationnel et contreproductif.

Pour vos élus, cette stratégie va dans le mur ! Lire « Plan de départ volontaire à SCE : notre analyse au CSE Central »

Présenté comme une modernité, ce rebranding témoigne pour vos élus d’une régression vers un autre âge.

Aujourd'hui la modernité serait une réelle prise de conscience du contexte actuel de la Société et de l’environnement mondial. 
La véritable modernité serait de prendre en compte la raréfaction des matières premières, le réchauffement climatique et les conséquences multiples générées pour faire coller la stratégie d’Orange à une politique RSE pertinente et digne de notre entreprise. Mais là, c’est certainement trop demander. Il faudrait écouter les salariés pour construire avec eux et faire preuve de courage pour convaincre l’état, les actionnaires…

Pourtant marcher sur la tête n’aura qu’un temps. La bonne marche du monde se fera les pieds sur terre. En témoigne, la banqueroute aux Etats Unis de la banque SVB. « La Silicon Valley est le microcosme des excès du capitalisme », Le monde, 13 mars 2023.

La période de la crise sanitaire a souligné le fort engagement du personnel envers notre entreprise et c’est cet engagement qui nous a permis de tenir le cap. De cette expérience, nous devrions avoir tous pris conscience de la valeur des femmes et des hommes avec qui nous travaillons. 

 

Associer les salariés pour créer demain un OB plus humain 

illustration kapla

Et si… Et si, à l’image des constructions de Kapla… 

Partager ses Kapla à Orange Business, ce serait construire une organisation nouvelle avec des tours plus grandes et aussi, plus innovantes.

Construire ensemble cette nouvelle organisation, cela aurait vraiment du sens et renforcerait les liens (au lieu de les déliter) pour affronter l’adversité, se donner plus de chance de pérenniser OB sur le long terme et permettre de “se taper la main” pour l’avoir fait ensemble, en voyant la construction aboutie… .

Vos élus CFE-CGC Orange ont invité la Direction dans une résolution à revoir sa copie.

Aucune suppression d’emploi ne fera retrouver à OB le chemin d’une profitabilité durable et les salariés n’ont pas à souffrir des erreurs de stratégies passées.

Bien au contraire, c’est en investissant dans sa première ressource, les personnels, et en construisant un projet industriel ambitieux qu’Orange Business évitera de se retrouver en banqueroute sur un plateau de Monopoly.

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