La place des femmes dans l’entreprise pas encore reconnue à sa juste valeur

En 1911, Marie Curie, illustre physicienne, n’a pas été élue à l’Académie des Sciences. Sa candidature en 1911 posa la question de l’accès des femmes au sein de l’Académie des Sciences. Question tranchée, puisqu’elle fut battue par Edouard Branly et refusa ensuite de se présenter à nouveau.

Aujourd’hui, l’Académie des Sciences (section physique) ne compte encore que 3 femmes parmi ses nombreux membres. Marie-Curie est la seule femme à avoir obtenu 2 prix Nobel.

Marie Curie a ouvert la voie dans la reconnaissance des femmes au sein de la société française. Son engagement, sa générosité et son génie ont démontré que les femmes pouvaient rivaliser avec les hommes. D’autres femmes ont ensuite encouragé ce mouvement, combattu ces inégalités sociales….

Mais en 2012, les mentalités dans notre société ou le regard des hommes sur les femmes ont-ils vraiment changé ? Les cultures d’entreprise ont-elles évolué dans cette reconnaissance en faveur d’une plus grande égalité sociale des femmes ?

OUI et NON. OUI si on en juge les nombreuses déclarations d’intention dans ce domaine de nos dirigeants. NON, car au-delà de cette prise de conscience, les résultats obtenus lors la dernière décennie sont décevants. Deux fois NON, quant on voit les positions du conseil constitutionnel sur le harcèlement sexuel, loi censurée par cette même instance. Savez-vous combien de femmes siègent au sein du conseil constitutionnel ? 2 femmes sur un total de 9 membres…

En 2012, les femmes continuent à redoubler d’effort, bien plus que les hommes, alors que paradoxalement les femmes sont toujours exposées et désavantagées dans le monde du travail qui ne les épargne pas. Si on en croit les dernières enquêtes réalisées, leur statut social dans l’entreprise aurait même tendance à régresser. Si les entreprises ne font rien, il est probable qu’elles pâtiront d’un déficit d’image.

De nombreuses femmes se sont exprimées, hier comme aujourd’hui et souvent à mots couverts dans les entreprises. Il ressort de ces témoignages, de véritables exigences, assez éloignées de la perception que se font les hommes de la parité. Cette parité qu’elles expriment à leur manière, repose sur le principe même de leur reconnaissance :

Que demandent-elles ? Que certains obstacles dans l’entreprise, les plus résistants, soient levés, sans attendre :

- combattre certains préjugés que véhicule une culture d’entreprise baignée par des valeurs masculines,

- respecter à compétence identique le principe d’égalité salarial et celui du temps de travail qui les préoccupent : le temps partiel est vécu comme une inégalité et un frein dans leur évolution de carrière,

- reconnaître leurs responsabilités familiales (maternité, vie de famille), en même temps, responsabiliser plus encore les hommes vis-à-vis de ces responsabilités (la seule prise de conscience est insuffisante à leurs yeux),

- organiser l’entreprise afin que les femmes puissent gérer au mieux et déléguer certaines de leurs tâches familiales (crèches et services associés….) : la double journée, payée au rabais, est vécue à nouveau comme une inégalité,

- avoir une organisation du travail qui ne sacrifie pas la vie privée des femmes, ce déséquilibre se fait au détriment de leur vie professionnelle (modèle à repenser),

- rythmer leur carrière, parcours professionnel en fonction de leurs aspirations et non selon le seul modèle de leurs homologues masculins,

- accepter les différences femmes & hommes, la diversité et la mixité des valeurs,

- sanctionner tout comportement discriminatoire à leur égard et être plus ferme dans l’application de ces sanctions,

les impliquer plus volontairement sur tous ces sujets les concernant

Mais toutes l’affirment, avoir des enfants, des interruptions dans sa carrière professionnelle et un temps de travail aménagé est vécu comme un handicap dans l’entreprise, exigeant de leur part des efforts éprouvants et une organisation vie privée – vie professionnelle considérée à juste titre comme un « parcours du combattant ».

Ce constat alarmant oblige le législateur à réagir et durcir à nouveau la loi, loi complétée par des sanctions financières. La loi du 9 novembre 2010 fixe un certain nombre de principes dans l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes. Les entreprises ont jusqu’à janvier 2012 pour mettre en place un accord collectif d’entreprise ou à défaut, un plan d’actions sur l’égalité professionnelle entre femmes et hommes. Si ce délai n’est pas respecté, les entreprises s’exposent à une pénalité financière de 1% de la masse salariale (au sens du premier alinéa de l’article L. 242-1 du code de la sécurité sociale).

Au regard du plan d’actions, les éléments de progression à la cible sont les suivants : embauche, formation, promotion professionnelle, qualification, classification, conditions de travail, rémunération effective, articulation entre l’activité professionnelle et l’exercice de la responsabilité familiale.

Nous verrons dans les actes si les entreprises appliquent cet accord et vont au-delà de cette contrainte réglementaire, c'est-à-dire font aussi évoluer leur culture d’entreprise en faveur de la parité et de la diversité. Nous verrons aussi si la DIRECCTE appliquera en juillet 2012 les sanctions financières prévues à cet effet.

En attendant, Il aura fallu plus de cent ans pour que le législateur intervienne à nouveau et pour la nième fois dans ce domaine, preuve que l’innovation sociale et les mentalités évoluent trop lentement.  Faudra t-il encore attendre 100 ans pour que certaines barrières psychologiques, comportements, conservatismes disparaissent définitivement, donnant enfin aux femmes, quelque soit leur position sociale, leur vraie place dans l’entreprise, au même titre que les hommes ?

Bien évidemment, la CFE-CGC/UNSA n’attendra pas cent ans pour s’engager et engagera aux côtés des salarié(e)s, comme elle le fait déjà, les actions qui s’imposent en matière d’égalité professionnelle et de diversité. Nous savons que tant que ces inégalités cumulatives persisteront, nos prises de position et nos revendications seront à la hauteur des obstacles rencontrés.

 

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